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Tabou no more

Services en français : la Saskatchewan peut mieux faire

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Michel Dubé
Michel Dubé préside le Comité consultatif en matière d’affaires francophones depuis plusieurs années.
Crédit : Courtoisie

Du chemin reste à faire pour que les Fransaskois disposent de services adéquats en français dans les domaines de la santé et la sécurité publique. C’est ce que dénonce le dernier rapport du Comité consultatif en matière d’affaires francophones, publié en mai 2021. Plusieurs pistes d’améliorations sont identifiées.

En Saskatchewan, recevoir des services de santé ou des alertes de sécurité publique en français est loin d’être un acquis. Plusieurs éléments restent à améliorer malgré les efforts consentis jusque-là par le gouvernement et ses agences publiques.

C’est en gros le principal constat qui ressort du dernier rapport du Comité consultatif en matière d’affaires francophones sur la santé publique et les situations d’urgences, publié et transmis au gouvernement de la province en mai 2021.

Des efforts à poursuivre

« Le gouvernement de la Saskatchewan reconnaît l’importance de renforcer les services axés sur les citoyens et se réjouit que le Comité ait suggéré des façons d’améliorer les services offerts aux francophones de notre province », affirme Todd Goudy, secrétaire législatif responsable des Affaires francophones.

En septembre 2020, le Comité consultatif avait rencontré les représentants de l’Autorité de la santé de la Saskatchewan, l’Agence de sécurité publique de la Saskatchewan ainsi que les organismes de la communauté fransaskoise. L’objectif était de discuter de l’accès aux services en français dans des secteurs bien précis et dégager des recommandations. 

Certes, des actions ont été entreprises par le gouvernement provincial. Par exemple, un projet financé par le fédéral et exécuté par l’Autorité de la santé de la Saskatchewan est en train d’évaluer les capacités linguistiques du personnel et d’identifier de nouveaux points de services en français.

Plusieurs recommandations

Todd Goudy
Todd Goudy, secrétaire provincial et responsable des Affaires francophones de la Saskatchewan
Crédit : Courtoisie

Toutefois, plusieurs pistes d’améliorations de la politique des services en français dans la santé et la sécurité publique nécessitent l’action du gouvernement, d’autant plus en temps de pandémie et de changements climatiques. À commencer par l’établissement de relations officielles entre les organismes fransaskois et les départements gouvernementaux œuvrant dans la santé et la sécurité publique.

Cette doléance fait l’objet de deux des six recommandations du Comité consultatif. « Le dernier rapport du Comité consultatif en matière d’affaires francophones est une perche tendue à l’Autorité de la santé de la Saskatchewan. Au Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS), nous voulons établir des relations officielles avec eux pour contribuer à une offre active de services en français », souligne Abdoulaye Yoh, président du RSFS. 

Pour ce dernier, le travail du comité est un bon pas en avant, mais les recommandations ne doivent pas rester des vœux pieux. Pour cela, le RSFS fera le suivi auprès des départements concernés dès la rentrée prochaine de septembre. 

Même son de cloche du côté de la Fédération des aînés / Vitalité 55+. « On a la chance d’avoir ce comité pour transmettre nos doléances, même s’il y a peu de retours. Notre priorité est d’établir une relation officielle avec le ministère chargé des aînés, et nous ferons le suivi nécessaire pour atteindre cet objectif », explique Éric Lefol, directeur général de l’organisme.

Le dossier des aînés francophones en Saskatchewan constitue un enjeu de taille, aussi bien pour le gouvernement de la Saskatchewan que la communauté fransaskoise. Le rapport montre que la population francophone âgée de plus de 65 ans représente 33,7 % du total de la population francophone, soit un peu plus du double de ce que représentent les aînés au sein de la population anglophone. 

Toujours selon le rapport qui cite les résultats d’une recherche de l’Université McMaster en Ontario, les populations bilingues vieillissantes perdent petit à petit les capacités linguistiques de la langue majoritaire et retournent vers l’usage de leur langue maternelle.

L’identification et le renforcement des effectifs de fonctionnaires bilingues, l’usage du français dans les alertes fédérales diffusées par SaskAlert, ou encore l’examen de la diffusion en français des alertes provinciales sont les trois autres recommandations contenues dans le rapport du Comité consultatif en matière d’affaires francophones. 

Besoin de plus de fonctionnaires bilingues

À ce jour, seulement 250 fonctionnaires provinciaux sont en mesure de communiquer en français. Rien que dans la santé, ils devraient idéalement être pas moins de 800 si l’on retient 2 % de l’effectif total, ce qui correspond au pourcentage de francophones en Saskatchewan.

« Dans le secteur de la santé publique et des situations d’urgence, il est essentiel que les citoyens dont la langue première n’est pas l’anglais comprennent bien les messages provenant des autorités », souligne Michel Dubé, président du Comité consultatif. 

Si les problèmes et des pistes de solutions sont désormais identifiés, seule l’action du gouvernement provincial pourra changer la donne. Le directeur général de la Direction des affaires francophones Charles-Henri Warren a assuré à l’Eau vive que le rapport a bel et bien été transmis aux départements et agences publiques de la province. La balle est donc dans le camp de l’équipe de Scott Moe.

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