La presse en mode survie
La presse francophone canadienne se bat. Plusieurs organismes minoritaires (Association de la presse francophone, Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse, Fédération des communautés francophones et acadiennes, etc) ont décidé de monter aux barricades contre le gouvernement et de porter plainte devant le Commissariat aux langues officielles. En cause, la baisse dramatique des publicités fédérales dans nos journaux minoritaires traditionnels, sans aucune concertation avec les médias francophones, ni compensation. L’Eau vive subit la même tendance désastreuse et vient de s’associer à la plainte.
Que cela lui plaise ou non, le gouvernement a des engagements envers les communautés francophones en milieu minoritaire. Que cela lui plaise ou non, il EST gouvernement, il EST soumis aux articles 41 et 42 de la Loi sur les langues officielles. Que cela lui plaise ou non, il a un contrat avec notre minorité. Que cela lui plaise ou non, il doit favoriser notre épanouissement et prendre « des mesures positives pour mettre en œuvre cet engagement ». Que cela lui plaise ou non, en tant que gouvernement, il est lié par ce texte, par ces mots, même si cela n’apporte pas plus d’argent dans ses coffres (ou que cela lui en coûte), même si cela n’apporte pas plus de bulletins de vote dans les urnes. Que cela lui plaise ou non, ne pas utiliser nos journaux ou nos sites Web pour diffuser ses messages officiels ne favorise pas notre épanouissement et n’est pas une mesure positive pour mettre en œuvre son engagement. Ce serait même franchement le contraire… Cette série de plaintes à laquelle chacun peut s’associer (voir texte de l’Association de la presse francophone page 9) apparaît comme un juste retour de bâton, même si l’épilogue de cette procédure ne surviendra pas du jour au lendemain et qu’entre temps, les recettes publicitaires se réduisent comme peau de chagrin, voire disparaissent.
En tout cas, chaque citoyen canadien peut s’associer à cette plainte. En prenant quelques minutes pour remplir le formulaire (www.clo-ocol.gc.ca/fr/formweb-plainte), chacun peut soutenir sa presse minoritaire traditionnelle et montrer son attachement aux médias communautaires.
De son côté l’Eau vive ne veut pas faire payer les pots cassés à ses lecteurs qui ne sont pour rien dans cette situation. Le prix du journal n’augmentera pas pour compenser les pertes. Au contraire, les prix viennent de baisser. Ceux qui souhaitent désormais s’abonner uniquement à la version électronique du journal paieront 30 dollars par an au lieu de 40. Une décision de bon sens. Les coûts de production de la version électronique et de la version imprimée de l’Eau vive sont différents. Les prix d’abonnement doivent donc suivre. Une plainte devant le commissariat aux langues officielles, plus un abonnement à l’Eau vive, pourraient constituer un beau geste de soutien.
Le journal organisera dans les prochaines semaines une campagne de levée de fonds auprès de la communauté. Ce sera une autre occasion de soutenir une presse en mode survie.
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