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En quelques mots

Les nouveaux habits de la francophobie au Canada

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Chers amis
La francophobie s’est donné de nouveaux habits : ceux du populisme. Ses adeptes reprennent de vieux discours qui opposent la francophonie et le bilinguisme à l’économie. Les discours de la « rigueur budgétaire », de la réduction des déficits et de l’élimination des dépenses « non nécessaires » au nom du « gros bon sens » sont simplistes. Ne nous leurrons pas : derrière ce vernis se cache un vieux mal canadien, une intolérance toujours présente et qui surgit périodiquement pour assiéger la francophonie canadienne. Bien que de nombreuses études le démontrent, notamment au Nouveau-Brunswick, mais également en Ontario, le bilinguisme, loin d’être un fardeau, est au contraire une force motrice de l’économie, tant dans les domaines de la culture, du tourisme et du commerce.

Au Nouveau-Brunswick, le Parti conservateur de Blaine Higgs, ancien membre du parti Confederation of Regions (CoR), un regroupement populiste qui militait ouvertement contre les droits linguistiques des francophones de la province durant les années 1990, vient de former un gouvernement avec l’appui de trois députés de la People’s Alliance of New Brunswick (PANB), l’héritier du CoR. L’abolition de la dualité linguistique était, rappelons-le, le fer de lance du PANB, qui utilise un discours portant sur le « bon sens économique », pour justifier l’embauche de professionnels unilingues et proposer des compressions majeures dans de nombreux secteurs dont celui de la santé et l’éducation.

En Ontario, c’est de nouveau un parti progressiste-conservateur qui, au nom du « gros bon sens économique », torpille le projet de l’Université de l’Ontario français (UOF), élimine le Commissariat aux services en français (CSF) et le poste de commissaire détenu par François Boileau depuis plus de 10 ans. Le premier ministre Doug Ford et son ministre des finances Vic Fedeli multiplient ainsi les attaques ciblées contre l’Ontario français sous le couvert de la « rigueur budgétaire ». Dans sa quête de 15  milliards, le gouvernement Ford fait feu de tout bois et impose des compressions qui ne représentent que 2,9 millions en ce qui concerne le CSF et environ 12 millions par année en ce qui a trait à l’UOF. Difficile de ne pas y voir une attaque en règle contre des acquis durement gagnés. Le tout, soulignons-le, a été fait sans consultation préalable avec la communauté franco-ontarienne.

De toute évidence, les gouvernements populistes de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick mobilisent les arguments fiscaux comme autant d’écrans de fumée pour cacher la vérité qu’ils ne peuvent ouvertement avouer : que la protection des minorités de langue officielle ne mérite pas des investissements, aussi minimes soient-ils. Pire, en insistant sur l’idée que nous formons un peuple uni et indivisible, les minorités ne méritent pas de protection, car leur existence n’est pas légitime pour ces gouvernements. Ces prises de position récentes, en Ontario comme au Nouveau-Brunswick, sont symptomatiques d’un nouveau durcissement idéologique de la droite populiste canadienne-anglaise contre le fait français au Canada. Rappelons que l’Ontario a eu Mike Harris, qui a fait vivre un grand traumatisme collectif à la francophonie ontarienne lors de son annonce de la fermeture de l’Hôpital Montfort.

Si les attaques contre les populations acadiennes et canadiennes-françaises aux XIXe et XXe siècles visaient à favoriser un projet d’homogénéisation culturelle et linguistique fondé sur l’idée de la supériorité de l’anglais et du protestantisme, le discours populiste repose sur un rejet des institutions et la protection des minorités. Le discours idéologique de la lutte au déficit n’est pas nouveau, mais la nouvelle droite populiste l’utilise de façon efficace pour imposer un programme politique qui polarise les groupes et mine la cohésion sociale.

Il ne reste plus qu’à se rappeler le mot d’ordre lancé lors de la fondation du Droit en 1913 : « L’avenir est à ceux qui luttent ».

Collectif

Auteurs :

  • Stéphanie Chouinard, professeure adjointe, Collège militaire royal (Kingston)
  • Serge Miville, professeur adjoint, Chaire de recherche en histoire de l’Ontario français, Université Laurentienne (Sudbury)
  • Michel Bock, Professeur agrégé, Université d’Ottawa
  • Isabelle Bourgeois, Professeure agrégée, ENAP
  • Ariane Brun del Re, Doctorante, l’Université d’Ottawa
  • Kevin Brushett, Professeur associé, Collège militaire royal (Kingston)
  • Linda Cardinal, Chaire de recherche en francophonie et politiques publiques, Université d’Ottawa
  • Isabelle Caron, Professeure adjointe, Université Dalhousie
  • François-Olivier Dorais, Professeur adjoint, Université du Québec à Chicoutimi
  • Marie-Michèle Doucet, Professeure adjointe, Collège militaire royal (Kingston)
  • Serge Dupuis, consultant, rrcdupuis.com, membre associé, CEFAN
  • Marie-Hélène Eddie, Doctorante, Université d’Ottawa
  • Pierre Foucher, Professeur agrégé, Centre de recherche en civilisation canadienne-française, Université d’Ottawa
  • Anne Gilbert, Professeure agrégée, Centre de recherche en civilisation canadienne-française, Université d’Ottawa
  • Jean-François Laniel, Postdoctorant, University of Michigan
  • Rémi Léger, Professeur adjoint, Simon Fraser University
  • Martin Meunier, Professeur agrégé, Université d’Ottawa
  • Martin Normand, Postdoctorant, Université d’Ottawa
  • Jean-François Savard, Professeur agrégé, ENAP

Les francophones au Canada

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