Skip Navigation
Bon 36366
Marine Ernoult – Francopresse
/ Catégories: Économie

Pénurie de main-d’œuvre et immigration, deux faces d’une même pièce

Image
Crédit : Israel Andrade / Unsplash

Il n’y a jamais eu autant d’emplois non pourvus au Canada que dans les cinq dernières années. En milieu francophone minoritaire, des secteurs clés souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre. Si favoriser l’immigration est l’une des solutions prônées par des experts, plusieurs soulignent aussi la nécessité d’investir massivement pour promouvoir la vie en français hors Québec.

L’économie canadienne montre des signes de reprise, alors que les mesures de restrictions mises en place pour lutter contre la COVID-19 continuent d’être levées. La création de 94 000 emplois en juillet a fait chuter le taux de chômage à 7,5 %, le plus bas niveau depuis mars. 

Si le marché de l’emploi se porte mieux, l’ombre du manque de main-d’œuvre plane toujours. Statistique Canada a estimé à 553 500 le nombre de postes vacants au premier trimestre de 2021, une hausse de 7,9 % par rapport à la même période de 2020. Il s’agit du taux le plus élevé depuis 2015.

Qu’en est-il au sein des communautés francophones en milieu minoritaire ? Combien d’offres d’emploi n’y trouvent pas preneurs ? Mystère. « On sait qu’il existe une pénurie, mais nous n’avons pas de données pour le confirmer. Statistique Canada ne collecte pas ce genre d’informations », regrette Alain Dupuis, directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).

Pour pallier ce manque, la FCFA a lancé en décembre dernier une étude sur les besoins en matière de travailleurs francophones en situation minoritaire, en partenariat avec le Réseau de développement économique et demployabilité (RDÉE Canada) et lAssociation des collèges et universités francophones du Canada (ACUFC). 

Visant à déterminer les pénuries par secteur économique et par province, cette recherche est une première à l’échelle du pays. Le directeur de la FCFA estime que les résultats seront disponibles d’ici la fin de l’année.

Forte pénurie en enseignement et en santé

Alain Dupuis
Alain Dupuis, directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada.
Crédit : Courtoisie

Selon les résultats partiels obtenus à ce jour, les secteurs les plus touchés sont ceux de la petite enfance et de l’enseignement. « Ces secteurs sont prioritaires, car si les enfants n’ont pas accès à des services en français faute de personnel, ils commencent à perdre la langue. C’est l’avenir de nos communautés qui est en jeu », souligne Alain Dupuis. 

Le manque se fait aussi cruellement sentir dans le domaine des soins de santé et de lassistance sociale, ainsi que dans la fonction publique fédérale et provinciale, ou encore dans le tourisme.

Pour l’heure, il est impossible de dire quelles sont les provinces les plus affectées. Alain Dupuis avance que « plus on s’éloigne du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario, vers l’Ouest et le Nord, plus les entreprises ont de la misère à trouver des travailleurs qualifiés ».

Départs à la retraite

Et la situation risque d’empirer avec le vieillissement de la population francophone hors Québec. « Dans les cinq prochaines années, on va faire face à une vague massive de départs à la retraite. Le nombre d’actifs va fortement diminuer », prévient Alain Dupuis. « Nous n’aurons pas assez de travailleurs pour soutenir la croissance économique », renchérit Roukya Abdi Aden, gestionnaire au RDÉE.

La COVID-19 est également venue aggraver la pénurie. Le directeur de la FCFA note ainsi que « la crise sanitaire a mis en lumière les difficultés à combler les postes bilingues dans les hôpitaux et les centres de vaccination ».

Selon Alain Dupuis et Roukya Abdi Aden, l’immigration est « la clé ». Mais favoriser l’immigration francophone hors Québec reste un défi. Si le gouvernement fédéral vise 4,4 % de nouveaux arrivants francophones hors Québec, cible renouvelée dici à 2023, « on n’a encore jamais atteint cette cible », déplore Alain Dupuis.  

Le système d’immigration extrêmement complexe auquel sont confrontés les candidats à l’installation et les entreprises canadiennes est l’une des principales embûches. « Les employeurs, dont la majorité gère des moyennes et petites entreprises, sont effrayés, ils ne savent pas comment naviguer entre les multiples programmes existants », affirme Roukya Abdi Aden.

Penser une véritable politique 

L’autre frein, ce sont les difficultés à obtenir des équivalences de diplômes et à intégrer des secteurs règlementés comme l’éducation ou la santé. « On doit travailler avec les ordres professionnels et les syndicats pour clarifier ces questions et faire avancer les choses », estime Alain Dupuis. 

En outre, la pandémie a entraîné la fermeture des frontières et enrayé la capacité d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) de traiter dans des délais raisonnables les demandes en cours, provoquant une chute importante de limmigration.

Pour changer la donne, Roukya Abdi Aden et Alain Dupuis invitent le gouvernement fédéral à revoir sa stratégie en matière d’immigration francophone avec des objectifs plus ambitieux. Ils souhaiteraient une politique plus structurée qui viserait à attirer et à accueillir les nouveaux arrivants dans de meilleures conditions. 

En juin dernier, Ottawa s’est pour la première fois engagé en ce sens avec le projet de loi visant à moderniser la Loi sur les langues officielles. Une telle politique devra passer par la promotion à l’étranger des communautés francophones et, surtout, par une meilleure adéquation entre les besoins des entreprises et les compétences des immigrants, avertit Alain Dupuis : « On doit être capable de bien aiguiller les candidats, de les jumeler avec des emplois stables et bien rémunérés. ».

Une « relance économique en français »

Garder les nouveaux arrivants francophones après plusieurs années constitue un autre défi. « Il est essentiel qu’ils aient accès à des services en français et qu’ils se sentent intégrés, sinon ils ne restent pas », soulève Roukya Abdi Aden.

À plus long terme, il faudrait miser sur l’éducation en français au primaire, au secondaire et au postsecondaire avec des investissements massifs. « C’est l’autre partie de la solution », soutient la gestionnaire. 

Cette dernière prévoit déjà l’émergence de nouveaux besoins dans les domaines de l’environnement et des nouvelles technologies, et craint une future pénurie si rien n’est fait pour anticiper la demande.

Imprimer
6313

Marine Ernoult – FrancopresseFrancopresse

Autres messages par Marine Ernoult – Francopresse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Gravelbourg se mobilise pour sauver un joyau de notre patrimoine

GRAVELBOURG - L’avenir de l’édifice se joue en ce moment.  Est-ce que ce monument à un pan de l’histoire fransaskoise ne survivra qu’en photos?  

7 mars 2017/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (28224)/Commentaires (0)/
Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Décès de la première enseignante de l’École canadienne-française de Saskatoon

SASKATOON - Le 5 février dernier, des centaines de personnes se sont rendues au pavillon élémentaire de l’École canadienne-française de Saskatoon pour rendre hommage à Monique Rousseau, la première enseignante de l’école, décédée le 20 janvier 2017. 
1 mars 2017/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (34316)/Commentaires (0)/
« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

Voyager avec un enfant

Voyager en voiture, en avion ou en train pour un long trajet représente toujours un défi pour les parents. 
2 février 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (41777)/Commentaires (0)/
Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

La signature d’un protocole d’entente entre la Faculté de sciences infirmières de l’Université de Regina et La Cité universitaire francophone a eu lieu le 9 décembre 2016. Ce protocole vise à offrir un programme postsecondaire bilingue en sciences infirmières dès 2018. 

21 janvier 2017/Auteur: La Cité universitaire francophone/Nombre de vues (35044)/Commentaires (0)/
Des graphistes en herbe à l’École Valois

Des graphistes en herbe à l’École Valois

La classe de la 3e année de l'École Valois a conçu une affiche pour la pièce de théâtre Par amitié. Selon leur enseignante, madame Nathalie Beaulieu, "la classe a eu beaucoup de plaisir à concevoir des affiches pour la pièce de théâtre. Cela correspondait à mon programme d'étude de faire une affiche en utilisant le titre d'une pièce où d'un livre. Quel beau travail ont fait les élèves."

2 janvier 2017/Auteur: ENDV/Nombre de vues (41580)/Commentaires (0)/
Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

GRAVELBOURG - C’est le 9 novembre dernier que les jeunes des écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg, le personnel des deux institutions scolaires et des membres de la communauté fransaskoise se sont donné rendez-vous pour la célébration du Jour du Souvenir sous le thème « Nous nous souviendrons ».

2 décembre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (33438)/Commentaires (0)/
Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Il y a dix ans, la Table nationale en petite enfance devait faire des choix critiques. Ses membres ont décidé de continuer à se réseauter et à développer des modèles de lieux de service pour stimuler un mouvement national. Et ils ont écarté la stratégie juridique, qui aurait consisté à monter une cause solide quelque part au pays.

24 novembre 2016/Auteur: Anonym/Nombre de vues (41581)/Commentaires (0)/
Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

"Je veux aider la communauté à guérir"

 

Christiane Guérette a été élue pour représenter le district de Saskatoon au sein du Conseil scolaire fransaskois (CSF) lors des élections scolaires du 26 octobre 2016. Elle a été choisie par une majorité de conseillers pour occuper la présidence du CSF succédant ainsi à Alpha Barry. L’Eau vive l’a rencontrée.


 

24 novembre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (32693)/Commentaires (0)/
Créer une relation complice avec son enfant

Créer une relation complice avec son enfant

Comment bâtir un lien durable

« Allez mon chéri, range vite tes affaires, prends ton goûter, relaxe-toi 5 minutes et fais tes devoirs. Puis prépare-toi, nous partons à ton entraînement de soccer. » Cette routine quasi quotidienne durant la semaine est commune dans bien des foyers.

23 novembre 2016/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (47270)/Commentaires (0)/
Le devoir des écoles sans ressources

Le devoir des écoles sans ressources

Il faut enseigner la langue et la culture en même temps

« Il faut enseigner la langue et la culture en même temps. Si on ne le fait pas, on est voué à disparaître. »

21 novembre 2016/Auteur: Réjean Paulin/Nombre de vues (34158)/Commentaires (0)/
Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Mardi le 18 octobre 2016 avait lieu l’inauguration de l’École Gravelbourg School à Gravelbourg.
4 novembre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (31147)/Commentaires (0)/
L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

Un bon spectacle pour un anniversaire d'importance

GRAVELBOURG -  La communauté fransaskoise de Gravelbourg a célébré le 25ième anniversaire de l’École Beau Soleil, qui a vu le jour en 1990 au Centre culturel Maillard.

30 octobre 2016/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (30641)/Commentaires (0)/
Méditer à l’école

Méditer à l’école

Pour être en paix avec soi et avec les autres

Pourquoi amener la pratique de la méditation dans nos écoles? Parce qu'elle donne la possibilité de s’entraîner à ressentir ce qu’on est en train de vivre de façon concrète. Elle donne aux élèves la force mentale de pauser, ressentir, et stabiliser leur attention sur ce qu’ils-elles vivent
29 octobre 2016/Auteur: Frédéric Dupré et Céline Martin/Nombre de vues (32344)/Commentaires (0)/
Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Le CÉF débute l’année scolaire débute sur une note positive

C’est une commission scolaire fransaskoise en meilleure santé qui débute la nouvelle année scolaire.
27 octobre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (27246)/Commentaires (0)/
De l’huile sur un feu presque éteint?

De l’huile sur un feu presque éteint?

Un cadre du CÉF devient président de l'APF

L’élection d’un employé cadre du Conseil des écoles fransaskoise à la présidence de l’Association des parents fransaskois (APF) (CÉF) en fait sourciller plus d’un dans la communauté. 

27 octobre 2016/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (35118)/Commentaires (0)/
RSS
Première910111214161718Dernière

 - samedi 25 mai 2024