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Michel Marchildon
/ Categories: Société, Voyages

De Montréal à Prud'homme

« Ça faisait longtemps que je voulais aller découvrir la Saskatchewan. J’ai un bon ami qui vient de là puis chaque fois qu’il m’en parlait, j’avais juste le goût d’y aller. »

D’origine acadienne, Geneviève Bolduc quitte Montréal au mois de juillet 2021 avec son copain avec l’intention de profiter de la pandémie de la Covid-19 pour travailler à distance tout en découvrant le Canada. Leur destination finale? La Saskatchewan. Avec leurs équipements de camping dans le coffre de la voiture et les deux vélos attachés au support à vélo, ils prennent la Transcanadienne vers de nouveaux horizons.

Après des arrêts en Ontario et la traversée du Manitoba, ils conduisent jusqu’à Regina où ils louent une maison dans le Quartier de la Cathédrale via Air B&B.

« C’était fantastique. Regina nous a permis de découvrir le « vibe » de la Saskatchewan. On travaillait ‘au bureau’ le jour, mais le soir on sautait sur nos bicyclettes et on partait découvrir la ville. On a assisté à un show de stand-up avec 3 comédiens, dont un de Regina et un autre de Prince Albert. Ils étaient excellents! Celui de Prince-Albert utilisait toutes sortes de mots qu’on ne connaissait pas comme « gitch » et « bunny hug ». On a aussi visité le Parlement – vraiment incroyable! – et on a fait le tour des micro-brasseries! »

En route pour le Sud

Par la suite, le couple prend la route vers le sud. Premier arrêt, Moose Jaw, une jolie ville avec ses vieux édifices aux murs couverts de fresques historiques. « On est allé visiter les tunnels souterrains d’Al Capone. Les comédiens étaient vraiment bons. Ç’a été une des découvertes préférées de mon chum! ». Ensuite, encore de la route – « une chose est sûre, en Saskatchewan il faut être prêt à faire beaucoup de route! » -, le couple atteint le village mythique de Gravelbourg et se dirige directement à l’impressionnante cathédrale.

« La porte était barrée mais y’avait une feuille avec un numéro de téléphone alors on a appelé. Le monsieur nous a répondu en français et on lui a expliqué qu’on était de Montréal puis qu’on se demandait si c’était possible de visiter la cathédrale. Il nous a répondu « bien sûr, bien sûr! » et il nous a dit de nous rendre au Musée de Gravelbourg où des jeunes sont venus nous ouvrir la cathédrale. On se serait pensé à Rome.. c’est immense et partout au plafond y’a des tableaux. Après ça, mon chum avait une rencontre Zoom alors on s’est dit qu’on irait prendre un bon café au lait au Café Paris. On rentre là puis on s’adresse en français au comptoir… puis là on a réalisé que le personnel dans la place ne parlait français. On a réalisé que ça ne doit pas être facile d’être francophone dans ce coin-là. »

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Mo, le plésiosaure de Ponteix Crédit: Courtoisie de Geneviève Bolduc

Les amis iront poser leur tente au parc du lac Thomson, à quelques kilomètres. Le lendemain, ils conduisent direction Ouest et s’arrêtent à l’entrée du village de Ponteix prendre des selfies avec Mo, le plésiosaure découvert par un fermier du coin pour ensuite conduire au village visiter la « cathédrale », une église plus grande que nature.

« Ensuite on s’est rendus au Centre culturel, mais y’était fermé; je crois qu’on était dimanche. » Ils poursuivront leur route jusqu’à Val Marie où ils auront tous les deux le souffle coupé par l’immensité désertique des Badlands. Ils posent leur tente au terrain de camping du Parc national des prairies et passent quelques jours à faire des randonnées et à s’émerveiller des animaux et des étendus de terrains restés à l’état sauvage. « Définitivement notre endroit préféré de tout le voyage! Jamais on n’avait vu un coin de pays pareil. C’est tellement beau. Je veux absolument y retourner un jour! ». 

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Les Badlands du Sud de la Saskatchewan Crédit: Courtoisie de Geneviève Bolduc

Escapade dans le Nord

Leur route se poursuit ensuite jusqu’en Alberta avec l’intention d’aller découvrir les Rocheuses, mais la présence de fumée provoqué par les feux de forêt leur enlève tout le plaisir; il est difficile de respirer, et la fumée épaisse réduit la visibilité et leur empêche d’apprécier le décor. Ils décident de faire demi-tour et de retourner explorer davantage la Saskatchewan. Ils passent quelques nuits dans le Parc Interprovincial Cypress Hills avant de regagner le parc Grasslands où ils passeront quelques jours à découvrir cette fois le « West Block » de l’énorme parc. Prochaine destination, le lac Waskesiu situé au nord de la ville de Prince-Albert. « Notre ami nous avait parlé de la maison de Grey Owl, un ‘MUST’ selon lui alors on voulait absolument aller voir ça. On a loué un canot à Waskesiu puis on est parti faire trois jours de canotage. Les portages n’étaient vraiment pas faciles, mais le paysage était superbe et on n’avait jamais vu un parc aussi bien organisé. À chaque site de camping y’avait une table de pique-nique, un « bear cache » et tout le bois de chauffage que tu voulais. On n’est pas des grands canoéistes, alors après 3 jours nos bras en avaient eu assez.  

Le couple décide de troquer le canot pour les bottes de marche et se rendent à pied jusqu’au chalet de Grey Owl. « C’était environ 25 miles - en Saskatchewan on parle encore en miles! - ajoute-elle entre parenthèses en souriant. On a campé au Nord du lac Kingsmere. C’était incroyable. On avait une plage de sable doux juste pour nous deux, puis c’est là qu’on a vu le plus beau coucher de soleil! On avait eu pas mal de pluie alors ç’a été tout un cadeau! Puis le lendemain, on a marché jusqu’au petit lac Ajawaan où se trouve la fameuse cabine de Grey Owl. C’est une maison de log avec collé à un mur la maison de castors qui touche à l’eau. C’est fou, y’habitait là avec deux castors! Puis pas loin y’avait une autre maison où sa femme habitait avec les enfants. Tu me parles d’une histoire! On a signé le registre des visiteurs. Cette année-là, c’était presque toutes des personnes de la Saskatchewan, mais on nous a dit qu’il y avait aussi des gens viennent de partout au monde. On se sent vraiment privilégiés d’avoir pu découvrir cet endroit. C’est fou comment le monde de l’Est n’a aucune idée de tout ce qu’il y a à explorer en Saskatchewan!

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La cabane de Grey Owl Crédit: Courtoisie de Geneviève Bolduc

Lorsque Geneviève et son copain redescendent à Saskatoon, ils découvrent avec plaisir un nombre important d’excellents cafés, restaurants et bars ainsi que les pistes cyclables qui longent la rivière Saskatchewan. « C’est vraiment le paradis des cyclistes. La ville a tellement de style, une vraie oasis. Je me disais que pour tenir des conférences d’affaires, oubliez Ottawa, venez à Saskatoon! ».

Pourquoi Prud’homme?

Une dernière destination s’imposait avant de repartir pour Montréal. Avant même de quitter Montréal, alors que Geneviève annonce à sa mère son intention de partir découvrir la Saskatchewan, sa mère lui révèle que son père, le grand-père à Geneviève, est né à Prud’homme, en Saskatchewan! « Je ne pouvais pas le croire. Il s’appelait Bernard Désilets. Ils ne sont pas restés longtemps, un an à peine. Y’ont trouvé ça trop dur alors ils sont retournés au Québec. Mais il fallait absolument que j’aille voir Prud’homme! Il a fallu choisir entre cette destination plutôt que Batoche. À Prud’homme, j’ai pris des photos de l’église, de l’ancien hôtel et du chemin d’entrée du village. C’est tout petit, mais je n’arrêtais pas de penser à mon grand-père puis le fait que sa famille, arrivée en train, avait espéré pourvoir faire sa vie ici. Dans le temps, la Saskatchewan c’était comme le Klondike. Les terres n’étaient pas chères, puis les gens rêvaient d’avoir quelque chose qui leur appartenait. »

Le départ de la Saskatchewan se fait avec un brin de tristesse et l’espoir d’un jour pouvoir y revenir. « La prochaine fois, on veut passer deux semaines à Saskatoon puis on veut absolument aller voir Batoche! » Les deux amoureux renouent avec l’autoroute Transcanadienne et conduiront durant quatre jours pour regagner Montréal. « Depuis que je suis revenu, je n’arrête pas de dire à tous mes amis qu’il faut absolument qu’ils aillent voyager en Saskatchewan. Je leur montre mes photos puis ils n’en croient pas leurs yeux. Les couleurs, les paysages, puis pas besoin de filtres! ».

 

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