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Pour les francophones comme pour les anglophones: À la conquête de l’Ouest canadien

Grâce à des investissements considérables du secteur privé au sein de l’économie, ses salaires élevés et son taux de chômage largement inférieur à la moyenne nationale, l’Ouest canadien offre des perspectives de carrières intéressantes.

Un constat qui n’échappe pas aux travailleurs de l’est du pays, et particulièrement aux jeunes, incluant les francophones qui viennent renflouer les nombres des communautés de langue française de l’Ouest.

Au cours de la dernière décennie, l’Ontario, le Québec ainsi que les provinces de l’Atlantique ont en effet vu les membres de leur population active migrer vers l’Ouest canadien par milliers. Trois provinces bénéficient de cet exode des jeunes de 25 à 34 ans, soit l’Alberta, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan.

En fait, l’Alberta constitue la destination de choix pour cette main-d’œuvre. Ainsi, de 2003 à 2012, l’Alberta a accueilli pas moins de 60 855 jeunes de 25 à 34 ans en provenance des autres provinces canadiennes, selon une étude récemment publiée par l’Institut Fraser.

Aucune autre province canadienne ne se compare à l’Alberta, en ce qui concerne l’engouement qu’elle suscite auprès des chercheurs d’emploi. Seules deux autres provinces, en l’occurrence la Colombie-Britannique (10 643) et la Saskatchewan (581), ont vu leur population augmenter chez les 25-34 ans.

L’Est perd des effectifs

En contrepartie, on compte un total de 27 451 Ontariens figurant dans ce même groupe d’âge qui ont déménagé dans une autre province entre 2003 et 2012, toujours selon les données sur la migration interprovinciale compilées par l’Institut Fraser. Les autres provinces touchées par cet exode des jeunes sont le Québec (24 355), le Manitoba (9 508), la Nouvelle-Écosse (6 317), le Nouveau-Brunswick (3 220), Terre-Neuve-et-Labrador (1 428) et l’Île-du-Prince-Édouard (904).

Néanmoins, en partie grâce à l’immigration, le Manitoba, l’Ontario et le Québec ont en quelque sorte réussi à limiter les dégâts, puisque la population chez les 25-34 ans a légèrement augmenté dans ces provinces, de 2003 à 2012. En ce qui concerne les quatre provinces de l’Atlantique, le nombre de 25-34 ans y a légèrement chuté.

L’Institut Fraser attribue cette situation à l’emploi, en s’appuyant sur le taux de chômage annuel moyen beaucoup plus faible en Alberta (4,2%) et en Saskatchewan (4,8%) qu’en Ontario (7,1%), par exemple.

Le salaire y est aussi pour quelque chose, alors que l’on estime que le salaire annuel moyen de 52 207 $ qu’offrait l’Alberta en 2012 constitue un attrait non négligeable. Toujours pour 2012, le salaire moyen était de 40 838 $ en Ontario et d’environ 35 000 $ au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince Édouard. 

Une francophonie plus vibrante

Bien que l’étude de l’Institut Fraser ne tienne pas compte de la langue, il va de soi que parmi les dizaines de milliers de jeunes parents et futurs parents ayant migré de l’est vers l’ouest du pays au cours de la période étudiée, on retrouve un important nombre de francophones.

Ce n’est donc pas une coïncidence si à l’automne 2012, dernière année sur laquelle s’est penchée l’étude, les inscriptions étaient en hausse au sein des cinq conseils scolaires francophones de l’Alberta.

Dans deux de ces conseils scolaires, soit le Conseil scolaire Centre-Nord et le Conseil scolaire Franco-Sud, on a observé des hausses de 12% au niveau des inscriptions, comparativement à l’année précédente.

« La mobilité des travailleurs a un impact majeur pour nous. On est rendu à un point où les infrastructures et les services en place ne peuvent plus fournir à la demande. Par exemple, à Edmonton, on entend parler français partout », confirme Jean Johnson, président de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA).

« Beaucoup d’écoles débordent puisqu’elles ont été conçues en fonction d’une population beaucoup plus basse. Ça représente de très gros défis, mais également de belles opportunités pour nous. Il est très important de ne pas manquer notre coup au niveau de l’intégration de ces nouveaux francophones », poursuit M. Johnson.

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