Skip Navigation
Festival Cinergie 2024
La COVID-19 fera-t-elle bondir les prix des aliments?

La COVID-19 fera-t-elle bondir les prix des aliments?

Sylvain Charlebois

Sylvain Charlebois

Sylvain Charlebois, le chef d’équipe du Rapport canadien sur les prix alimentaires à la consommation (2018), est professeur à l’Université Dalhousie.
Crédit : courtoisie
FRANCOPRESSE – Quels seront les effets à moyen et long terme de la crise de la COVID-19 sur les prix des aliments? Même les experts ont de la difficulté à répondre avec précision à cette question, tellement il y a d’éléments qui entrent en jeu : prix du pétrole, hausse des frais d’exploitation et des salaires dans les épiceries, restrictions de mouvement aux frontières, etc. Ils ont quand même accepté de jouer le jeu.

En décembre dernier, l’Université de Dalhousie en Nouvelle-Écosse et l’Université de Guelph en Ontario soulignaient dans leur rapport annuel que les prix des aliments allaient connaitre, en 2020, une augmentation allant de 2 à 4 % en général, et de 4 à 6 % pour les viandes.

Les deux institutions ont fait une mise à jour (en anglais seulement) de ces prévisions la semaine dernière, en raison de la crise sanitaire. Verdict : les prévisions globales pour les prix des denrées alimentaires ne devraient pas changer.

Mais l’un des auteurs de la mise à jour, Sylvain Charlebois, souligne que sa grande inquiétude, c’est la frontière américaine. Le professeur et directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université de Dalhousie affirme que l’épisode récent — et résolu — de l’envoi de masques au Canada n’augure rien de bon.

«Une fois qu’on décide de jouer la carte protectionniste pour tel produit, les aliments pourraient être les prochains. C’est un peu inquiétant. Au niveau du maraicher, on pourrait être lourdement handicapé, de même que pour les produits du “centre du magasin” (conserves, pâtes, produits non périssables, etc.)», explique-t-il.

160 millions de litres de lait à la poubelle

Déjà, l’augmentation prévue de 4 % pour 2020 représentait le double des prévisions précédentes.

Puis, on a été témoin récemment de l’obligation de producteurs laitiers de jeter d’énormes quantités de lait, en raison d’une forte diminution de la demande. Selon Sylvain Charlebois, d’ici la fin de la crise, c’est environ 160 millions de litres de lait qui pourraient être perdus au Canada. «C’est 250 millions de dollars de lait au détail», fait-il valoir.

Mais pour l’instant, les augmentations se situent à ce qui avait été prédit en décembre.

Dans le rapport, les chercheurs des universités Dalhousie et Guelph notent toutefois avoir reçu certaines informations faisant état d’une «hausse spectaculaire» des prix de la viande au détail dans certaines régions du pays, soit de 10 à 15 %. «Nous pensons cependant que certaines coupes de qualité qui seraient normalement vendues aux restaurants et autres services alimentaires sont désormais vendues au détail, mais à un prix élevé», indique Sylvain Charlebois.

Mais il s’agit là de situations ponctuelles ou régionales.

Diminuer sa consommation de viande

L’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ) conclut également qu’il n’y a pas eu de hausse significative du prix des viandes depuis le début de la pandémie, sauf quelques cas isolés qui se sont réglés rapidement.

La mise à jour rapporte que certaines augmentations de prix injustifiées ont été signalées ici et là au pays, mais on juge «très improbable» de voir des augmentations de prix abusifs.

Selon Sylvain Charlebois, il y a moins de promotions offertes actuellement. Les circulaires semblent avoir diminué, probablement parce que les épiciers sont trop occupés à s’assurer que leurs tablettes soient pleines. Il ne faut pas s’attendre non plus à de grands rabais au cours des prochains mois.

Pour ce qui est du long terme, le Conseil des viandes du Canada affirme qu’il est trop tôt pour se prononcer. De son côté, Sylvain Charlebois appelle à une diminution de la consommation de viande.

«Avec la pandémie, on va vivre un ralentissement économique assez sévère. On parle d’une grande récession, probablement une dépression. Normalement, quand on vit quelque chose comme, ça, les gens vont dépenser beaucoup moins en nourriture. Ils vont manger moins de viande, moins de fruits de mer. Il va y avoir moins d’argent dans le système, c’est difficile de penser que les prix vont augmenter. C’est là qu’on s’en va.»

Mais il pourrait y avoir une pression à la hausse sur les prix en épicerie en raison de l’augmentation des frais d’exploitation pendant la pandémie : nettoyage, installations de protection pour les personnes aux caisses, augmentation des salaires accordées aux employés.

D’ailleurs, le rapport estime que plus de 250 000 employés travaillant dans plus de 5000 magasins au pays ont reçu une augmentation de salaire depuis le début de la pandémie. C’est un avantage pour les employés, mais Sylvain Charlebois rappelle que la note sera refilée aux consommateurs.

La FAO veut éviter la crise alimentaire

Les prix des fruits et légumes et de certains autres produits importés pourraient cependant augmenter davantage si le prix du pétrole continue de chuter ou se maintient à son bas niveau actuel, entrainant une baisse de la valeur du dollar.

Sur le marché canadien, la chute des prix du pétrole a l’effet inverse, puisqu’elle diminue les frais de transport. Mais cet impact positif prendra plus de temps à se concrétiser sur l’étiquette.

Sur la scène internationale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) croit qu’il est possible d’éviter que cette crise sanitaire ne se transforme en crise alimentaire, à condition que des mesures soient prises rapidement pour préserver les chaines d’approvisionnement alimentaire mondiales.

«La fermeture des frontières, les mesures de quarantaine et les perturbations des marchés, des chaines d’approvisionnement et des échanges commerciaux pourraient restreindre l’accès des populations à des ressources alimentaires suffisantes, diverses et nutritives, en particulier dans les pays durement touchés par le virus ou déjà touchés par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire», peut-on lire sur le site Web de l’organisation.

La FAO souligne aussi qu’au cours des semaines à venir, le système alimentaire mondial sera testé et mis à rude épreuve. Mais ce n’est pas le temps de céder à la panique pour autant, dit la FAO. «Au niveau mondial, il y a assez de nourriture pour tout le monde.»

Du côté du ministère de l’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), on se veut également rassurant. La production alimentaire est abondante au pays. Le système de distribution fonctionne normalement.

Le système alimentaire du Canada est sécuritaire et stable, assure le ministère. «Nous produisons de la nourriture en abondance et nos producteurs agricoles et nos transformateurs sont parmi les plus productifs au monde», écrit AAC dans sa fiche d’information sur la COVID-19.

Comme dans bien des domaines, il est très difficile de faire des prévisions précises. Les paramètres peuvent changer, et de nouveaux facteurs imprévus peuvent toujours s’ajouter à l’équation.

Imprimer
24639

Marc Poirier – Francopresse Francopresse

Autres messages par Marc Poirier – Francopresse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

En novembre dernier, Statistique Canada a révélé que près de 16 000 jeunes Saskatchewanais étaient admissibles à l’instruction en français en 2021. Pourtant, seulement 2 000 élèves fréquentent les écoles francophones de la province. Des personnalités de la communauté réagissent.

25 janvier 2023/Auteur: Anne-Hélène Mai – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4780)/Commentaires (0)/
Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Le 9 novembre, lors du congrès national du Réseau des cégeps et collèges francophones du Canada (RCCFC) à Montréal, le directeur général du Collège Mathieu Francis Kasongo a reçu le prix Pilier collégial francophone. Cette distinction vient ainsi souligner son travail pour le développement de l’éducation postsecondaire collégiale en français en Saskatchewan. Le fier récipiendaire revient sur son engagement.

25 novembre 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (4757)/Commentaires (0)/
Des bibliothèques communautaires à Regina

Des bibliothèques communautaires à Regina

Dans le cadre de la rentrée des classes, l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR), en partenariat avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), a dévoilé trois bibliothèques communautaires extérieures. L’objectif : favoriser le partage de livres et encourager à la lecture en français.

18 octobre 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4942)/Commentaires (0)/
Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

En cette période de rentrée, le Conseil culturel fransaskois (CCF) veut resserrer ses liens avec le secteur scolaire. 

29 septembre 2022/Auteur: Leanne Tremblay – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4496)/Commentaires (0)/
Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Une nouvelle époque s’ouvre pour le Collège Mathieu qui vient de renouveler sa charte le 17 août. Alors que l’Église catholique ne sera plus représentée dans le conseil d’administration de l’établissement, la nouvelle loi veut faire plus de place à la jeunesse et aux femmes, ainsi qu’à certaines compétences clés. 

1 septembre 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (3844)/Commentaires (0)/
Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse La ministre des Langues officielles et ministre responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, Ginette Petitpas Taylor, était en visite le 29 juillet à Regina dans la cadre des consultations pancanadiennes sur les langues officielles entamées en mai dernier. Une visite durant laquelle une annonce de 7,1 millions de dollars a été faite au profit de la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et du Collège Mathieu.

En évoquant le projet de Loi sur les langues officielles, toujours en cours d’adoption au Parlement, Ginette Petitpas Taylor souligne l’engagement du fédéral à s’assurer que, à l’échelle provinciale, les communautés de langues officielles en situation minoritaire « reçoivent les services et droits nécessaires pour continuer à vivre et à travailler dans leur langue maternelle ».  

12 août 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse /Nombre de vues (3303)/Commentaires (0)/
7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et le Collège Mathieu viennent de bénéficier d’un budget de plus de 7,1 millions de dollars pour la construction, la rénovation et le développement d’espaces éducatifs postsecondaires, mais aussi pour accroître l’offre de programmes qui desservent les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

29 juillet 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (3868)/Commentaires (0)/
Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Depuis le 8 juin, le Café le Réseau a ouvert ses portes au sein même de l’école Monseigneur de Laval. Se voulant un lieu de rencontre, l’établissement est une initiative 100 % étudiante qui fait la fierté des jeunes et de leurs enseignants, et le bonheur des clients.

2 juillet 2022/Auteur: Lucas Pilleri – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (2679)/Commentaires (0)/
Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joseph, dit Joe, Poirier a passé sa vie à défendre la cause fransaskoise. À 78 ans, il est récompensé pour ce dévouement en recevant, en avril dernier à Ottawa, la Médaille du souverain pour les bénévoles des mains de la gouverneure générale du Canada Mary Simon.

13 mai 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4668)/Commentaires (0)/
La francophonie entre privilèges et marginalisations

La francophonie entre privilèges et marginalisations

Les chercheurs et membres des communautés francophones de l’Ouest et du Canada se sont rassemblés de manière virtuelle dans le cadre du colloque du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest, organisé par La Cité universitaire francophone de l’Université de Régina.

6 avril 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (4926)/Commentaires (0)/
L’enseignement en français au cœur des débats

L’enseignement en français au cœur des débats

Les collèges et universités francophones en milieu minoritaire font face à d’importants défis partout au Canada.

1 mars 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (6556)/Commentaires (0)/
Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les programmes d’immersion ont augmenté dans les vingt dernières années, mais moins de la moitié des élèves restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

10 février 2022/Auteur: Ericka Muzzo – Francopresse /Nombre de vues (5442)/Commentaires (0)/
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

8 février 2022/Auteur: Marianne Dépelteau – Francopresse/Nombre de vues (6078)/Commentaires (0)/
La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

L’égalité est loin d’être atteinte entre les établissements postsecondaires francophones et ceux de la majorité anglophone. 

25 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (5886)/Commentaires (0)/
Revue de l'année 2021 - Éducation

Revue de l'année 2021 - Éducation

Survol de l'actualité fransaskoise durant l'année 2021 dans le domaine de l'éducation.

14 janvier 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (6336)/Commentaires (0)/
RSS
135678910Dernière

 - vendredi 3 mai 2024