Skip Navigation
Anonym
/ Catégories: Archives, 2015, Économie

L’après-pétrole dans l'Ouest canadien: entre déni et peur de l’inconnu

Impact sur les francophones

Dominique Perron

Dominique Perron

L’analyste du discours de l’énergie, Dominique Perron, cite le philosophe Jean-Pierre Dupuy : « Nous ne croyons pas ce que nous savons. » Elle ajoute : « On sait qu’il faut arrêter, mais on ne le fait pas. »
Photo : Fédération des sciences humaines
Le baril stagne à 60 $, les sables bitumineux risquent le rejet, des milliers de postes sont coupés et des milliards d’investissements en suspens. Le changement climatique s’impose comme priorité mondiale. Et maintenant ?

« Le pétrole nous a donné une période de croissance économique mais il n’en reste rien, soutient la professeure retraitée de l’Université de Calgary, Dominique Perron. Les perceptions traditionnelles de l’économie ont à peu près trahi les Canadiens. Le discours marginal sur le climat était ridiculisé et contesté mais il est maintenant devenu central. 

« L’Alberta n’est pas en très bonne position, note la chercheure indépendante. Avant, elle ne tenait même pas compte du climat et maintenant elle est obligée de se défendre. Piégée par la faiblesse de son économie, elle n’a rien sur lequel établir de prévisions. Les directions à prendre sont inconnaissables et invérifiables. Ce qui est assez effrayant. »

L’auteure de L’Alberta autophage : identités, mythes et discours du pétrole dans l’Ouest canadien (1) a remporté en mai le prestigieux Prix du Canada 2015 en sciences sociales. Dominique Perron a dressé dans cette œuvre le portrait d’une société qui se mange elle-même, exploitant ses ressources naturelles et humaines jusqu’à la destruction.

« J’ai un doctorat en littérature, sourit-elle, et je lis les portefeuilles en investissement. » Elle veut savoir comment se portent les pétrolières et quels sont leurs appuis gouvernementaux. Elle trouve le discours politique plutôt schizophrénique.

« On ne peut pas d’une main vendre du pétrole et de l’autre réduire les émissions de carbone, propose la chercheure. On est peut-être en train de parier sur un cheval déjà mort. » Elle donne l’exemple du Québec, qui « a investi plus que toutes les autres provinces réunies dans le pétrole albertain avec la Caisse de dépôt et de placement. »

En effet, la Caisse affiche sur l’indice Nasdaq des investissements de 1,49 milliard dans la société Enbridge, 522 millions auprès de Exxon Mobil (2) et 514 millions chez Suncor, entre autres (3). Il y a déjà des pertes, selon Dominique Perron, et la société gestionnaire de 32 régimes de retraite et d’assurance au Québec va reculer doucement. 

Le premier ministre Philippe Couillard « jure par ses grands dieux qu’on va réduire le carbone. Mais le gouvernement a mis tellement d’argent dans les pipelines qu’il ne dit pas tout aux Québécois. Le discours public est extrêmement ambigu.

« Le Canada, l’Alberta, le Québec, on est à un carrefour, explique-t-elle. Malgré les grandes promesses, la situation ne s’améliore pas. On est en train de gérer des incertitudes – c’est une situation mondiale. Une décroissance est très possible et on sera obligé d’être très innovateurs. Mais nos gouvernements sont-ils capables d’innover ? » 

Écoles francophones en croissance

À Edmonton, Henri Lemire a l’impression que la vie continue. Le directeur général du Conseil scolaire Centre-Nord, qui compte une école française à Fort McMurray, prévoit une hausse de 300 inscriptions pour septembre prochain. À l’échelle provinciale, une hausse de 12 000 élèves est attendue. « Si beaucoup de monde partait, le ministère le saurait. »

Même son de cloche en Saskatchewan, où le Conseil des écoles fransaskoises prévoit une légère hausse des inscriptions. Le relationniste Claude-Jean Harel ne croit pas « que la chute du pétrole affecte dans l’ensemble les inscriptions. » 

Selon les estimations de Statistique Canada au 31 mars, l'Alberta demeure la province avec la croissance de population la plus élevée, malgré les déboires du pétrole.

Le développement ne ralentit pas encore, selon Henri Lemire. « Cet été en Alberta, il y a énormément de construction à cause de fonds engagés depuis deux ou trois ans. À Edmonton, ce sera l’été le plus occupé dans l’histoire de la ville. Mais il y a une grande inquiétude pour l’an prochain. » Il reconnaît que la crise du pétrole s’amplifie. 

Dominique Perron est prête à tout. « Si on m’avait prédit que le NPD allait emporter les élections en Alberta, je serais tombée sur le dos. Je pense que les Canadiens sont prêts à entendre d’autres discours et à concevoir un autre type de gouvernement. Les sondages montrent que les gens veulent essayer autre chose. »

La résidente de Nelson (CB) est encouragée par la récente encyclique Loué sois-tu du pape François. « Le chef religieux le plus puissant du moment a reconnu qu’il y a de graves injustices environnementales sur la planète. Il consacre la place centrale et difficilement discutable de la problématique du changement climatique. On ne peut plus écarter ce discours du revers de la main. »

Elle s’attend à des élections fédérales captivantes en octobre. « Comme tous les vieux gouvernements, les conservateurs cherchent à s’accrocher. Ils sont prêts à dire n’importe quoi. J’ai l’impression que leur discours ne trouve plus d’écho dans la population. » 

Mais la chercheure demeure pessimiste. « J’ai étudié attentivement depuis des années les lobbys du pétrole et ils sont encore très puissants. » En effet, à l’échelle globale, les investissements gouvernementaux dans l’industrie en 2015 totalisent 5,300 milliards US, selon le Fonds monétaire international.

« Ça montre à quel point on est incapable de penser clairement à ce qui nous arrive. »

Notes

(1)    University of Calgary Press, 2013.

(2)    Le plus important des 2 135 investisseurs chez Exxon Mobil est le Vanguard Group, avec 21,3 milliards.

(3)    Données du 26 juin 2015

Imprimer
24600

Contacter l'auteur

x
Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Gravelbourg se mobilise pour sauver un joyau de notre patrimoine

GRAVELBOURG - L’avenir de l’édifice se joue en ce moment.  Est-ce que ce monument à un pan de l’histoire fransaskoise ne survivra qu’en photos?  

7 mars 2017/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (29596)/Commentaires (0)/
Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Décès de la première enseignante de l’École canadienne-française de Saskatoon

SASKATOON - Le 5 février dernier, des centaines de personnes se sont rendues au pavillon élémentaire de l’École canadienne-française de Saskatoon pour rendre hommage à Monique Rousseau, la première enseignante de l’école, décédée le 20 janvier 2017. 
1 mars 2017/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (36156)/Commentaires (0)/
« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

Voyager avec un enfant

Voyager en voiture, en avion ou en train pour un long trajet représente toujours un défi pour les parents. 
2 février 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (43620)/Commentaires (0)/
Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

La signature d’un protocole d’entente entre la Faculté de sciences infirmières de l’Université de Regina et La Cité universitaire francophone a eu lieu le 9 décembre 2016. Ce protocole vise à offrir un programme postsecondaire bilingue en sciences infirmières dès 2018. 

21 janvier 2017/Auteur: La Cité universitaire francophone/Nombre de vues (36524)/Commentaires (0)/
Des graphistes en herbe à l’École Valois

Des graphistes en herbe à l’École Valois

La classe de la 3e année de l'École Valois a conçu une affiche pour la pièce de théâtre Par amitié. Selon leur enseignante, madame Nathalie Beaulieu, "la classe a eu beaucoup de plaisir à concevoir des affiches pour la pièce de théâtre. Cela correspondait à mon programme d'étude de faire une affiche en utilisant le titre d'une pièce où d'un livre. Quel beau travail ont fait les élèves."

2 janvier 2017/Auteur: ENDV/Nombre de vues (42992)/Commentaires (0)/
Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

GRAVELBOURG - C’est le 9 novembre dernier que les jeunes des écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg, le personnel des deux institutions scolaires et des membres de la communauté fransaskoise se sont donné rendez-vous pour la célébration du Jour du Souvenir sous le thème « Nous nous souviendrons ».

2 décembre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (34993)/Commentaires (0)/
Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Il y a dix ans, la Table nationale en petite enfance devait faire des choix critiques. Ses membres ont décidé de continuer à se réseauter et à développer des modèles de lieux de service pour stimuler un mouvement national. Et ils ont écarté la stratégie juridique, qui aurait consisté à monter une cause solide quelque part au pays.

24 novembre 2016/Auteur: Anonym/Nombre de vues (45033)/Commentaires (0)/
Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

"Je veux aider la communauté à guérir"

 

Christiane Guérette a été élue pour représenter le district de Saskatoon au sein du Conseil scolaire fransaskois (CSF) lors des élections scolaires du 26 octobre 2016. Elle a été choisie par une majorité de conseillers pour occuper la présidence du CSF succédant ainsi à Alpha Barry. L’Eau vive l’a rencontrée.


 

24 novembre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (34920)/Commentaires (0)/
Créer une relation complice avec son enfant

Créer une relation complice avec son enfant

Comment bâtir un lien durable

« Allez mon chéri, range vite tes affaires, prends ton goûter, relaxe-toi 5 minutes et fais tes devoirs. Puis prépare-toi, nous partons à ton entraînement de soccer. » Cette routine quasi quotidienne durant la semaine est commune dans bien des foyers.

23 novembre 2016/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (48840)/Commentaires (0)/
Le devoir des écoles sans ressources

Le devoir des écoles sans ressources

Il faut enseigner la langue et la culture en même temps

« Il faut enseigner la langue et la culture en même temps. Si on ne le fait pas, on est voué à disparaître. »

21 novembre 2016/Auteur: Réjean Paulin/Nombre de vues (35435)/Commentaires (0)/
Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Mardi le 18 octobre 2016 avait lieu l’inauguration de l’École Gravelbourg School à Gravelbourg.
4 novembre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (34505)/Commentaires (0)/
L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

Un bon spectacle pour un anniversaire d'importance

GRAVELBOURG -  La communauté fransaskoise de Gravelbourg a célébré le 25ième anniversaire de l’École Beau Soleil, qui a vu le jour en 1990 au Centre culturel Maillard.

30 octobre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (34166)/Commentaires (0)/
Méditer à l’école

Méditer à l’école

Pour être en paix avec soi et avec les autres

Pourquoi amener la pratique de la méditation dans nos écoles? Parce qu'elle donne la possibilité de s’entraîner à ressentir ce qu’on est en train de vivre de façon concrète. Elle donne aux élèves la force mentale de pauser, ressentir, et stabiliser leur attention sur ce qu’ils-elles vivent
29 octobre 2016/Auteur: Frédéric Dupré et Céline Martin/Nombre de vues (33608)/Commentaires (0)/
Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Le CÉF débute l’année scolaire débute sur une note positive

C’est une commission scolaire fransaskoise en meilleure santé qui débute la nouvelle année scolaire.
27 octobre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (28736)/Commentaires (0)/
De l’huile sur un feu presque éteint?

De l’huile sur un feu presque éteint?

Un cadre du CÉF devient président de l'APF

L’élection d’un employé cadre du Conseil des écoles fransaskoise à la présidence de l’Association des parents fransaskois (APF) (CÉF) en fait sourciller plus d’un dans la communauté. 

27 octobre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (36585)/Commentaires (0)/
RSS
Première1011121315171819Dernière

 - lundi 4 novembre 2024