Depuis que le confinement à la maison a été imposé le 20 mars dernier par la province, les écoles en Saskatchewan ont fermé leurs portes au profit de cours en ligne à partir du 6 avril. De leur côté, les parents se convertissent au télétravail, un mode de vie inhabituel parfois anxiogène. Comment les familles s’organisent-elles en ces temps de crise ? Témoignage de deux d’entre elles.
Selon la psychologue Sarah Laporte-Daube, qui exerce à Grenoble en France, « dès que les règles sont un peu floues, les enfants les contournent, alors qu’en réalité ils sont plutôt demandeurs de règles parce que, pour eux, c’est plus rassurant ».
Les règles en confinement doivent donc être particulièrement claires. Il ne faut pas oublier de bien encadrer la journée et de prévoir des horaires pour travailler et pour se divertir. Les lieux où les différentes activités se déroulent doivent être précisés à l’enfant, recommande la psychologue.
Une nouvelle routine à établir
Plusieurs parents définissent ainsi un programme bien précis. Chantal Rogal, mère de quatre enfants en bas âge à Vonda, dévoile sa routine familiale : « Le lever des enfants est à 9 h, suivi de la danse pendant quelques minutes comme exercice, au rythme d’une chanson qu’ils choisissent eux-mêmes. Par la suite, en journée, c’est la lecture en famille, suivie de la grosse activité du jour à faire en famille ». Cette routine est temporaire selon la mère de famille, car elle commencera bientôt son télétravail en tant qu’enseignante.
La famille de Guy Gérard Ngako, à Saskatoon, se soumet aussi à un emploi du temps flexible et adapté aux nouvelles réalités. Certes, cela entraîne un chamboulement, mais cet emploi du temps regorge de nouvelles activités pour ses cinq enfants : « Nous avons essayé de tout réorganiser vu la taille de ma famille », indique-t-il.
En cette période de confinement, le maintien d'une activité physique ou ludique contribue à rester sain de corps et d'esprit. En outre, il est plus que nécessaire pour les parents d’aider les enfants à être à la hauteur des attentes scolaires à travers des activités éducatives suggérées par leurs enseignants ou tirées de sites internet.
De nouveaux passe-temps
Chantal Rogal met l’accent sur les activités manuelles, éducatives et didactiques puisque ses enfants ont entre 1 et 7 ans. « Je peux leur montrer comment faire du pain ou de la cuisine. Nous faisons des mathématiques, de la lecture et nous pratiquons la calligraphie. Nous faisons aussi des jeux de cartes et de société ensemble. Les aînés de 7 ans apprennent à être autonomes en nettoyant leur chambre, en passant le balai et en faisant de la lecture avec leurs cadets », détaille-t-elle.
Chez Guy Gérard Ngako, les jeux de société sont sortis des placards et les activités physiques en ligne sont au programme. « Nous pratiquons du ping-pong et les enfants ont la permission de s’amuser dans la cour arrière en journée. Nous avons aussi des jeux autour de la numératie et de la littératie. Les soirées cinéma avec les enfants sont également des moments appréciés en famille », ajoute-il. Pour lui, cette organisation est provisoire en attendant la reprise de l’école à distance.
« Quand je travaille, j’ai normalement des pauses, mais avec des tout-petits à la maison j’ai zéro temps de repos pendant la journée. Aussi, c’est difficile de garder occupé le plus petit qui a un an, car il n’y a pas de télévision chez nous », constate Chantal.
Chez Guy Gérard, le confinement engendre de l’insatisfaction et de la nostalgie auprès des enfants : le sport intense en semaine leur manque, tout comme la socialisation avec les amis et les achats en magasins, des habitudes de vie en suspens.
Tirer le meilleur du confinement
Si, pour certains, l’activité physique et la socialisation sur les réseaux sociaux permettent d’échapper au sentiment de solitude et de peur, le confinement est pour Guy Gérard et son épouse Virginie une occasion de renforcer les liens familiaux.
Ce temps de repos est aussi favorable à l’adoption d’un comportement studieux : « Le confinement crée plus d’occasions d’apprentissage pour les enfants, ce qui leur permet de développer des aptitudes qui leur seront utiles dans la vie », estiment les deux parents.
Enfin, pour Chantal Rogal, le confinement est une occasion admirable de voir ses enfants grandir, s’épanouir ensemble et tisser des liens de fraternité plus forts. La maman ponctue : « C’est beau de voir comment les enfants peuvent être aussi créatifs. »