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Francine Proulx-Kenzle (EV) / 11 mars 2015 / Catégories: 2015, Société, Santé Une réflexion sur le suicide et le deuil La communauté de Domremy et Bellevue vit un grand deuil: le décès de Jordan Philibert est très triste et chargé d’émotions. Comment réagir à un tel choc qui vient nous chercher au plus profond de nous-même? Je ressens une grande empathie pour la famille Philibert et ses proches et leur offre mes plus sincères condoléances. Dans mon expérience de mère dont le fils s'est enlevé la vie il y a plus de cinq ans, je reconnais que ce sujet est toujours tabou pour plusieurs d’entre nous, qu'on a du mal à en parler. Cependant, saviez-vous que l’Organisation mondiale de la santé qualifie le suicide de problème de santé publique important? Parmi les 105 pays qui transmettent de l’information sur les causes de décès, le suicide figure maintenant parmi les trois principales causes de décès dans le groupe de personnes de 15 à 35 ans.(1) Suite au suicide de mon fils Jérémy et en plus, celui de son conjoint de fait Dave un mois avant, j’ai été propulsée dans un processus de deuil qui souvent tourne en rond, même encore aujourd’hui. Avec cet article, je vous invite à m’accompagner dans ma réflexion sur le suicide et le deuil. Mon but est d’apporter des étincelles d’espoir dans la vie de toutes personnes frappées par le deuil suite à un suicide. Pourquoi? Qu'est-ce que j'aurais pu faire? «Pourquoi?» C'est souvent la première question qui nous vient à l'esprit face à un suicide. «Pourquoi?» Il y a autant de raisons pour passer à l’acte qu'il y a de personnes qui se suicident. Il est impossible de trouver LA cause derrière une telle décision; la dynamique qui se met en place est complexe et difficile à démêler. On dit que le suicide n’est jamais causé par un seul facteur ou un seul événement. C’est l'accumulation et l'interaction de plusieurs facteurs, à un moment particulier dans la vie d'une personne, qui peuvent l'amener à vivre de la détresse et du désespoir. La personne tombe dans un tourbillon qui n’a pas de fond et fini par croire que la mort est la seule solution à son désespoir. «Et si seulement j’avais …» Souvent c’est l’idée qui surgit dans notre tête face à une situation de suicide. «Et si seulement j’avais…». Il est impossible de savoir exactement ce qui aurait pu faire une différence. Suite à un suicide, les proches ont tendance à revenir en arrière, vivre les dernières heures vécues avec le suicidé, analyser frénétiquement tous les détails. Cet exercice est épuisant et peut, ou non, apporter un certain soulagement. Après le décès de Jérémy, j’ai beaucoup revisité cette question et avec le temps, j’ai accepté le fait que je n’avais pas le contrôle sur ses actes. En fait, j’ai découvert que le seul contrôle que j’avais était sur moi, mes pensées et mes gestes. Ce que je sais avec certitude, c'est que le deuil déclenché par le suicide d’un proche est extrêmement pénible. Perdre un enfant est déjà difficile. Les enfants sont supposés enterrer leurs parents, non le contraire. Mais le perdre au suicide, c'est surréel. Des outils de survie Comment continuer à vivre sa vie, comment apprécier la vie après un tel choc? Comment faire face à la montagne russe d’émotions, y compris la confusion, la colère, la dépression et la culpabilité? La réponse est dans le choix conscient de chercher les outils de survie qui vont nous servir à cheminer dans le deuil. Ces outils sont nombreux et prennent plusieurs formes: prendre soin de soi sur le plan physique, s’entourer de personnes qui offrent leur appui et leur compassion, faire des sessions de counseling, exprimer ses émotions en partageant librement avec les membres de sa famille ou les amis, écrire dans un journal intime, créer des œuvres d’art, méditer ou prier. Pour moi, c’était tout ça! Deux ans après le décès de Jérémy et Dave, j’ai suivi la formation appliquée en techniques d’intervention face au suicide. Cette formation m’a beaucoup aidée à comprendre le suicide, à reconnaître les appels à l’aide et à y répondre… Je voulais faire ma part pour créer une communauté secourable. Aujourd’hui, je me sens mieux outillée pour faire une différence. Grâce à ma famille, à mes amis, à mes collègues de travail, à ma communauté, j’ai pu développer une résilience importante qui m’accompagne dans mon cheminement de deuil. Mettre le focus sur le moment présent et prendre une journée à la fois fait partie de cette résilience. Aujourd’hui, ma vie est transformée de façon positive grâce à l'appui inconditionnel que je ressens de mes proches et de vous tous. Un grand merci. (1) source : https://www.livingworks.net/utility/francais/ Imprimer 30047 Balises: Suicide Francine Proulx-Kenzle (EV)Francine Proulx-Kenzle Autres messages par Francine Proulx-Kenzle (EV) Contacter l'auteur Articles connexes Trois questions sur… la prévention du suicide Contrer le suicide grâce à Twitter Un filet sécuritaire humain pour prévenir le suicide Journée mondiale de la prévention du suicide le 10 septembre 2017 Imaginons… Le Réseau de santé en français de la Saskatchewan et le suicide : quelle marge de manœuvre? Prévention du suicide : des services adéquats en Saskatchewan? Le suicide Comments are only visible to subscribers.