Skip Navigation

Les médias communautaires francophones devant des experts en Belgique

COLLABORATION SPÉCIALE – Malgré la perception que les médias traditionnels en milieu minoritaire perdent du terrain, ils demeurent l’outil de choix lorsque les droits des francophones hors Québec sont attaqués. Quatre journalistes membres de Réseau.Presse ont souligné cette réalité lors d’un colloque sur les minorités linguistiques à l’Université de Mons, en Belgique.

«Quand il y a des crises, les journaux acadiens indépendants, comme l’Acadie Nouvelle, deviennent le véhicule à travers lequel se retrouvent les personnes qui vont se battre pour protéger leur droit à l’éducation dans leur langue», explique François Gravel, éditorialiste à l’Acadie Nouvelle lors du colloque qui s’est tenu les 1er et 2 septembre.

Le journal Le Voyageur de Sudbury a été témoin de cet effet de ralliement récemment lorsque l’Université Laurentienne, un établissement bilingue, a éliminé de nombreux emplois et presque la moitié de ses programmes en langue française.

«Le Voyageur est devenu le champ de bataille des francophones contre l’université», lance Julien Cayouette, directeur de l’information du journal. «On recevait des courriers des lecteurs — parfois plusieurs par semaine — qu’on se devait de publier […] et l’université, qui était avare de commentaires, répondait dans le journal aussi.»

Le rôle des médias dans les luttes scolaires

Le cas du Voyageur n’est pas unique.

En 1913, le quotidien Le Droit a été fondé à Ottawa en réaction au Règlement 17 en Ontario qui interdisait l’enseignement du français dans les écoles après la 2e année. Soixante ans plus tard, en 1972, Le Voyageur suivait la crise de Sturgeon Falls. Toujours en Ontario, dans la région de la baie Georgienne, Le Goût de vivre s’était largement engagé dans la lutte pour l’école de la Résistance à Penetanguishene en 1979.

Les luttes étaient souvent livrées contre les autorités gouvernementales, mais ces dernières avaient parfois des alliés surprenants, comme en Saskatchewan où le gouvernement Anderson, aidé par le Ku Klux Klan (KKK), a pris le pouvoir à la fin des années 1920. Peu de temps après son élection, il a aboli l’enseignement du français dans les écoles. À cette époque, les membres du KKK de la province ciblaient les francophones majoritairement catholiques, mais minoritaires par rapport aux anglophones protestants.

«Il y a une génération qui a été très heurtée par l’action du KKK et du gouvernement […]. Aujourd’hui, la Saskatchewan compte 15 écoles primaires et secondaires et 2 institutions postsecondaires. C’est énorme pour la communauté qui est en train de se reconstruire grâce à ça», rappelle Érik Tremblay, directeur général de L’Eau vive.

Se donner des outils pour demeurer objectif

«C’est grand le Canada, c’est étendu, mais mon Dieu que c’est petit la francophonie canadienne! Tout le monde se connait d’une façon ou d’une autre», affirme Mélanie Tremblay, rédactrice en chef de Francopresse.

«Le milieu scolaire est souvent partenaire de nos journaux : les gens veulent se voir, veulent se lire, savoir ce qui se passe […], mais quand vient le temps de critiquer ces gens-là, on doit avoir des outils en place», précise Mélanie Tremblay.

Pour cette raison et pour éviter que les journaux en milieu minoritaire deviennent des porte-paroles serviles des organismes francophones, Réseau.Presse a créé la Charte de la presse écrite de langue française en situation minoritaire au Canada.

L’objectivité reste parfois un vœu pieux en milieu minoritaire, concède Érik Tremblay. «Nous, on vit de Patrimoine canadien qui nous donne le tiers de notre budget, de partenaires qui nous donnent un autre tiers de notre budget, et le troisième tiers arrive, si ça va bien, avec les publicités», explique-t-il.

Il avoue que «c’est sûr qu’on est très sensibles, et on DOIT tenir compte des partenaires et des fois, si on critique un peu, si on avance vers là, il y a des limites qui sont là partout. C’est un terrain miné».    

La situation est un peu différente à l’Acadie Nouvelle, qui génère plus de revenus publicitaires. «On n’a pas cette même relation-là, une dépendance avec certaines organisations [mais] on a fait le choix, il y a longtemps, de ne pas se contenter d’être un simple portevoix de la population. Il faut aller plus loin que ça», souligne l’éditorialiste du journal, François Gravel.

Militer par des éditoriaux

Rémi Léger, animateur du panel sur le rôle des médias communautaires dans les luttes scolaires au colloque de Mons et professeur à l’Université Simon-Fraser en Colombie-Britannique, demande si «un journaliste peut se permettre de basculer dans le militantisme pour défendre sa communauté».

Julien Cayouette répond que, dans la section éditoriale de son journal, il se permet d’être critique et de prendre position, tout en indiquant clairement qu’il s’agit d’une opinion. Il précise par contre que les textes journalistiques doivent être objectifs et présenter différents points de vue.

Même son de cloche à l’Acadie Nouvelle. Les journalistes doivent faire preuve de neutralité, mais l’éditorial offre une certaine souplesse. «Il est possible d’y prendre position, de montrer du doigt le gouvernement, les organisations, de dénoncer, de prendre la parole au nom des lecteurs pour certaines choses ou contre d’autres», soutient François Gravel, tout en rappelant que le journal a comme politique de promouvoir et de défendre les droits de la communauté acadienne.

Frontières de plus en plus floues

La question des relations entre le Québec et les minorités francophones au Canada est revenue à quelques reprises lors du colloque, notamment du point de vue de la représentation du Québec dans les médias francophones au pays.

«Francopresse traite des enjeux politiques québécois qui peuvent intéresser les francophones hors Québec», assure Mélanie Tremblay. Elle ajoute que bon nombre de lecteurs de Francopresse sont Québécois, un phénomène qui s’observe aussi en Saskatchewan, où Érik Tremblay note que 30 % de son lectorat provient du Québec.

Il ajoute qu’avec la publication en ligne des journaux, les frontières deviennent poreuses : «On peut rejoindre des lecteurs hors de nos régions […] Le Web fait en sorte que notre contenu voyage plus.».

Imprimer
4866

Marie-Josée Charrier — Collaboration spécialeFrancopresse

Autres messages par Marie-Josée Charrier — Collaboration spéciale
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Turbulences dans les conseils scolaires francophones

Turbulences dans les conseils scolaires francophones

La CSFTNO se tourne vers la Cour suprême

La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) et l'Association des parents ayant droit de Yellowknife (APADY) viennent de subir un cuisant revers devant la Cour d’appel des TNO.

20 janvier 2015/Auteur: Denis Lord (L’Aquilon) et Paul Mengoumou (Francopresse)/Nombre de vues (32365)/Commentaires (0)/
Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

À l'initiative d'ABC Alpha pour la vie Canada, la Journée de l'alphabétisation familiale a été introduite en 1999 et elle est célébrée le 27 janvier de chaque année. En plus de célébrer le plaisir de lire et d'apprendre en famille, cette journée est l'occasion d'intégrer l'apprentissage à sa routine familiale.

2015-01-27/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (14282)/Commentaires (0)/
Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Bilan d'un stage de de l'ACELF de six semaines par deux étudiants de l'Université de Sherbrooke à l'école fransaskoise Mgr de Laval à Regina.
15 janvier 2015/Auteur: (ACELF)/Nombre de vues (22319)/Commentaires (0)/
Lancement du Grand Quiz

Lancement du Grand Quiz

La Grande Dictée fait peau neuve!

REGINA - C’est le 7 janvier 2015 que le Collège Mathieu et Radio-Canada ont tenu une conférence de presse dans le but de présenter leur nouveau concept tant attendu, Le Grand Quiz.
15 janvier 2015/Auteur: Marie-Pier Boilard (EV)/Nombre de vues (38469)/Commentaires (0)/

Rapport de la vérificatrice sur la gestion scolaire : Un besoin de rigueur

On attendait de pied ferme le rapport de la vérificatrice provinciale sur la gestion du Conseil scolaire fransaskois (CSF) et l’administration du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Jetons un coup d’œil sur certains éléments clé de ce document qui démontrent que les déboires financiers n’étaient pas dus qu’à un manque de financement. 

11 décembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (28482)/Commentaires (0)/
Symposium des parents 2014

Symposium des parents 2014

REGINA - Plus de 100 personnes se sont retrouvées au Symposium des parents ce samedi 29 novembre à Regina. Sous le thème Trouver son équilibre!, l’Association des parents fransaskois (APF) présentait son évènement annuel.

4 décembre 2014/Auteur: Stéphanie Alain/Nombre de vues (28013)/Commentaires (0)/

Une ouverture qui pourrait devenir une brèche

Je vois la dominance de l’anglais à une rencontre aussi importante que celle de Lloydminster comme un signal d’alarme. Qu’on se rappelle l’exemple de la Coopérative d’habitation Villa Bonheur à Saskatoon. Par souci de rentabilité, elle avait accepté d’accueillir des anglophones. Aujourd’hui, les rencontres de son conseil d’administration se déroulent en anglais uniquement.

3 décembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (25478)/Commentaires (0)/
Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

 Il y a plus d’un an, le Conseil scolaire fransaskois a entamé un long processus de redressement, nécessitant la mise en place de pratiques de gestion financière et de gouvernance améliorées. Selon le CSF, ces pratiques vont dans le sens des recommandations exprimées dans le rapport qui a été rendu public aujourd’hui.

3 décembre 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (30672)/Commentaires (0)/
Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

L'attrait des anglophones pour l'école fransaskoise est-il uniquement culturel et linguistique?

Grâce à la nouvelle stratégie numérique de la Société Radio-Canada, le grand public a pu assister par Webdiffusion à la rencontre qu’a organisée le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les parents dont les enfants fréquentent l’école fransaskoise Sans-Frontières de Lloydminster. La direction du CÉF et le président du Conseil scolaire fransaskois ont voulu faire le point avec la vingtaine de participants sur la situation du financement de cette école dont la fermeture est sur l’écran radar avec son déficit annuel de 650 000$. 

27 novembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (26125)/Commentaires (0)/
Conseils scolaires francophones: La démocratie scolaire en crise?

Conseils scolaires francophones: La démocratie scolaire en crise?

La participation électorale a chuté et des conseils scolaires en milieu minoritaire gouvernent sans l’intérêt du public. Un défi de légitimité s’annonce.

27 novembre 2014/Auteur: Anonym/Nombre de vues (22122)/Commentaires (0)/
Rencontre entre le Collège Mathieu et le ministre Doherty

Rencontre entre le Collège Mathieu et le ministre Doherty

Le 6 novembre dernier, des représentants du Collège Mathieu se sont rendus à Regina où ils ont rencontré le Ministre de l’Enseignement supérieur, Kevin Doherty, à son bureau du Palais législatif. La délégation était composée du président Réal Forest, du vice président René Archambault ainsi que du directeur général Francis Kasongo.

27 novembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (28103)/Commentaires (0)/
Programmes d’échanges linguistiques : Let’s discover Canada!

Programmes d’échanges linguistiques : Let’s discover Canada!

Kelly Larkin Conway est la nouvelle agente de promotion des programmes de langues officielles proposés par le gouvernement de la Saskatchewan. Cette nouvelle recrue vient renforcer les rangs du personnel bilingue du gouvernement provincial. 

20 novembre 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (27162)/Commentaires (0)/
Robert Craig, lauréat du prix Prix Alpha Sask

Robert Craig, lauréat du prix Prix Alpha Sask

Grâce à la communauté fransaskoise j’ai pu garder mon français

Cette année, le prix Alpha Sask récompensait un texte répondant à la thématique Pourquoi avez-vous décidé d’apprendre le français? C’est totalement par hasard que Robert Craig est tombé sur l’affiche du concours, pendant sa pause café. C’était le dernier jour pour envoyer les textes. Il a décidé de tenter sa chance. En effet, il avait bien des choses à dire sur son histoire d’amour avec le français.

20 novembre 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (27128)/Commentaires (0)/
Parents et petits à Prince Albert

Parents et petits à Prince Albert

Des activités ludiques... en français!

Si vous vous promenez du côté de la bibliothèque John M. Cuelenaere à Prince Albert, le samedi matin vers 10 h, vous assisterez à  la venue d’une joyeuse troupe mêlant parents et enfants et ayant pour but la découverte du français de façon amusante.

20 novembre 2014/Auteur: Ahmed Hassan (EV)/Nombre de vues (31503)/Commentaires (0)/
École St-Isidore : de bonnes raisons pour se réjouir

École St-Isidore : de bonnes raisons pour se réjouir

Terry Gaudet nommé l’entraîneur de performance masculine de l’année par l’Association de Volleyball de la Saskatchewan.

À l’École St-Isidore, il y a cette année bien des raisons de se réjouir. On vient de mettre la dernière touche au plancher tout neuf du gymnase, un sol de sport Pulastic. Cette nouvelle acquisition arrive à point nommé. En effet, l’école et la communauté de Bellevue, en collaboration avec la communauté de Wakaw, seront les hôtes du tournoi de volleyball de la ligue provinciale masculine 3A de la Saskatchewan High School Athletics Association (SHSAA) 

20 novembre 2014/Auteur: Jennie Baudais (CÉF)/Nombre de vues (33969)/Commentaires (0)/
RSS
Première2122232426282930Dernière

 - samedi 21 septembre 2024