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/ Catégories: 2016, Éducation, Santé

Santé mentale à l’école

Accepter de partager ses états d’âme est difficile quand on souffre

Caroline Vézina, directrice des programmes à la Société Santé en français

Caroline Vézina, directrice des programmes à la Société Santé en français

Photo: FCE
Le phénomène est répandu : des enfants en retrait ou agressifs qui dérangent. On ne sait pas comment les aider, on les écarte, on les stigmatise et les relations se détériorent. La santé mentale n’est pas perçue comme un problème de santé ordinaire.

« On s’exprime facilement sur des problèmes concrets, mais quand on souffre de trouble mental, on entre dans une zone plus fragile », explique Caroline Vézina, la directrice de la programmation à la Société santé en français. « Contrairement aux autres maladies, il n’y a pas de plateau technique (examens et technologies). C’est particulier. L’outil essentiel du diagnostic et du traitement est la communication entre les personnes.

« Accepter de partager ses états d’âme est difficile quand on souffre. Si on ajoute la dimension de la langue, c’est encore pire », croit-elle, évoquant les défis du 1,2 million de francophones en milieu minoritaire, dont 160 000 écoliers.

« Trouver des ressources d’aide en français, c’est le grand défi. Quand un enseignant identifie un enfant (en détresse), à qui le réfère-t-il ? Ce n’est pas facile de trouver quelqu’un pour évaluer et apporter l’interprétation appropriée. »

La travailleuse sociale a participé en juillet à un panel sur la santé mentale dans le cadre d’un forum de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants.

« De plus en plus, note Caroline Vézina, on démystifie, on peut diagnostiquer et soigner de façon appropriée. Mais on manque de personnel, de ressources conçues pour le milieu minoritaire et on n’a pas encore assez de données. »

L’évidence viendra. L’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (Université de Moncton) a lancé en mai un appel de textes sur l’état des lieux en santé mentale, incluant les jeunes francophones, en vue d’un numéro spécial de sa revue Minorités linguistiques et société.

Selon l’appel, les études à date « ont donné des résultats équivoques » sans révéler de défis distinctifs, sauf pour un accès problématique aux services. Une recherche de janvier 2016 du Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick a révélé que la majorité des adolescents ne dorment pas assez.

L’étude s’est intéressée à la capacité des jeunes de surmonter les problèmes de santé mentale, notamment en obtenant de l’aide. La résilience des francophones serait plus forte (74 %) que celle des anglophones (65 %).


La santé mentale chiffrée (Canada, 2011)

(source : Commission de la santé mentale du Canada)

24 % des 9 à 19 ans sont touchés

70 % des adultes atteints souffrent depuis l’adolescence

6 types de troubles : attention, anxiété, dépression, alimentation, dépendances, insécurité

3 obstacles majeurs : pauvreté, discrimination et stigmatisation

2e cause de suicide chez les 16 à 24 ans


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