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Sarah Vennes-Ouellet
/ Catégories: Arts et culture, Littérature

Le Musée des objets perdus de Lyne Gareau : entre perte, douleur et humour

Lyne Gareau et Jean-Pierre Picard

Lyne Gareau et Jean-Pierre Picard

Lyne Gareau, auteure de la pièce Le musée des objets perdus, et Jean-Pierre Picard. directeur éditorial des Éditions de la nouvelle plume, ont lu l’acte II de la pièce lors du lancement du livre à La Troupe du Jour le 5 octobre 2024.

Crédit : Simone Verville

Le Musée des objets perdus, de la dramaturge britanno-colombienne Lyne Gareau, a été publié aux Éditions de la nouvelle plume en octobre. La pièce de théâtre explore le thème de la perte à travers le dialogue d’un couple québécois en voyage à Vancouver.

Québécoise d’origine, Lyne Gareau a passé toute sa vie d’adulte sur la côte ouest canadienne. Depuis 2017, elle publie des textes de divers genres.

Le Musée des objets perdus est né lors d’une classe de maître avec le dramaturge québécois Louis-Dominique Lavigne.

« L’exercice d’écriture explorait une de nos peurs, se souvient l’autrice. J’ai exploré la peur de perdre quelque chose en voyage. Je me suis rendu compte que c’était vraiment une perte symbolique. On a tous perdu quelque chose sur le chemin de la vie. »

À cet égard, les personnages Julie-Anne et Frank brisent même le quatrième mur pour demander aux spectateurs : « Qu’est-ce que tu vois, toi ? Dans ton musée des objets perdus ? »

La dramaturge explique : « C’est important pour moi de me tourner vers les spectateurs. La perte est difficile, mais elle peut rassembler les gens. »

Des personnages récurrents

Julie-Anne et Frank sont un couple de Québécois en voyage à Vancouver. Le parapluie de Julie-Anne a été égaré lors du voyage en avion. Leurs réactions divergentes vis-à-vis de la perte poussent le couple dans un dialogue dynamique qui dévoile le traumatisme à la source de leur conflit.

« Frank cherche à se distraire alors que Julie-Anne cherche à contrôler. J’écris avec instinct. Tu essaies avec ton cœur de créer des personnages crédibles et il faut qu’ils soient un peu comme du vrai monde », détaille la dramaturge.

Le Musée des objets perdus est le cinquième texte dans lequel apparaissent les personnages de Julie-Anne et Frank. Leur première apparition date de La Librairie des Insomniaques, publié en 2018 aux Éditions du Blé.

« Quand j’ai créé cette pièce de théâtre, j’ai décidé de reprendre Julie-Anne et Frank. Je garde leur personnalité. Ils sont devenus des personnages dont je ne peux pas me séparer. »

La guérison par l’humour

Lors de la classe de maître où est née la pièce, Louis-Dominique Lavigne a conseillé à l’écrivaine de « ne pas avoir peur d’utiliser la comédie pour exorciser la peur ».

Lyne Gareau a suivi ce conseil tout en s’inspirant du théâtre de l’absurde. « Je ne le pousse pas aussi loin qu’Eugène Ionesco, mais il y a beaucoup de moments absurdes », souligne-t-elle.

Le lancement de la pièce a eu lieu à La Troupe du Jour de Saskatoon dans le cadre d’une conférence organisée par l’Université de la Saskatchewan. En soirée, Jean-Pierre Picard, directeur  éditorial des Éditions de la nouvelle plume, et Lyne Gareau ont lu l’acte II.

« L’auditoire a tellement ri ! Quand Julie-Anne commence à blâmer sa mère pour ses problèmes, quand elle dit ‘’Pis tout ça, c’est la faute de ma mère’’, tout le monde s’est mis à rire. Probablement parce que tout le monde blâme sa mère pour quelque chose », relate l’autrice.

La langue parlée

Pour la première fois, Lyne Gareau s’est aventurée dans l’écriture de la langue parlée, tandis que ses sept autres livres sont « dans une langue standard, recherchée même ».

La femme de lettres a cherché à écrire comme les Québécois modernes parlent, « sans verser dans la langue de Michel Tremblay ».

Cette dernière observe que c’était à la fois une libération et un défi : « Il était difficile d’être constant tout au long de la pièce. Quelques fois, la correctrice a eu à changer ‘il’ pour ‘y’, parce que je m’étais échappée. »

Le Musée des objets perdus est disponible aux Éditions de la nouvelle plume (ÉNP).

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