Chaque année, la francophonie canadienne doit dire adieu à des figures de proue. L’année 2024 est marquée par la disparition de personnalités politiques rassembleuses, d’artistes de talent et de francophones au grand cœur. Profitons de la fin de l’année pour souligner le départ de certaines de ces personnes.
Scène nationale
Brian Mulroney (29 février)
Premier ministre canadien de 1984 à 1993, Brian Mulroney est décédé le 29 février. Ses origines québécoises ne l’ont pas empêché de devenir un allié de la francophonie canadienne. Même avant son élection, il avait pris position en ce qui a trait à la place que devait occuper la francophonie en milieu minoritaire. Il s’est déclaré favorable au bilinguisme provincial au Manitoba, n’hésitant pas à partager l’avis des autres chefs fédéraux. Il n’a pas dérogé de ses convictions après son élection, offrant la première modernisation de la Loi sur les langues officielles en 1988, 19 ans après son adoption.
Benoît Pelletier (30 mars)
L’avocat québécois enseignait à l’Université d’Ottawa avant de faire le saut en politique provinciale québécoise. Il a mené le rapprochement du Parti libéral du Québec avec le reste du Canada, gagnant au passage le titre de père du Conseil de la fédération. Il a occupé les rôles de ministre québécois des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne pour le gouvernement québécois. En 2006, il dépose la nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, qui a mené à la création du Centre de la francophonie des Amériques, à Québec, en 2008. Benoît Pelletier a été l’un des premiers à parler de droits linguistiques asymétriques, un concept inclus dans la refonte de la Loi sur les langues officielles de 2023.
Atlantique
Louis Arsenault (5 janvier)
Originaire de Saint-Charles de Kent au Nouveau-Brunswick, Louis Arsenault a largement contribué à la vitalité de sa région natale. En plus d’avoir été maire de Saint-Louis de Kent pendant 35 ans, il a été l’un des acteurs importants de cette localité avec la création du Centre AquaKent, la fondation de l’école Mgr-Marcel-François-Richard et l’installation du drapeau acadien géant. Il a aussi été membre du conseil d’administration de Radio Beauséjour, qui diffuse dans la région de Shediac au Nouveau-Brunswick.
Gisèle Lavoie (15 janvier)
Native de France et arrivée dans la région de Sydney en Nouvelle-Écosse en 1974, Gisèle Lavoie a été, avec son époux Laurent, le moteur du groupe de parents qui a revendiqué et obtenu la première école de langue française dans cette ville en 1996. La communauté reconnait d’ailleurs qu’elle doit son centre scolaire et communautaire à la détermination et au courage de cette ardente défenseure des droits des francophones en milieu minoritaire. Gisèle Lavoie laisse un héritage tangible qui profitera aux générations futures de francophones à Sydney.
Pierre Arsenault (11 mars)
Président fondateur du conseil d’administration de l’hebdomadaire La Voix acadienne de l’Île-du-Prince-Édouard, Pierre Arsenault était un grand défenseur des droits des Acadiens et Acadiennes et de la minorité francophone. Il a entre autres été président de la Société Saint-Thomas-d’Aquin (Î.-P.-É.) et de la Société nationale de l’Acadie, en plus d’avoir été membre fondateur de la Fédération des francophones hors Québec, conseiller juridique du Comité de parents pour l’éducation en français à l’Île-du-Prince-Édouard, membre du bureau de direction du Programme de contestation judiciaire du gouvernement canadien, du comité de monitoring de la Convention relative aux droits des enfants des Nations unies et membre du conseil du Centre des arts de la Confédération de Charlottetown.
Louise Comeau (4 mai)
Acadienne originaire de la Nouvelle-Écosse, Louise Comeau a été, en 1975, la première femme au Canada à devenir présidente d’une association francophone provinciale, soit la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE). Elle a aussi travaillé avec l’Association des femmes acadiennes de la Nouvelle-Écosse, le Réseau de développement économique et d’employabilité de l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É) et la Société de développement de la Baie acadienne. Elle a mené la création de la Chambre de commerce acadienne et francophone de l’Î.-P.-É et du Centre d’action rural de Wellington, à l’Î.-P.-É.
Marcel-Romain Thériault (10 mai)
Marcel-Romain Thériault était un comédien et un auteur originaire de la péninsule acadienne, au Nouveau-Brunswick. Formé à Moncton et à Montréal, il s’est surtout fait connaitre auprès du grand public pour ses rôles dans les séries télévisées Belle Baie, Le Clan, Conséquences, Le siège et À la valdrague. Il a aussi été finaliste de divers prix pour ses textes théâtraux Le Filet et La persistance du sable.
Réginald Gagnon, dit «Cayouche» (29 mai)
L’auteur-compositeur-interprète country de Moncton, Réginald Gagnon, était un défenseur de l’identité acadienne. Dès son premier album, baptisé Le Vieux Hippy, il aborde dans ses chansons la vie quotidienne, les amours et les défis de sa communauté. Son surnom de Cayouche est né pendant son adolescence à Boston, devant l’ignorance de l’identité acadienne au sud de la frontière canadienne. Il a enregistré cinq albums entre 1994 et 2011. Son ami et ex-gérant, Jean-Marc Dufour, rappelle que Cayouche est probablement l’artiste ayant vendu le plus grand nombre d’albums en Acadie.
Mario LeBlanc, dit «Fayo» (30 septembre)
Né a Dieppe au Nouveau-Brunswick, mais ayant vécu plusieurs années à l’Île-du-Prince-Édouard, Mario LeBlanc a lancé son premier album, La fièvre des fèves, en 2001. L’année précédente, il avait remporté le Prix de l’auteur-compositeur au Gala de la chanson de Caraquet. Il faisait partie des jeunes poètes des années 1990 influencés par Moncton et le chiac. Ses trois albums lui ont permis de tourner au Canada et en Europe, jusqu’à faire la première partie de Roch Voisine.
Ontario
Denis St-Jules (26 février)
Le Franco-Ontarien originaire de Sault-Ste-Marie a été un des piliers du mouvement culturel franco-ontarien à Sudbury dans les années 1970. Il a participé à la création de la pièce fondatrice Moé j’viens du Nord ‘stie – qui a mené à la création du Théâtre du Nouvel-Ontario et de la Coopérative d’artistes du Nouvel-Ontario –, de la Nuit sur l’étang et des Éditions Prise de parole. Il a ensuite travaillé pendant 30 ans à Radio-Canada dans le Nord de l’Ontario.
Omer Cantin (1er juin)
Omer Cantin était une figure de proue de la francophonie à Hearst, dans le Nord de l’Ontario. Il était l’un des fondateurs du journal Le Nord et en a longtemps été le propriétaire. Dans sa ville, il avait fondé Les Éditions Cantinales et la librairie Le Nord. Il est aussi derrière la Fondation Omer-Cantin et a participé à la création de la Société historique de Hearst et de la région en plus de la Société d’histoire et de généalogie de Kapuskasing.
Irène Morin (3 juin)
Mississauga doit sa première école francophone à Irène Morin. Elle avait pris la tête du groupe qui la réclamait et, avec l’aide de l’ACFO provinciale, ils ont obtenu l’école après 10 mois de négociations. Elle avait fait ses premiers pas dans les associations francophones avec le Club À la Claire Fontaine de Mississauga-Oakville. Le fondateur du journal L’Express de Toronto, Jean Mazaré, a affirmé que c’est grâce à son emploi comme graphiste au journal Courrier Sud – où il avait été embauché par Irène Morin – qu’il a pris l’initiative de lancer son journal à la fermeture du Courrier.
Ethel Coté (16 octobre)
La liste des réalisations de la Franco-Ontarienne Ethel Coté est longue. Elle aura surtout marqué le développement économique en tant que directrice générale d’ImpactON et en tant que fondatrice de l’entreprise d’innovation sociale mécènESS. Au cours de sa vie, elle a aussi été présidente fondatrice du théâtre la Nouvelle Scène à Ottawa, entre autres. Elle a reçu différents grands honneurs, tels l’Ordre de l’Ontario, le Grade de Chevalier de la Pléiade et l’Ordre du Canada.
Denis Gratton (7 décembre)
Le journaliste et célèbre chroniqueur franco-ontarien Denis Gratton a montré que les plumes aiguisées avaient un rôle à jouer dans les luttes identitaires. Originaire de Vanier, un quartier d’Ottawa, il est entré au journal Le Droit en 1993. Deux ans plus tard, il se voyait offrir la possibilité de suivre les Casques bleus canadiens en Bosnie. Sa carrière de chroniqueur est ainsi née de l’autre côté de l’Atlantique. Il a produit, pendant 30 ans, bon nombre de séries spéciales sur la francophonie minoritaire et s’est engagé pleinement dans la lutte pour conserver l’Hôpital Montfort, seul hôpital francophone de l’Ontario.
Gérard Parent (10 décembre)
Franco-Ontarien originaire du Nord de la province, Gérard Parent a été directeur général des Centres d’accueil Héritage pour les ainés de Toronto, de 2003 à 2012, et coordonnateur des services en français du ministère de la Santé de l’Ontario. Il a défendu les services en français pour les ainés aussi bien dans son travail qu’à titre bénévole.
Ouest
Ian C. Nelson (1er février)
Né en Angleterre, Ian C. Nelson est l’un des pionniers du théâtre en français en Saskatchewan. De retour dans la province où il a grandi après des études à Montréal, il a fondé Unithéâtre, en 1969. Des anciens d’Unithéâtre ont ensuite créé La Troupe du Jour en 1985. Ian C. Nelson a continué à travailler avec eux en tant que conseiller dramaturgique.
Nord
Renée Marguerite Gabrielle Alford (7 mai)
Parisienne ancrée au Yukon depuis 1951, Renée Marguerite Gabrielle Alford a été à l’origine de la création de plusieurs organismes du territoire. En 1969, elle a cofondé l’Association yukonnaise des services à la famille. Par la suite, elle a été présidente de la Federation of Home and School Associations of the Yukon, a été une des responsables de la création du centre des jeunes parents et a participé à la création des programmes d’immersion en français dans les écoles du territoire. En 1997, elle a reçu le Prix du gouverneur général pour l’entraide.
Joseph Felix Novak (29 aout)
Montréalais d’origine, Joseph Novak s’est installé au Yukon en 2006, après une longue carrière dans les Forces armées canadiennes. Il a marqué sa communauté en 2021 en versant un don d’un million de dollars à la Fondation des hôpitaux du Yukon pour l’achat d’un appareil de mammographie et pour les services en santé mentale. Il a aussi remis 150 000 $ à l’Université du Yukon pour créer une bourse pour les étudiants et étudiantes autochtones en journalisme. La même année, il recevait la Médaille de la Légion d’honneur des mains du grand chancelier de la Légion d’honneur.
Rolf Blakstad Hougen (5 septembre)
Rolf Hougen est un entrepreneur qui avait à cœur d’améliorer la vie au Yukon. Au-delà du magasin familial, il s’est engagé dans la communauté en étant un des fondateurs de la Young People’s Association et le président fondateur du festival d’hiver Rendez-vous et de la Fondation du Yukon. Après un an en France avec sa famille, il se voit offrir le poste bénévole de consul honoraire de France à Whitehorse, une fonction qu’il a occupée pendant 20 ans. Il a reçu le titre d’officier de l’Ordre national du Mérite en 1992 et de la Confrérie des chevaliers du Tastevin en 1997.