Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere Nouveau système d'abonnement
Propos recueillis par Mychèle Fortin
/ Categories: 2015, Société, Bénévolat

Une bénévole sur la ligne de feu

Témoignage d'une bénévole de La Croix rouge pendant les feux en Saskatchewan

De nombreux bénévoles de la Croix-Rouge canadienne sont venus en aide aux évacués des feux de forêt en Saskatchewan

De nombreux bénévoles de la Croix-Rouge canadienne sont venus en aide aux évacués des feux de forêt en Saskatchewan

Photo: Croix-Rouge canadienne (2015)
Les feux dans le nord de la Saskatchewan ont requis la participation d'un nombre considérable de bénévoles d'autres provinces. Une d'entre elles, Manon Michaud, a accepté de témoigner. 

Eau vive - Qu'est-ce qui vous a amenée ici comme bénévole?

Manon  Michaud - Je suis bénévole pour la Croix-Rouge depuis plus de 2 ans. Mon objectif était de faire de l’aide humanitaire internationale mais je savais que je devais commencer par le début. Je me suis inscrite dans l’équipe d’intervention en sinistres individuels de l’équipe de Laval (QC) et nous venons en aide aux gens sinistrés de la région (feu, inondation, évacuation, etc.). Ensuite, je suis intervenue au Lac Mégantic. Ce fut une expérience tellement inoubliable et intéressante que j’ai postulé pour être déployée hors Québec. Et voilà! Un jour j’ai reçu un message disant qu’on recherchait  des bénévoles pour les feux de forêt en Saskatchewan. On me demandait si j’étais disponible pour partir dans les prochaines 24 à 48 heures, pour une durée de 14 à 21 jours. J’étais prête et je suis partie prêter main forte à la Croix-Rouge de la province.

EV – Quelles étaient les dates et le lieu de votre mission?

Manon - Je suis arrivée à Prince Albert, le 2 juillet et je suis revenue à la maison le 21 juillet, donc trois semaines plus tard. Je travaillais au Frank J. Dunn Pool - Carlton Comprehensive High School.

EV – Quel était votre rôle?

MM - Au centre, il y a un gymnase qui a été utilisé pour accueillir les gens évacués et qui n’avaient pas d’autres endroits où s’héberger. Chacun avait son lit (un genre de lit de camp), une couverture de la    Croix-Rouge et un oreiller. Sur place, l’organisation humanitaire offrait également un service de cafétéria pour les résidents mais aussi pour ceux qui étaient hébergés en hôtel, qui s’étaient installés dans des tentes, enfin, pour tous les sinistrés qui en avaient besoin.

La Croix-Rouge offrait également aux sinistrés réfugiés chez des amis ou de la famille des bons de commande pour acheter de la nourriture. Elle fournissait aussi des articles de base tels que savon, shampoing, couches pour bébés, brosses à dent, etc. Une panoplie d’articles de soins personnels. Mais avant tout, la Croix-Rouge est là pour apporter soutien et réconfort.

Mon titre était Assistant Shelter Manager. Je supervisais les bénévoles, je traitais les cas particuliers, je fournissais des rapports statistiques au coordonnateur de l’opération, je tentais du mieux que je pouvais de régler les petits conflits qui pouvaient survenir. Mais j’ai aussi plié et déplié des lits, j’en ai lavés car nous n’avions plus de lits propres. J’ai procédé à l’enregistrement des gens qui arrivaient à tout moment, j’ai rédigé des bons de commandes. J’ai consolé des gens qui ne savaient plus comment s’en sortir. Bref, je faisais tout ce que je pouvais pour rendre la vie de ces personnes le moins pénible possible.

EV – Qu'avez-vous trouvé de plus difficile?

MM - Les très longues heures de travail et donc, le peu de sommeil !

C’était également difficile de devoir dire ‘non’ à certaines demandes des sinistrés. La Croix-Rouge fonctionne selon des normes bien établies et régulièrement on me demandait davantage que ce que je pouvais accorder.  C’est compliqué de laisser partir quelqu’un déçu ou en colère contre nous alors qu’on est là pour aider et faire de notre mieux.

EV – Qu'avez-vous trouvé de plus gratifiant?

MM - Lorsque les gens entraient dans le centre complètement désespérés et qu’ils en ressortaient les bras remplis d’articles de soins personnels et d’un bon de commande d’épicerie pour la semaine, le sourire aux lèvres et le cœur plus léger. Puis, les câlins et les bisous des gens qui nous remerciaient avant de repartir chez eux.

EV – Qu'est-ce qui vous a le plus frappée?

MM - Certaines personnes parmi les sinistrés se sont vraiment impliquées dans la vie du centre d’hébergement. Une dame a travaillé à la cafétéria presque tous les jours, d’autres sortaient dehors avec des gants et sacs de vidange pour faire le ménage et ramasser les déchets autour du centre. D’autres m’ont aidée à replier des lits. Aussi, il y a eu plusieurs organismes ou simples citoyens de Prince Albert qui offraient de la nourriture, des vêtements, des articles de sport et même des ordinateurs et des télévisions pour divertir les gens au centre. Ça faisait très plaisir de voir que beaucoup de monde souhaitait participer.

EV - Avez-vous fait des rencontres marquantes?

MM - J’ai rencontré des dizaines de bénévoles du Québec, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick qui sont venus donner de leur temps pour aider des communautés évacuées. C’est merveilleux de voir tant de gens disponibles pour les autres. Mais j’ai aussi rencontré Crystal, une bénévole venue de Prince Albert. Elle travaille dans le monde communautaire. Elle connaît bien les Premières Nations et les organismes disponibles pour les soutenir. Crystal a joué un rôle très important pour nous. Elle était présente presque tous les jours, nous conseillait, intervenait auprès des sinistrés, savait où et qui contacter pour trouver des ressources. Mais plus que tout, elle savait écouter, elle savait réconforter, elle a un cœur grand comme le monde. Nous avions une perle avec nous, un ange.

EV - Des voix se sont élevées pour dire que si les communautés évacuées avaient été blanches, les mesures prises auraient été différentes. Vous avez un avis là-dessus? 

MM - Je ne vois vraiment pas ce que nous aurions pu faire différemment. La Croix-Rouge fonctionne selon 7 principes fondamentaux dont celui de l’impartialité. Ce principe se lit comme suit : ‘’Il ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d'appartenance politique. Il s'applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes.’’

Je crois que tous les bénévoles de la Croix-Rouge ont travaillé en respectant non seulement les normes prévues par la Croix-Rouge mais aussi en respectant chacune des personnes qui ont été aidées. Quand j’ai entendu des commentaires disant que nous n’aidions pas selon les attentes, c’est que les demandes dépassaient les normes et les ressources de la Croix-Rouge. Et peu importe la couleur de la peau, la religion ou la nationalité, la réponse aurait toujours été la même.

EV -Était-ce votre première expérience de ce genre?

C’était la première fois que j’étais déployée à l’extérieur du Québec et pour une aussi longue durée. J’ai également travaillé à Lac Mégantic, au Québec après le déraillement du train. J’ai vécu deux très belles expériences et lorsque l’occasion se présentera à nouveau, je n’hésiterai pas une seconde à répondre à l’appel.

Print
23965

Propos recueillis par Mychèle FortinMychèle Fortin

Other posts by Propos recueillis par Mychèle Fortin
Contact author

Contact author

x
Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Rentrée scolaire

La rentrée scolaire fransaskoise a eu lieu du 8 au 11 septembre partout dans la province. L’eau vive s’est entretenue avec quelques parents pour faire le bilan d’une semaine riche en émotions.

Thursday, September 17, 2020/Author: Estelle Bonetto/Number of views (16397)/Comments (0)/
Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

La récente victoire du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB) en Cour suprême laisse présager une possible expansion de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Friday, August 28, 2020/Author: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Number of views (16084)/Comments (0)/
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

Monday, August 24, 2020/Author: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Number of views (19096)/Comments (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

Thursday, August 20, 2020/Author: Estelle Bonetto/Number of views (16280)/Comments (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

Thursday, July 16, 2020/Author: Michel Vézina/Number of views (22308)/Comments (0)/
Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Après plusieurs années d’attente et une entente de principe avec le gouvernement de la Saskatchewan qui tardait à se concrétiser, une nouvelle école primaire francophone verra finalement le jour dans la capitale provinciale.

Monday, July 13, 2020/Author: Lucas Pilleri/Number of views (29427)/Comments (0)/
Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

Wednesday, July 8, 2020/Author: Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse/Number of views (26754)/Comments (0)/
Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Produire local, le nouveau défi des francophones de Regina

REGINA - LAssociation canadienne-française de Regina a inauguré son tout premier jardin communautaire le 15 juin dernier sur le terrain de l'École Mgr de Laval.

Wednesday, July 1, 2020/Author: Leslie Diaz – Initiative de journalisme local – APF /Number of views (30935)/Comments (0)/
Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Après 10 ans de lutte judiciaire, la Cour suprême du Canada a tranché en faveur des parents franco-colombiens. Cette décision historique a été chaudement saluée par la communauté fransaskoise.

Monday, June 29, 2020/Author: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Number of views (28069)/Comments (0)/
L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

Ateliers scolaires Gardiens de lys'toire par la Société historique de la Saskatchewan

À travers sa série d’ateliers pédagogiques, la Société historique de la Saskatchewan (SHS) donne vie à l’histoire dans la salle de classe des écoles de la province. 

Sunday, June 28, 2020/Author: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Number of views (27294)/Comments (0)/
La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

Les universités francophones du pays misent sur l’inscription d’étudiants internationaux. Les mesures sanitaires en place affecteront directement les inscriptions.

Sunday, June 14, 2020/Author: André Magny (Francopresse)/Number of views (22098)/Comments (0)/
Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Trois semaines après que l’Association canadienne-française de l’Alberta a lancé une campagne de mobilisation pour sauver le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, l’incertitude règne toujours quant à l’avenir de l’établissement.

Saturday, June 13, 2020/Author: Guillaume Deschênes-Thériault – Francopresse /Number of views (23946)/Comments (0)/
Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Si tout va bien à la rentrée de septembre, le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) ira de l’avant avec un concept nouveau en Saskatchewan, mais qui a fait ses preuves dans d’autres provinces: l’école communautaire citoyenne.

Saturday, June 13, 2020/Author: André Magny (Initiative de journalisme local – APF – Ouest)/Number of views (25751)/Comments (0)/
La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême du Canada a donné raison aux francophone de la Colombie-Britannique, qui réclame depuis dix ans devant les tribunaux que le système scolaire de langue française soit mis à égalité avec le système anglophone.

Friday, June 12, 2020/Author: Marc Poirier – Francopresse /Number of views (29725)/Comments (0)/
André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

Fils et petit-fils de colons de l’Ouest, André Moquin a œuvré toute sa vie pour l’avancement de l’éducation en français dans sa province.

Tuesday, June 2, 2020/Author: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Number of views (31039)/Comments (0)/
RSS
First34568101112Last

 - Monday 23 December 2024