Skip Navigation
Bon 36366

Chez la famille Bélanger un jour d’hiver (extrait) *

Dans une petite ferme située au nord de la Saskatchewan, Bernard Bélanger vivait avec sa femme Annie et ses quatre fils, Jules, Jacques, Jean et Jérôme, qui avaient de onze à dix-neuf ans. Ce matin-là, il déambulait dans la neige près de l’écurie. Pour oublier ses soucis financiers, il alla s’asseoir dans la grange et ouvrit son roman d’aventures. Pendant qu’il fixait sa page, certaines paroles revinrent le hanter :

— Comment as-tu pu vendre les bijoux de ma mère? Pourquoi n’as-tu pas vendu plutôt ta collection de pièces? On aurait dû retourner en France.

Toutes ces questions auxquelles il refusait de répondre l’épuisaient et il essayait d’oublier la voix d’Annie en relisant une phrase du roman sans pouvoir en saisir le sens :

— Ton orgueil me brûle le cerveau.

Il fut tiré de son demi-sommeil par les rires de Jacques et de Jules en train de pourchasser leur chien Viking dont la gueule serrait une rondelle. Après avoir réussi à extraire l’objet de la mâchoire de Viking, les deux frères se mirent à grimper de façon hasardeuse à l’arbre de la cour arrière. Ils sautèrent d’une branche et coururent saisir leurs luges. La poche alourdie par la rondelle, Jules enfourcha la sienne avec ardeur et, plus rapide, dévala la pente le premier pour finalement atterrir sur l’étang gelé.

Jules aimait s’exposer à ces périls qui lui donnaient quelques illustres égratignures. Il leva la tête au son d’une pétarade qu’il reconnut. Chevauchant une motoneige et vociférant des menaces contre Jacques qui l’assommait d’une boule de neige, Jérôme débouchait du garage. Il zigzaguait au risque de percuter contre la camionnette familiale. Soudain, un des skis heurta un amas de bûches fraîchement coupées. Les yeux écarquillés de surprise, Jules vit son frère s’envoler dans les airs, échevelé et les yeux rougis par l’alcool. Comme un aiglon qui décolle de son nid, il semblait vouloir embrasser l’univers à pleins bras. Le besoin d’expériences nouvelles atteignait son comble. Il brisa son nez sur la glace.

Jules entendit le hurlement de sa mère qui de la fenêtre avait assisté à l’envol périlleux, et la vit se précipiter hors de la maison une cuillère de bois à la main. Il comprit toute l’angoisse de sa mère, ses grandes frayeurs face aux aventures de ses fils, à leurs randonnées qui se terminaient en escalades dans les ravins ou sous les ponts, à leurs inoubliables virées en motoneige.

Jules se souvint soudain de sa course folle au sommet d’une colline, une nuit d’été, avec ses amis Coco et Martin. Ils s’étaient retrouvés sur leurs bicyclettes dans le but de partir s’échanger des photos de joueurs de hockey. Ils avaient fait une halte au bord de la route, le visage éclairé par des lampes de poche. Malgré le cri nocturne d’une chouette, ils se plaisaient à se croire les éléments perturbateurs du coin, quand brusquement quelques aboiements vinrent déchirer l’ambiance paisible. Ces aboiements s’amplifiant à une allure menaçante, ils enfourchèrent leurs bicyclettes dans un désordre ahurissant, laissant tomber leurs précieuses photos. Trois chiens n’étaient plus qu’à une vingtaine de mètres derrière eux quand Jules s’aperçut que Martin avait pris la bicyclette de Coco. Celui-ci galopait derrière son deux-roues tout en criant des injures à Martin, les bras en l’air. Jules fit un demi-tour rapide et, dérapant sur la route caillouteuse, invita Coco à s’asseoir sur le guidon, tandis que Martin disparaissait au loin dans un nuage de poussière. Les trois amis s’expliquèrent plus tard. Coco encore échauffé par l’aventure, vociférait de nouvelles insultes à Martin. Jules calma les opposants en leur proposant de retourner dorénavant sur la maudite colline, une arme dans leur poche, pour aller récupérer la bicyclette de Martin. Celui-ci choisit son canif de scout, Coco le marteau de son père et Jules trois cuisses de poulet enrobées dans un mouchoir…

Les yeux de Jules quittèrent leurs réflexions intérieures pour se poser à nouveau sur le spectacle qu’offrait Jérôme dont le nez saignait abondamment, soutenu par sa mère qui avait laissé tomber sa cuillère. D’une voix entrecoupée par l’émotion, elle disait à son père :

  • Va chercher de la glace et fais démarrer la camionnette. On part tout d’suite! 

  Extrait d'une collection de nouvelles en chantier sur une famille française en Saskatchewan  

Imprimer
21941

Marie-Diane ClarkeMarie-Diane Clarke

Autres messages par Marie-Diane Clarke
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Roger Gauthier : Trente ans d'engagement

Roger Gauthier : Trente ans d'engagement

Direction : Retraite

REGINA - Après de nombreuses années de service aux niveaux de la santé et de l’éducation, l’heure de la retraite a sonné pour Roger Gauthier.  

22 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (36339)/Commentaires (0)/
Le CSF informera les conseils des écoles fransaskoises

Le CSF informera les conseils des écoles fransaskoises

Campagne de lettres Touchez pas à la gestion scolaire fransaskoise

SASKATOON - Une proposition a été adoptée concernant la campagne de lettres Touchez pas à la gestion scolaire lors de la séance régulière du CSF, le 31 mai dernier.

22 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (25408)/Commentaires (0)/
Gilles Groleau récompensé

Gilles Groleau récompensé

Une carrière consacrée à l'éducation en français

REGINA - Gilles Groleau a été le récipiendaire du prix Dubois-Leblanc soulignant la qualité de son engagement au niveau du perfectionnement professionnel des enseignants dans les écoles fransaskoises.

 

22 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (28481)/Commentaires (0)/
Un budget scolaire 2017-2018 sous le signe des compressions

Un budget scolaire 2017-2018 sous le signe des compressions

Séance régulière du 31 mai du Conseil scolaire fransaskois

SASKATOON - Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a prévu des compressions budgétaires pour l’année scolaire 2017-2018, en réaction aux compressions annoncées par le gouvernement provincial de Brad Wall.

8 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (28980)/Commentaires (0)/
Huit nouveaux diplômés pour le Collège Mathieu

Huit nouveaux diplômés pour le Collège Mathieu

 

Huit finissants du Collège Mathieu sont partis sourire bien en vue avec leur diplôme en main à la suite de leur collation des grades, le 13 mai dernier à Regina.

27 mai 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (32944)/Commentaires (0)/
Activités sportives ou artistiques: quand notre petit ne sait plus quoi choisir

Activités sportives ou artistiques: quand notre petit ne sait plus quoi choisir

Nous rêvons tous de voir notre enfant s’épanouir, se développer dans un sport ou une activité artistique.
25 mai 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (38847)/Commentaires (0)/
Trois Fransaskois à Expo-science 2017

Trois Fransaskois à Expo-science 2017

L’Université de Regina accueillait le concours scientifique national Expo-Sciences du 14 au 20 mai dernier.
25 mai 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (25704)/Commentaires (0)/
Ottawa doit faire mieux pour les écoles des minorités

Ottawa doit faire mieux pour les écoles des minorités

Le gouvernement fédéral échoue à son devoir constitutionnel d’aider les parents canadiens à exercer leur droit d’envoyer leurs enfants dans les écoles de la minorité linguistique, tranche un comité des Communes.
25 mai 2017/Auteur: Mélanie Marquis (Presse canadienne)/Nombre de vues (28422)/Commentaires (0)/
Concours de l'ACELF: l’école de Bellevue remporte deux prix

Concours de l'ACELF: l’école de Bellevue remporte deux prix

L’ACELF récompense la créativité de la jeunesse francophone de l’Ouest et des territoires

L’école de Bellevue a remporté deux prix parmi les 20 décernés à l’échelle nationale, soit dans le volet Petite enfance et le volet Primaire/élémentaire.
5 mai 2017/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (28693)/Commentaires (0)/
Maman, je me lave tout seul !

Maman, je me lave tout seul !

Apprendre à son enfant l’autonomie dans son hygiène

Bien que l’enfant, dans son développement classique, aime faire « tout, tout seul », se laver correctement relève souvent du défi.

1 mai 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (42028)/Commentaires (0)/
La Cité Universitaire francophone célèbre ses talents

La Cité Universitaire francophone célèbre ses talents

REGINA - L’ambiance était électrique à la Cité universitaire francophone mercredi 12 avril, lors du 5 à 7 clôturant la session d’hiver.
28 avril 2017/Auteur: Marie Galophe/Nombre de vues (31008)/Commentaires (0)/
Emmanuel Aïto à la direction de la Cité universitaire francophone

Emmanuel Aïto à la direction de la Cité universitaire francophone

REGINA - Directeur par intérim de la Cité universitaire francophone depuis août 2016, Emmanuel Aïto a été choisi pour occuper la direction de l’institution pour les cinq prochaines années.
27 avril 2017/Auteur: La Cité universitaire francophone/Nombre de vues (26613)/Commentaires (0)/
Recours judiciaire envisagé par des parents de Regina

Recours judiciaire envisagé par des parents de Regina

Une cause qui pourrait changer le statut légal du préscolaire au pays

ST-DENIS - Le 9 avril dernier, les députés de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) réunis à St-Denis ont voté pour offrir un appui moral à la démarche juridique envisagée par des parents de Regina

13 avril 2017/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (38117)/Commentaires (0)/
Quand la fée des dents fait son apparition

Quand la fée des dents fait son apparition

« Maman, papa, ma dent bouge, je la sens !!! », crie notre petit ange partout dans la maison. Déjà ? Vraiment, déjà ? 
30 mars 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (46834)/Commentaires (0)/
Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Parfois, un cours 101 sur la gestion d’un OSBL est de mise.

15 mars 2017/Auteur: André Magny (Francopresse)/Nombre de vues (28890)/Commentaires (0)/
RSS
Première89101113151617Dernière

 - lundi 27 mai 2024