Assemblée des députés communautaires: du PDG à l’Académie Rivier
Les députés de l'ACF réunis en ligne le 5 juin dernier.
crédit: capture écran
Pour la deuxième fois cette année, les députés de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) se sont réunis en ligne le 5 juin pour discuter des principaux enjeux qui animent la fransaskoisie. L’occasion de faire un tour d’horizon des régions et de faire le point sur les revendications politiques à venir.
La cérémonie a commencé avec une minute de silence pour honorer les victimes des pensionnats autochtones au Canada. Le dernier d’entre eux, la Cowessess Indian Residential School, près de Marieval en Saskatchewan, a fermé ces portes en 1997, soit il y a à peine 24 ans. Dans une lettre destinée au premier ministre du Canada, l’ACF dit vouloir soutenir la recherche dans les terrains des anciennes écoles résidentielles.
Les députés sont passés rapidement à travers les premiers thèmes de l’ordre du jour. Pour pourvoir les postes vacants au sein du Comité consultatif en matière d'affaires francophones de la Direction des affaires francophones (DAF) du gouvernement provincial, les députés ont recommandé les candidatures d’Éric Lefol et d’Hélène Grimard, tous deux basés à Saskatoon.
Les élus ont aussi approuvé le thème du Rendez-vous fransaskois 2021 : Continuum en éducation: du concept à l’action. Si la situation sanitaire le permet, l’événement aura lieu en personne les 5, 6 et 7 novembre prochains à Regina. « Nous avons hâte de pouvoir retrouver les gens en personne », a déclaré avec enthousiasme le président de l’ACF, Denis Simard.
Cumul des fonctions
En ce qui a trait au cumul des fonctions, les députés ont lancé un processus de réexamen de la politique actuelle, celle-ci manquant de clarté et ayant posé quelques problèmes à l’ACF dernièrement. Ce réexamen porte sur le cumul de fonctions des députés de l’ACF et des conseillers d’administration d’organismes sous la tutelle de l’ACF, comme le Service d’accueil et d’inclusion francophone (SAIF-SK).
La règle de l’ACF avait forcé la démission de Jacques Désiré Hiack de la présidence du SAIF-SK lorsqu’il était devenu le directeur général de l’Association canadienne-française de Regina (ACFR) plus tôt cette année. Les députés de l’ACF ont ainsi nommé Mehdi Jaouhari et Mamady Camara afin de pourvoir les postes vacants au conseil d’administration du SAIF-SK.
PDG et mises à jour
Denis Simard, président de l'Assemblée communautaire fransaskoise.
Crédit : Courtoisie de l’ACF
Le renouvellement du Plan de développement global (PDG) 2021-2030, développé en partenariat avec la firme PGF Consultants, a été adopté à l’unanimité par les députés de l’ACF. « Ce nouveau plan sera parfait pour nous, et revu régulièrement entre 2021 et 2030 par l’ensemble du réseau associatif, promet Denis Simard. Gros merci à PGF, c’est un grand legs qu’ils laissent à la communauté. »
L’ACF travaille sur le document depuis plus d’un an et son dévoilement se fera lors de l’assemblée générale annuelle de l’ACF prévue pour le 23 juin prochain.
À tour de rôle, chaque député a remis un rapport sur les activités de la communauté qu’il représente et des organismes pour lesquels il assure la liaison avec l’ACF. Lisette Préfontaine, députée de Bellegarde et responsable du secteur des arts et de la culture, a partagé les difficultés de son secteur. « Le Conseil culturel fransaskois (CCF) nous demande de l’aider dans ses revendications et demandes d’activités », a-t-elle plaidé.
En effet, le secteur fransaskois de la culture souffre d’un manque à gagner depuis que les responsables du Fonds de développement économique francophone de l’Ouest canadien (FDÉFO) n’ont pas accordé de financement au CCF cette année, contre 5 000 dollars en 2020.
Lisette Préfontaine explique que ce manque de financement est déjà ressenti par les artistes. Mario Lepage, leader du groupe Ponteix, et le rappeur Shawn Jobin ont d’ailleurs annoncé qu’ils allaient quitter la province. Denis Simard a pris ces appels à l’aide au sérieux : « On veut un fonds de développement pour nos artistes, a-t-il dit. On va prendre des actions dans ce sens. »
Myriam Perreault, de son côté, a partagé les difficultés de sa communauté de Zénon Park. D’abord, la fermeture de la caisse populaire locale cette année va mettre à mal l’autonomie financière de la ville. De plus, des conflits au sein de l’Association fransaskoise de Zénon Park (AFZP) ont mené à la démission de la moitié du conseil d’administration. La députée a donc demandé une intervention de l’ACF pour mettre fin à ces problèmes majeurs.
L’Académie de Prince Albert
Après les délibérations initiales, les députés de l’ACF ont été conviés à assister à une tribune publique de la Société canadienne-française de Prince Albert (SCFPA). Les représentants de cet organisme Estelle Hjertaas, Michel Dubé et Christian Fure ont donné une mise à jour de leur projet d’acquisition de l’Académie Rivier, qui était absent du dernier budget provincial.
L’ancien président de la SCFPA Michel Dubé a expliqué que l’organisme avait réalisé une étude de faisabilité du projet avec la firme comptable Raymond Chabot Grant Thornton. L’étude conclut que le projet pourrait rapporter des bénéfices de 1 à 3 millions de dollars sur les cinq premières années d’activité, et ce, même si un prêt bancaire est utilisé pour financer une partie du projet. Cet argent pourrait être réinvesti dans l’ensemble de la communauté fransaskoise.
Les revenus viendraient des entreprises installées dans le « hub d’affaires » du centre, ainsi que des loyers payés par les résidents-bénévoles. Annie Audet, députée de Regina, a demandé si les organisateurs pensaient exiger que les résidents puissent parler français pour habiter dans le centre Rivier. Michel Dubé ne croit pas que cela serait souhaitable. « On ne peut pas légalement ou moralement limiter la location des résidences à seulement des francophones », a-t-il souligné.
Le président de l’ACF Denis Simard s’est montré optimiste quant à l’avancée du dossier. « Le ministre de l’Éducation indique toujours être ouvert au projet de l’Académie Rivier », a-t-il rappelé. Étant donné que le projet dépasse le cadre d’une simple école et implique une collaboration interministérielle, la décision du gouvernement tarde, a-t-il précisé.
De son côté, le directeur de la SCFPA Christian Fure ne croit pas que cela soit la vraie raison de ce délai. « C’est l’excuse du gouvernement pour ne pas avoir encore remis sa décision », pense-t-il. D’après lui, l’ACF devrait continuer de faire pression sur le gouvernement pour s’assurer que le projet aille de l’avant.
La rencontre des députés de l’ACF s’est close après trois heures de délibérations. La prochaine rencontre se tiendra les 18 et 19 septembre 2021 à Regina.
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