Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere

L’enseignement en français au cœur des débats

Image
Crédit : Brett Jordan / Unsplash

Les collèges et universités francophones en milieu minoritaire font face à d’importants défis partout au pays. Le Forum citoyen de l’Ouest pour l’éducation postsecondaire en français du 5 février visait justement à faire entendre la voix des citoyens quant à leurs réalités, besoins et aspirations.

Peter Dorrington, vice-recteur à l’enseignement et à la recherche à l’Université de Saint-Boniface à Winnipeg, animait la rencontre et a questionné les panélistes sur plusieurs enjeux : les barrières à l’éducation postsecondaire en français, ce qui fait que les jeunes choisissent d’étudier en français ou non, les problèmes à régler et les pistes de solutions.

Il était aussi question de l’offre de programmes postsecondaires en français dans l’Ouest canadien, de la mobilité étudiante et de ses impacts sur les communautés, du lien entre les communautés et des institutions postsecondaires francophones, ainsi que de la collaboration interprovinciale au sein du secteur.

Un fort attachement

Andréa Perrault, originaire de Zenon Park et ancienne députée à l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), était l’une des panélistes. Fière de son identité, la jeune Fransaskoise souligne que la décision d’aller dans un établissement postsecondaire est cruciale dans la vie des jeunes. 

« C’est au secondaire qu’on forge son identité et que l’on décide si oui ou non on va continuer à étudier en français ou en anglais », affirme l’ancienne élève de l’école Notre-Dame-des-Vertus de Zenon Park qui a fait le choix d’étudier à la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina.

« Être près de ma famille était l’un des points majeurs qui m’ont fait choisir d’étudier en français, en plus de tous les coûts qu’engendre un déménagement et les études dans une autre province », ajoute Andréa Perrault. 

Mais il n’en est pas de même pour tous : « J’ai des amis qui ont décidé d’aller étudier en anglais, car il n’y avait pas leur programme en français en Saskatchewan », déplore la jeune femme. « Souvent, les gens qui vont étudier ailleurs ne reviennent pas dans la province. Offrir de bons services au postsecondaire, c’est aider à la rétention des francophones dans la province », conclut-elle.

Engagée, Andréa Perrault travaille comme coordinatrice de projets à l’Association jeunesse fransaskoise (AJF) et reconnaît l’importance de s’impliquer et de contribuer à sa communauté. « C’est toujours important de montrer la vivacité de la communauté et de faire valoir nos besoins et insécurités. C’est sûr qu’il aurait été intéressant de voir plus de gens du gouvernement au Forum, mais c’est une première étape et on espère que ça va se rendre à ces instances. »

Des sensibilités communes

Pour la Franco-Manitobaine Chloé Freynet-Gagné, qui a étudié à l’Université de Saint-Boniface, l’université n’est pas seulement un lieu d’études, mais aussi une deuxième maison. « L’université est un lieu extraordinaire où on crée nos réseaux personnels et professionnels, et c’est là où on crée des liens qui vont durer pour toute notre vie », avance-t-elle.

Sithara Naidoo, étudiante au Campus Saint-Jean à Edmonton, croit dans la valeur de l’éducation francophone. « Ce qui a motivé mon choix en tant qu’étudiante d’immersion, c’est que j’ai souvent été exposée à la communauté franco-albertaine et j’adore apprendre en français, c’est devenu ma zone de confort et j’ai une volonté d’améliorer mon français et de l’utiliser à plus grande capacité », témoigne-t-elle, rappelant au passage que le bilinguisme est un outil important, en particulier dans le monde professionnel.

Le poids du sous-financement

Selon Caroline Magnan, professeure de droit à l’Université d’Ottawa, originaire d’Edmonton et de Regina, le sous-financement est le défi majeur des établissements postsecondaires de l’Ouest canadien. 

« Le sous-financement engendre une panoplie de problèmes, tant au niveau de l’étendue et de la stabilité de la programmation qu’au niveau des lieux physiques inadéquats, sans parler du licenciement des professeurs, des chargés de cours et du personnel de soutien. Cela a un impact négatif sur les individus et au niveau de nos collectivités », soutient-elle.

Toujours selon la directrice du Programme pancanadien de common law en français, la demande dépasserait largement l’offre dans les provinces de l’Ouest. « C’est une réalité qui est due à la croissance démographique du français dans nos provinces de l’Ouest. Nos institutions sont victimes de leur propre excellence. La demande est là, mais nous n’avons pas la capacité d’y répondre en raison d’un manque de ressources », déplore la juriste.

Au Campus Saint-Jean, en Alberta, les inscriptions et la demande dépassent largement le quota accordé. « Il existe 24 places dans le programme de sciences infirmières bilingues, mais le Campus a reçu 172 demandes en 2019-2020 », donne pour exemple Caroline Magnan, soulignant l’énorme transformation sociale qui pourrait avoir lieu si l’institution parvenait à répondre à toutes les demandes.

Le droit à l’éducation en français

Surtout, la professeure de droit a rappelé que l’apprentissage était un droit. « Alors qu’il était ministre de la Justice en 1967, Pierre Trudeau a défini les droits linguistiques de manière très simple mais élégante selon moi. Il y a le droit d’apprendre et le droit d’utiliser. » 

Afin d’illustrer son propos, la spécialiste a évoqué le cas de l’affaire Mahé de 1983 : « Le droit d’apprendre est impératif, car tel qu’énoncé par la Cour suprême dans l’affaire Mahé, le jugement a reconnu aux parents appartenant à la minorité linguistique, lorsque le nombre le justifie, le droit de gérer leurs propres établissements d’enseignement. » 

Et d’ajouter : « Je ne peux pas m’empêcher de vous citer le juge en chef Richard Wagner dans la décision récente de la Cour suprême du Canada pour le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique : ‘Dans un pays comme le Canada où le système d’éducation est financé de façon adéquate, les parents sont en droit de s’attendre à une expérience éducative de qualité, et ce, peu importe la taille de l’école que leurs enfants fréquentent’. »

Le forum s’est conclu sur des échanges en sous-groupes dans lesquels les participants pouvaient débattre entre eux de façon plus intime et témoigner des enjeux de leur région. Ce forum était présenté dans le cadre des États généraux sur le postsecondaire de langue française au Canada. 

Article précédent Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion
Prochain article La francophonie entre privilèges et marginalisations
Imprimer
9299

Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.PresseMarie-Lou Bernatchez

Autres messages par Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

Un bon spectacle pour un anniversaire d'importance

GRAVELBOURG -  La communauté fransaskoise de Gravelbourg a célébré le 25ième anniversaire de l’École Beau Soleil, qui a vu le jour en 1990 au Centre culturel Maillard.

30 octobre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (34497)/Commentaires (0)/
Méditer à l’école

Méditer à l’école

Pour être en paix avec soi et avec les autres

Pourquoi amener la pratique de la méditation dans nos écoles? Parce qu'elle donne la possibilité de s’entraîner à ressentir ce qu’on est en train de vivre de façon concrète. Elle donne aux élèves la force mentale de pauser, ressentir, et stabiliser leur attention sur ce qu’ils-elles vivent
29 octobre 2016/Auteur: Frédéric Dupré et Céline Martin/Nombre de vues (33808)/Commentaires (0)/
Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Le CÉF débute l’année scolaire débute sur une note positive

C’est une commission scolaire fransaskoise en meilleure santé qui débute la nouvelle année scolaire.
27 octobre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (29248)/Commentaires (0)/
De l’huile sur un feu presque éteint?

De l’huile sur un feu presque éteint?

Un cadre du CÉF devient président de l'APF

L’élection d’un employé cadre du Conseil des écoles fransaskoise à la présidence de l’Association des parents fransaskois (APF) (CÉF) en fait sourciller plus d’un dans la communauté. 

27 octobre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (37006)/Commentaires (0)/
Semaine de l’éducation 2016 : Célébrons le présent, préparons l’avenir

Semaine de l’éducation 2016 : Célébrons le présent, préparons l’avenir

Le gouvernement de la Saskatchewan a déclaré la semaine du 16 au 22 octobre, la Semaine de l’éducation en Saskatchewan.
17 octobre 2016/Auteur: Gouvernement de la Saskatchewan/Nombre de vues (22030)/Commentaires (0)/
Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

L'activité de levée de fonds du centre éducatif attire plus de 80 personnes

Le 7 octobre 2016 plus de 80 personnes se sont rendues au Centre communautaire BDS à Bellevue pour participer à la première soirée bière et ailes de poulet du Centre éducatif Les Petits Pois.

13 octobre 2016/Auteur: Centre francophone BDS/Nombre de vues (34056)/Commentaires (0)/
Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Le commissaire aux langues officielles publie un rapport sur la petite enfance

Dans son rapport "La petite enfance: vecteur de vitalité des communautés francophones en situation minoritaire", dévoilé le 3 octobre 2016, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, demande au gouvernement fédéral d’ouvrir les coffres pour les services touchant la petite enfance en milieu minoritaire.
12 octobre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (33968)/Commentaires (0)/
L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

Lors du passage de la tournée « Mon enfant, mon engagement » de l’Association des parents fransaskois, je regardais les gens dans la salle pour constater que nous n’étions que deux à avoir connu la saga de la mise sur pied de l’École Beau Soleil à Gravelbourg.

 

 

3 octobre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (31630)/Commentaires (0)/
Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Trois organismes ont réclamé mi-septembre la modernisation des ententes nationales en éducation qui lient le fédéral et les provinces. Ils demandent la création d’un protocole additionnel tripartite pour la gestion des fonds fédéraux destinés à l’enseignement en français, langue maternelle. 

1 octobre 2016/Auteur: Anonym/Nombre de vues (35279)/Commentaires (0)/
Santé mentale à l’école

Santé mentale à l’école

Accepter de partager ses états d’âme est difficile quand on souffre

Le phénomène est répandu : des enfants en retrait ou agressifs qui dérangent. On ne sait pas comment les aider, on les écarte, on les stigmatise et les relations se détériorent. La santé mentale n’est pas perçue comme un problème de santé ordinaire.


27 septembre 2016/Auteur: Anonym/Nombre de vues (32491)/Commentaires (0)/
Quand sommeil rime avec problème

Quand sommeil rime avec problème

20h : voici le moment tant redouté du coucher. « Est-ce que Capucine va encore crier de longues minutes avant de s’endormir ? », « Combien de fois Lucas va-t-il se réveiller cette nuit ?  « Je suis épuisée au travail, physiquement et nerveusement. »

15 septembre 2016/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (44545)/Commentaires (0)/
Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Le Conseil scolaire fransaskois (CSF) veut arrimer le nouveau plan stratégique 2016-2021 du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les écoles fransaskoises et la communauté.
7 septembre 2016/Auteur: Pascal Lévesque/Nombre de vues (31781)/Commentaires (0)/
Regard sur le modèle scolaire finlandais

Regard sur le modèle scolaire finlandais

La Finlande, jadis premier de classe, dégringole en éducation

Cet article vous propose ce que l’on peut importer de ce système scolaire du pays de Nokia, dans le nord de l’Europe, qui a aboli l’école privée en 1970.

6 septembre 2016/Auteur: Marie-Jacquard Handy, orthopédagogue/Nombre de vues (29246)/Commentaires (0)/
Français, littérature et décrochage universitaire

Français, littérature et décrochage universitaire

Entretien avec l’auteur Paul Savoie

L'auteur Paul Savoie a accepté de partager sa vision de la dimension francophone dans le monde de l’enseignement et de l’édition.

5 septembre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (29026)/Commentaires (0)/
Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

André Denis, ancien président du Conseil scolaire fransaskois (CSF), affirme avoir démissionné de son poste de conseiller, le 10 juillet dernier, après neuf ans et demi d’implication, à cause de la réembauche de Bernard Roy comme directeur de l’éducation du Conseil des écoles fransaskoise (CÉF).
2 septembre 2016/Auteur: Pascal Lévesque/Nombre de vues (33018)/Commentaires (0)/
RSS
Première1112131416181920Dernière

 - dimanche 22 décembre 2024