Skip Navigation

Un atelier de la CAFS lève le voile sur le racisme et la discrimination

Racisme
Crédit : Markus Spiske / Unsplash

Le 27 novembre, la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS) a organisé une activité de sensibilisation sur les droits de la personne et la discrimination. Inscrite dans le projet « Inclus-moi » initié par l’organisme en 2016, la rencontre a offert un survol historique et des clés de compréhension afin de sensibiliser aux enjeux de la discrimination raciale et du racisme.

« Nous avons constaté que les actes raciaux et discriminatoires restent pris dans des racines et des préjugés qui résistent au temps. Il faut donc continuer d’informer et de sensibiliser la jeunesse pour qu’ils puissent agir et réagir, qu’ils soient victimes ou témoins », exprime Mireille Bizimana, directrice de la CAFS.

L’atelier proposait une session d’information sur les droits de la personne animée par l’Association des juristes d’expression française de la Saskatchewan (AJEFS), une conférence avec pour invités les docteurs Abdoulaye Yoh et Mamadou Ka, suivie d’une discussion autour des mécanismes de lutte contre le racisme. 

Une histoire de racisme

Mamadou Ka
Le dr. Mamadou Ka de l’Université de Saint-Boniface
Crédit : Capture d’écran

En ne reconnaissant pas l'égalité des groupes humains, le racisme s’oppose aux idées de justice, de fraternité et de dignité. Pour lutter contre ces maux, il faut les comprendre et en connaître les sources, souligne Céline Desrosiers, directrice de l’AJEFS. « On entend tellement de choses sur le racisme, le harcèlement ou la discrimination qu’il est important de revenir aux définitions et d’en expliquer les origines », dit-elle.

C’est au travers d’une présentation très complète que l’AJEFS a tenu à rappeler que le racisme s’est manifesté de différentes manières au travers de l’histoire. Esclavage, colonialisme, antisémitisme, génocides, Apartheid, ségrégations, ou encore épurations ethniques ont ainsi été mentionnés. 

La vingtaine de participants a notamment appris que le chercheur Marcel Trudel avait recensé 4 185 esclaves dans la deuxième moitié du 17e siècle sur un territoire s’étendant de la Gaspésie à Détroit, sous les régimes français et anglais. 

Tous n'étaient cependant pas esclaves. Les données historiques décrivent Mathieu da Costa comme un Africain ayant servi en tant qu'homme libre d'interprète pour des commerçants et des explorateurs français et hollandais. Dans la même période, on retiendra également le nom d’Olivier Le Jeune, premier enfant noir scolarisé en Nouvelle-France. 

Esclavagisme des Africains ou encore rejet des Asiatiques, le carrousel des lois discriminatoires n’a cessé de tourner pendant des décennies : « Il y avait une loi qui interdisait d’engager ou de permettre à des femmes ou filles blanches de résider, loger ou travailler dans un établissement commercial ou de divertissement tenu ou dirigé par un Japonais, un Chinois ou toute autre personne orientale », rappelle Hofa Comlan, agente de développement à l’AJEFS. 

C’est ainsi qu’est présenté le cas de Quong Wing et Quong Sing, des Canadiens d’origine chinoise qui tenaient deux restaurants et une maison de chambres à Moose Jaw, et qui furent accusés en 1912 d’avoir embauché trois femmes blanches.

Impossible d’aborder le thème des lois punitives sans parler de la Loi sur les Indiens adoptée en 1876. Principale loi canadienne portant sur l’enregistrement des individus issus des Premières Nations et du système des réserves, elle donne encore aujourd'hui au gouvernement canadien l’autorité exclusive de légiférer sur « les Indiens et les terres réservées pour les Indiens ». 

Les multiples identités du racisme

Abdoulaye Yoh
Le dr. Abdoulaye Yoh
Crédit : Capture d’écran

L’horreur de la guerre et de l’Holocauste qui frappa le monde en 1939-1945 aboutira finalement à la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) afin de faire respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales partout sur la planète.

Selon la définition proposée par la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948, « le concept de discrimination raciale est entendu comme un traitement inégal, une remarque ou un acte de violence commis dans l'intention de rabaisser une personne sur la base de son apparence physique, de sa ‘race’ ou de son appartenance à une ethnie, une nationalité ou encore une religion ».

Souvent confondu avec la xénophobie ou l’ethnocentrisme, le racisme revêt donc plusieurs formes et caractéristiques. Lorsqu’on fait référence aux Autochtones, aux gens de couleur ou d’origines ethniques diverses comme étant « inférieurs », « sauvages », « primitifs » ou « mauvais », on parle de racisme culturel. 

Le racisme institutionnel, lui, se traduit davantage par l’assimilation ou encore le dénigrement d’une culture et de traditions comme avec l’épisode douloureux des pensionnats au Canada. 

Plus proche du quotidien, plus insidieux et silencieux, se dessine le racisme systémiqueToujours présent dans la communauté fransaskoise selon la CAFS, ce dernier se manifeste de manière indirecte et voilée par des politiques et des pratiques préjudiciables à certains groupes. 

« Le racisme systémique peut passer par des actes isolés, comme le harcèlement psychologique en milieu de travail », avance le docteur Abdoulaye Yoh de la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina. 

Enfin, le profilage racial, ou racialisation, est un autre type de manifestation du racisme. « Un parfait exemple de profilage racial est celui de Samwel Uko. Ce jeune homme noir de 20 ans avait été expulsé en mai 2020 de l’hôpital général de Regina par des gardes de sécurité alors qu’il venait parce qu’il avait besoin d’aide en santé mentale. Il a fini par mettre fin à ses jours dans le lac Wascana le jour suivant », déplore le docteur Yoh. 

Son homologue manitobain, le docteur Mamadou Ka, récipiendaire de la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012 et enseignant à l’Université de Saint-Boniface, revient quant à lui sur « le privilège blanc », ces préjugés inconscients et stéréotypes entourant le phénomène de racialisation.

« De nos jours, la notion de race est principalement utilisée pour établir des différences entre les groupes, avec le résultat d’en marginaliser certains par rapport à la société. On y englobe aussi les préjugés comme le préjugé d'affinités, le préjugé de noms, le préjugé d'accents, le préjugé d'attribution et celui de confirmation », détaille le docteur Ka.

Pour la CAFS, le mot d’ordre reste donc la mobilisation. Les mécanismes de défense et de protection continuent d’évoluer et c’est en appelant la jeunesse à s’informer que l’organisme tente de mettre fin au racisme et à la discrimination. 

Imprimer
5990

Leslie Diaz – IJL-Réseau.PresseLeslie Diaz

Autres messages par Leslie Diaz – IJL-Réseau.Presse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
L’importance de la lecture avec les enfants

L’importance de la lecture avec les enfants

Selon les résultats des recherches de C.A. Nelson, du Centre du développement de l’enfant de l’Université Harvard, le développement langagier d’un enfant se manifeste longtemps avant le premier balbutiement des mots « mmman » ou « pa, pa, papa ». Les études du développement cérébral révèlent que les neurones et les synapses pour le langage apparaissent trois mois avant la naissance. La croissance de cette zone du cerveau atteint son sommet vers l’âge de 4 ans.

4 février 2015/Auteur: Rita Denius (CM)/Nombre de vues (28017)/Commentaires (0)/
Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

SASKATOON - C’est une délégation de jeunes élèves de l’École canadienne-française de Saskatoon, qui a donné le coup d’envoi de l’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois.
4 février 2015/Auteur: Michèle Fortin (EV)/Nombre de vues (27969)/Commentaires (0)/
Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

SASKATOON - Le vendredi 30 janvier, le Conseil scolaire fransaksois (CSF) a rencontré ses électeurs pour la première fois depuis le dépôt d’un rapport sévère de la vérificatrice provinciale et la fermeture annoncée de l’école Sans-frontières de Lloydminster.

4 février 2015/Auteur: Mychèle Fortin (EV)/Nombre de vues (33334)/Commentaires (0)/
La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La Cour suprême du Canada a pris en délibéré, le 21 janvier 2015, la cause qui oppose depuis plusieurs années la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) au gouvernement du Yukon. Le litige repose sur les droits de gestion scolaire en contexte minoritaire.

29 janvier 2015/Auteur: Anonym/Nombre de vues (31229)/Commentaires (0)/
Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise:  Comment se porte le français dans nos écoles?

Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise: Comment se porte le français dans nos écoles?

Rencontre avec un parent inquiet, mais optimiste

La Saskatchewan a bien changé depuis l’obtention de la gestion scolaire il y a 20 ans. Depuis deux décennies, l’épanouissement du Conseil des écoles fransakoises (CÉF) est évident. La gestion scolaire est-elle garante de la qualité de l'éducation française? Nous en avons discuté avec un parent de Regina qui a accepté de répondre à nos questions mais qui a préféré garder l'anonymat.

29 janvier 2015/Auteur: Mychèle Fortin (EV)/Nombre de vues (88973)/Commentaires (0)/
Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

La Commission scolaire francophone du Yukon devant la Cour suprême

J’ai appris avec stupéfaction la position du gouvernement du Québec devant la Cour suprême en ce qui concerne la gestion des écoles par les minorités francophones du reste du pays. En effet, par l’entremise de sa ministre de la justice, Stéphanie Vallée, Québec a signifié son refus d’appuyer des communautés francophones hors Québec. 

29 janvier 2015/Auteur: Jean-François Larose/Nombre de vues (30793)/Commentaires (0)/
Turbulences dans les conseils scolaires francophones

Turbulences dans les conseils scolaires francophones

La CSFTNO se tourne vers la Cour suprême

La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) et l'Association des parents ayant droit de Yellowknife (APADY) viennent de subir un cuisant revers devant la Cour d’appel des TNO.

20 janvier 2015/Auteur: Denis Lord (L’Aquilon) et Paul Mengoumou (Francopresse)/Nombre de vues (31362)/Commentaires (0)/
Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

À l'initiative d'ABC Alpha pour la vie Canada, la Journée de l'alphabétisation familiale a été introduite en 1999 et elle est célébrée le 27 janvier de chaque année. En plus de célébrer le plaisir de lire et d'apprendre en famille, cette journée est l'occasion d'intégrer l'apprentissage à sa routine familiale.

2015-01-27/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (13766)/Commentaires (0)/
Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Bilan d'un stage de de l'ACELF de six semaines par deux étudiants de l'Université de Sherbrooke à l'école fransaskoise Mgr de Laval à Regina.
15 janvier 2015/Auteur: (ACELF)/Nombre de vues (21702)/Commentaires (0)/
Lancement du Grand Quiz

Lancement du Grand Quiz

La Grande Dictée fait peau neuve!

REGINA - C’est le 7 janvier 2015 que le Collège Mathieu et Radio-Canada ont tenu une conférence de presse dans le but de présenter leur nouveau concept tant attendu, Le Grand Quiz.
15 janvier 2015/Auteur: Marie-Pier Boilard (EV)/Nombre de vues (37268)/Commentaires (0)/

Rapport de la vérificatrice sur la gestion scolaire : Un besoin de rigueur

On attendait de pied ferme le rapport de la vérificatrice provinciale sur la gestion du Conseil scolaire fransaskois (CSF) et l’administration du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Jetons un coup d’œil sur certains éléments clé de ce document qui démontrent que les déboires financiers n’étaient pas dus qu’à un manque de financement. 

11 décembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (27950)/Commentaires (0)/
Symposium des parents 2014

Symposium des parents 2014

REGINA - Plus de 100 personnes se sont retrouvées au Symposium des parents ce samedi 29 novembre à Regina. Sous le thème Trouver son équilibre!, l’Association des parents fransaskois (APF) présentait son évènement annuel.

4 décembre 2014/Auteur: Stéphanie Alain/Nombre de vues (26989)/Commentaires (0)/

Une ouverture qui pourrait devenir une brèche

Je vois la dominance de l’anglais à une rencontre aussi importante que celle de Lloydminster comme un signal d’alarme. Qu’on se rappelle l’exemple de la Coopérative d’habitation Villa Bonheur à Saskatoon. Par souci de rentabilité, elle avait accepté d’accueillir des anglophones. Aujourd’hui, les rencontres de son conseil d’administration se déroulent en anglais uniquement.

3 décembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (24742)/Commentaires (0)/
Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

 Il y a plus d’un an, le Conseil scolaire fransaskois a entamé un long processus de redressement, nécessitant la mise en place de pratiques de gestion financière et de gouvernance améliorées. Selon le CSF, ces pratiques vont dans le sens des recommandations exprimées dans le rapport qui a été rendu public aujourd’hui.

3 décembre 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (30089)/Commentaires (0)/
Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

L'attrait des anglophones pour l'école fransaskoise est-il uniquement culturel et linguistique?

Grâce à la nouvelle stratégie numérique de la Société Radio-Canada, le grand public a pu assister par Webdiffusion à la rencontre qu’a organisée le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les parents dont les enfants fréquentent l’école fransaskoise Sans-Frontières de Lloydminster. La direction du CÉF et le président du Conseil scolaire fransaskois ont voulu faire le point avec la vingtaine de participants sur la situation du financement de cette école dont la fermeture est sur l’écran radar avec son déficit annuel de 650 000$. 

27 novembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (25569)/Commentaires (0)/
RSS
Première2021222325272829Dernière

 - dimanche 16 juin 2024