Skip Navigation
Festival Cinergie 2024
Mychèle Fortin

Omar Khadr ou comment un dépliant de mon
 député a mis fin à mes vacances

J’ai passé les vacances loin de cette chronique et de l’actualité. Et pourtant je n’aurais pas manqué de matière, les mauvaises nouvelles et situations tordues faisant souvent l’objet de ce Coup d’oeil.

C’est donc en touriste que j’ai suivi l’actualité: les frasques de Trump, les manifs de suprémacistes blancs un peu partout, la menace grandissante de la Corée du nord, les frasques de Trump, les dérapages d’Air Transat, les inondations, les feux de forêt, les ouragans, les frasques de Trump, les divisions dans la communauté, les compteurs de SaskPower qui prennent en feu, les attentats terroristes à Barcelone, Cambrils, Ouagadougou et ailleurs, 24 attentats depuis le 21 juin.

Ces nouvelles ont glissé sur ma bulle estivale comme de l’eau sur le dos d’un canard, ou presque. 

Mais la réalité finit toujours par nous rattraper. Cette fois, elle a pris la forme d’un dépliant que j’ai trouvé dans ma boîte postale, un dépliant de mon député, Tom Lukiwski pour ne pas le nommer, un dépliant sur lequel on peut lire – dans une mise en page digne d’Allô Police : Was Justin Trudeau WRONG for making a CONVICTED TERRORIST  a millionaire?

On aura compris que le « convicted terrorist » en question, c’est Omar Khadr. On se souviendra qu’au début de juillet, les ministres Ralph Goodale et Chrystia Freeland ont présenté, au nom du gouvernement du Canada, leurs excuses à l’ancien enfant-soldat. Les ministres n’ont cependant pas confirmé le paiement d’une somme de 10,5 millions de dollars, tel que rapporté dans les médias, expliquant que « les détails du règlement entre M. Khadr et le gouvernement sont confidentiels ».  

Dans une déclaration intitulée « Nous avons enfin vu la lumière ! », le lieutenant-général Roméo Dallaire (ret.) et Dr Shelly Whitman, le fondateur et la directrice générale de la Roméo Dallaire Child Soldiers Initiative, ont salué la décision du gouvernement. « Nous saluons cette décision (...) comme une étape importante visant à démontrer une approche qui fait de la défense des droits de l’enfant une priorité absolue ».

Est-ce l’énormité du chiffre qui a circulé, sont-ce les excuses présentées par le gouvernement ? Toujours est-il que ce règlement a suscité un débat très polarisant au sein de la société canadienne.

D’un côté, il y a ceux qui se sont réjouis de la décision, de l’autre ceux qui s’en sont indignés (et s’indignent encore). Il s’en trouve parmi les premiers, tel le cinéaste Patricio Henriques, coréalisateur d’un documentaire sur l’affaire Khadr, certains qui trouvent que le gouvernement devrait aller plus loin. « Malgré la réparation, on ne sait pas si les gens qui sont responsables pour les torts qu’il a subis seront pénalisés ».

Du côté des indignés, on estime, entre autres, que le dédommagement versé à M. Kadhr devrait plutôt être versé à la veuve du sergent américain, Christopher Speer, qui a été tué par une grenade que Khadr aurait lancée. Loin de moi l’idée de sous-estimer la peine de madame Speer. Mais, corrigez-moi si j’me trompe, il me semble que lorsqu’on s’enrôle dans l’armée et qu’on part à la guerre, il est possible qu’on n’en revienne pas. Est-ce que la famille de chaque soldat tombé au combat devrait recevoir une indemnité?

Oui, 10,5 millions (si c’est ce que Khadr a reçu), c’est beaucoup. Mais comment peut-on évaluer les traumatismes d’un enfant soldat privé de ses droits ? Khadr avait 11 ans lorsqu’il a été enrôlé par son père dans les rangs d’Al-Quaïda. Il en avait 15 au moment de sa capture, au moment où on l’a enfermé à Guantamo où il allait passer 10 ans. Pendant sa détention, le gouvernement canadien n’a pas agi conformément aux normes internationales relatives à la protection des enfants utilisés comme armes de guerre, et au mépris de la Charte des droits et libertés, comme l’ont conclu deux jugements de la Cour suprême.

En mai 2015, au moment de sa libération sous caution, Khadr a déclaré: « Il n’y a rien que je puisse faire pour le passé, mais j’espère faire quelque chose pour le futur. » Pour reprendre les mots de Roméo Dallaire, « le Canada peut et devrait se faire l’écho de ces paroles et trouver en celles-ci le ressort d’une action continue ». Le Canada a joué un rôle de premier plan dans l’élaboration et la promotion de la Convention relative aux droits de l’enfant entrée en vigueur en 2002 et ratifiée par 130 pays. La décision du gouvernement canadien est en accord avec l’esprit de la Convention.

 

Pour en savoir plus sur la saga d’Omar Khadr, voir “Omar Khadr – histoire d’un enfant soldat canadien”, l’Eau vive, 7 mai 2015

Pour en savoir plus sur les enfants soldats, lire «They Fight Like Soldiers, They Die Like Children » de Roméo Dallaire.


 

Imprimer
20027

Mychèle FortinMychèle Fortin

Autres messages par Mychèle Fortin
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

En novembre dernier, Statistique Canada a révélé que près de 16 000 jeunes Saskatchewanais étaient admissibles à l’instruction en français en 2021. Pourtant, seulement 2 000 élèves fréquentent les écoles francophones de la province. Des personnalités de la communauté réagissent.

25 janvier 2023/Auteur: Anne-Hélène Mai – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4824)/Commentaires (0)/
Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Le 9 novembre, lors du congrès national du Réseau des cégeps et collèges francophones du Canada (RCCFC) à Montréal, le directeur général du Collège Mathieu Francis Kasongo a reçu le prix Pilier collégial francophone. Cette distinction vient ainsi souligner son travail pour le développement de l’éducation postsecondaire collégiale en français en Saskatchewan. Le fier récipiendaire revient sur son engagement.

25 novembre 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (4832)/Commentaires (0)/
Des bibliothèques communautaires à Regina

Des bibliothèques communautaires à Regina

Dans le cadre de la rentrée des classes, l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR), en partenariat avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), a dévoilé trois bibliothèques communautaires extérieures. L’objectif : favoriser le partage de livres et encourager à la lecture en français.

18 octobre 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (5018)/Commentaires (0)/
Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

En cette période de rentrée, le Conseil culturel fransaskois (CCF) veut resserrer ses liens avec le secteur scolaire. 

29 septembre 2022/Auteur: Leanne Tremblay – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4587)/Commentaires (0)/
Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Une nouvelle époque s’ouvre pour le Collège Mathieu qui vient de renouveler sa charte le 17 août. Alors que l’Église catholique ne sera plus représentée dans le conseil d’administration de l’établissement, la nouvelle loi veut faire plus de place à la jeunesse et aux femmes, ainsi qu’à certaines compétences clés. 

1 septembre 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (3885)/Commentaires (0)/
Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse La ministre des Langues officielles et ministre responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, Ginette Petitpas Taylor, était en visite le 29 juillet à Regina dans la cadre des consultations pancanadiennes sur les langues officielles entamées en mai dernier. Une visite durant laquelle une annonce de 7,1 millions de dollars a été faite au profit de la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et du Collège Mathieu.

En évoquant le projet de Loi sur les langues officielles, toujours en cours d’adoption au Parlement, Ginette Petitpas Taylor souligne l’engagement du fédéral à s’assurer que, à l’échelle provinciale, les communautés de langues officielles en situation minoritaire « reçoivent les services et droits nécessaires pour continuer à vivre et à travailler dans leur langue maternelle ».  

12 août 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse /Nombre de vues (3352)/Commentaires (0)/
7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et le Collège Mathieu viennent de bénéficier d’un budget de plus de 7,1 millions de dollars pour la construction, la rénovation et le développement d’espaces éducatifs postsecondaires, mais aussi pour accroître l’offre de programmes qui desservent les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

29 juillet 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (3933)/Commentaires (0)/
Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Depuis le 8 juin, le Café le Réseau a ouvert ses portes au sein même de l’école Monseigneur de Laval. Se voulant un lieu de rencontre, l’établissement est une initiative 100 % étudiante qui fait la fierté des jeunes et de leurs enseignants, et le bonheur des clients.

2 juillet 2022/Auteur: Lucas Pilleri – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (2726)/Commentaires (0)/
Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joseph, dit Joe, Poirier a passé sa vie à défendre la cause fransaskoise. À 78 ans, il est récompensé pour ce dévouement en recevant, en avril dernier à Ottawa, la Médaille du souverain pour les bénévoles des mains de la gouverneure générale du Canada Mary Simon.

13 mai 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4865)/Commentaires (0)/
La francophonie entre privilèges et marginalisations

La francophonie entre privilèges et marginalisations

Les chercheurs et membres des communautés francophones de l’Ouest et du Canada se sont rassemblés de manière virtuelle dans le cadre du colloque du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest, organisé par La Cité universitaire francophone de l’Université de Régina.

6 avril 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (4990)/Commentaires (0)/
L’enseignement en français au cœur des débats

L’enseignement en français au cœur des débats

Les collèges et universités francophones en milieu minoritaire font face à d’importants défis partout au Canada.

1 mars 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (6624)/Commentaires (0)/
Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les programmes d’immersion ont augmenté dans les vingt dernières années, mais moins de la moitié des élèves restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

10 février 2022/Auteur: Ericka Muzzo – Francopresse /Nombre de vues (5504)/Commentaires (0)/
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

8 février 2022/Auteur: Marianne Dépelteau – Francopresse/Nombre de vues (6166)/Commentaires (0)/
La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

L’égalité est loin d’être atteinte entre les établissements postsecondaires francophones et ceux de la majorité anglophone. 

25 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (5939)/Commentaires (0)/
Revue de l'année 2021 - Éducation

Revue de l'année 2021 - Éducation

Survol de l'actualité fransaskoise durant l'année 2021 dans le domaine de l'éducation.

14 janvier 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (6377)/Commentaires (0)/
RSS
135678910Dernière

 - samedi 11 mai 2024