Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
Pas d’unanimité sur le poids démographique des minorités francophones
Inès Lombardo – Francopresse
/ Categories: Société, Francophonie

Pas d’unanimité sur le poids démographique des minorités francophones

FRANCOPRESSE – Inès Lombardo – Sans en faire officiellement l’annonce, Statistique Canada a changé sa manière de présenter les données du recensement qui concernent les francophones en milieu minoritaire. Le chiffre de 3,3 % qui a circulé dans les médias ne serait donc pas le bon d’après plusieurs acteurs du milieu. Les ministères concernés n’ont pas su dire quel chiffre ils utiliseront, une décision qui pourrait influencer le financement lié à la francophonie.

La semaine dernière, plusieurs médias dont Francopresse ont mis de l’avant que le poids démographique des francophones au Canada était passé de 3,6 % en 2016 à 3,3 % en 2021.

Des voix issues des communautés francophones estiment que cette interprétation est erronée, car contrairement au recensement de 2016, elle n’inclut pas la moitié des personnes qui ont le français et l’anglais comme premières langues officielles parlées.

Image
Mariève Forest est présidente et chercheuse principale chez Sociopol. Photo : Courtoisie

«C’est comparer des pommes et des oranges», assure d’emblée Mariève Forest, présidente et chercheuse principale de la firme de recherche sociale appliquée Sociopol.

En 2016, Statistique Canada a mis en lumière que le poids démographique des francophones était passé de 4 % en 2011 à 3,8 % en 2016 – soit 3,5 % de personnes ayant seulement le français seulement comme langue maternelle et la moitié des 0,5 % ayant le français et l’anglais comme langue maternelle.

Cette année, l’agence a simplement présenté un tableau comprenant le pourcentage (3,3 %) de personnes ayant le français seulement comme première langue officielle parlée et le pourcentage de personnes (0,5 %) ayant le français et l’anglais comme première langue officielle parlée.

Statistique Canada n’a pas précisé le calcul habituellement effectué pour en arriver au pourcentage de francophones hors Québec.

«Je comprends les données que Statistique Canada a rendues publiques. Mais dans leur sortie cette semaine, ils n’ont pas parlé des minorités de langues officielles», insiste Mariève Forest.

Selon la chercheuse, il y a eu «confusion et un manque de communication», car l’agence n’a pas mentionné qu’elle n’incluait plus ces personnes. Si Statistique Canada avait conservé la même présentation des données, le poids démographique rapporté des francophones en situation minoritaire aurait plutôt été de 3,5 %.

Ce chiffre est plus exact d’après Mariève Forest : «Nous associons les francophones à ceux qui ont seulement le français comme première langue officielle parlée et à la moitié des personnes qui disent avoir le français et l’anglais comme première langue officielle parlée, car ce sont des chiffres qui paraissent plus justes par rapport à la population totale.»

«Ce n’est pas notre rôle de définir qui est francophone et qui ne l’est pas»

Image
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, au Sommet de clôture des consultations pancanadiennes sur les langues officielles de 2022. Photo : Twitter @GinettePT

Chez Statistique Canada, on justifie ce changement par une volonté de rester neutre dans les définitions d’identités linguistiques.

Bertrand Ouellet-Léveillé, analyste principal à Statistique Canada, explique qu’«on a publié le tableau au complet, avec chacune des catégories séparées [“anglais seulement” ; “français seulement” ; “anglais et français”, NDLR]. Dans certains tableaux de 2016, il y avait des colonnes avec la catégorie [des minorités de langues officielles], mais depuis, on s’est dit que ce n’était pas notre rôle de définir ce qu’est une minorité de langue officielle, justement parce que plusieurs groupes utilisent des variables différentes».

«On ne définit pas qui est francophone. Une personne peut se définir comme telle aussi bien lorsqu’il connait le français que lorsqu’il le parle le plus souvent. Mais nous ne vous dirons pas : “La minorité de langue officielle se définit ainsi”», ajoute-t-il.

Les politiques publiques affectées

Francopresse a contacté le ministère des Langues officielles pour savoir quel pourcentage il utilisera lorsqu’il se réfèrera au poids démographique des francophones minoritaires. Il nous a renvoyés vers le ministère de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, qui nous a lui-même renvoyés vers Statistique Canada.

Au moment d’écrire ces lignes, aucune réponse concrète ne nous est parvenue.

Or, l’exclusion d’une catégorie de francophones aura des conséquences d’après Mariève Forest : «Quand on anticipe les financements qu’il faudrait en anglais ou en français, on ne peut pas mettre de côté les personnes qui ont le français et l’anglais comme premières langues officielles parlées. Pour une prise en charge en vue de politiques publiques, il m’apparait plus juste de les inclure.»

Un point que rejoint Alain Dupuis, directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada. Lui aussi déplore que le chiffre de 3,3 % ait circulé, sans inclure d’autres catégories de francophones, notamment ceux qui ont une connaissance de la langue.

«Certains analystes ou médias vont comptabiliser seulement [les francophones] qui ont la première langue officielle parlée. Le danger ici, c’est d’exclure du compte plusieurs catégories de personnes qui parlent français. Il y a cinq ou six différents points de données, et du point de vue de la FCFA, il faut se servir de toutes ces réalités pour raconter l’histoire des communautés francophones», insiste Alain Dupuis.

Selon les calculs de la FCFA, 2,79 millions de personnes (soit 7,5 % de la population canadienne) peuvent s’exprimer en français à l’extérieur du Québec.

«Sachant que parmi ces personnes, pas toutes ne s’identifient comme francophones et pas toutes n’ont la même relation avec la langue française. Parfois, on la parle de manière prédominante, parfois on l’utilise avec d’autres langues officielles et non officielles», nuance Alain Dupuis.

Image
Alain Dupuis est le directeur de la FCFA du Canada. Photo : Ericka Muzzo – Francopresse

Il s’inquiète qu’une nouvelle définition plus exclusive des francophones hors Québec n’affecte négativement les politiques publiques : «C’est inquiétant pour le droit politique des francophones et des personnes qui parlent français. Ils pourront plus difficilement élire des candidats d’expression française s’ils représentent un plus petit pourcentage des électeurs.»

«Ça peut aussi avoir des impacts sur les services fédéraux, car ces derniers dépendent de la demande. Souvent, cette demande est jugée selon un poids relatif de la francophonie», ajoute-t-il.

Quelle que soit la méthode de calcul pour déterminer le poids démographique des francophones, un point fait consensus : le déclin reste bel et bien la tendance, observe le directeur général de la FCFA. 

La demande de services fédéraux, «plus inclusif»

L’une des nouveautés du recensement 2021, passée par règlement en juin 2019, concerne le recensement des personnes qui font la demande de services fédéraux dans une langue officielle minoritaire.

«Ç’a été très peu discuté dans les médias, souligne Alain Dupuis. Le gouvernement va l’utiliser pour déterminer si un service fédéral doit être offert en français à l’extérieur du Québec dans un bureau fédéral.»

«C’est intéressant, car c’est entre la connaissance des langues et la première langue officielle parlée. On compte ici tous ceux qui utilisent le français dans leur vie de façon régulière – et ça peut très bien être un anglophone qui s’exprime en français régulièrement à la maison. Donc c’est plus inclusif et pas tant lié à la langue maternelle. Ça peut aussi rassembler d’autres facettes de la francophonie.»

 

Print
2674

Inès Lombardo – Francopresse Marie-Lou Bernatchez

Other posts by Inès Lombardo – Francopresse
Contact author

Contact author

x

Place de la petite enfance dans notre société

Dossier petite enfance - Mai 2014

Les jeunes parents qui arrivent du Québec sont toujours étonnés de découvrir ce qu’il leur en coûtera pour que leurs enfants puissent fréquenter un Centre de petite enfance (CPE) en Saskatchewan. Ils sont loin du 7 $ par jour rendu possible par le programme universel mis sur pied par le gouvernement du Québec, programme dont l'objectif premier est de permettre l'accès à un CPE, quel que soit le revenu familial. 

Thursday, May 15, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (25373)/Comments (0)/

L’animation culturelle dans les écoles

On apprenait récemment que le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) révisait plusieurs de ses programmes, dans le contexte de la crise financière qu’il traverse actuellement. Un de ces programmes est celui qui concerne l’embauche d’animatrices / animateurs culturels dans les écoles.

Thursday, May 15, 2014/Author: Michel Vézina/Number of views (24395)/Comments (0)/
Se sucrer le bec pour une bonne cause

Se sucrer le bec pour une bonne cause

Un souper pour moderniser les infrastructures de la Gard’Amis

Le vendredi 9 mai 2014, la communauté francophone de Regina honore le rendez-vous fixé par le Centre éducatif Gard’Amis au Bistro du Carrefour des Plaines. Le souper Cabane à sucre, organisé en collaboration avec l’Association canadienne française de Regina (ACFR), a pour de but de lever des fonds « afin de donner un coup de jeunesse aux infrastructures vieillissantes » de la seule garderie francophone de la ville reine. 

Thursday, May 15, 2014/Author: Luc Bengono/Number of views (29719)/Comments (0)/

L’Association des parents fransaskois et la petite enfance

Dossier petite enfance - Mai 2014

Pour l’Association des parents fransaskois (APF), la petite enfance (de la garderie à la prématernelle) est un dossier prioritaire, car il représente l’avenir de la communauté. Investir dans la petite enfance, c’est donc investir dans notre avenir. L’APF traite ce dossier avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, May 15, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25301)/Comments (0)/

Les groupes de jeux :Pour favoriser le développement global de l’enfant

Dossier petite enfance - Mai 2014

L’Association des parents fransaskois (APF) chapeaute plusieurs structures, telles que les Centres d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE) et les Centres de ressources à la petite enfance (CREPE). Elle travaille avec les garderies familiales avec ou sans permis et les prématernelles du CÉF. « Plus il y a d’organismes qui s’impliquent, chacun avec ses compétences, meilleur sera l’appui », affirme Hind Ramy. 

Thursday, May 15, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (24595)/Comments (0)/
Le Collège Mathieu et la formation en petite enfance

Le Collège Mathieu et la formation en petite enfance

Dossier petite enfance - Mai 2014

Le Collège Mathieu, institution d’éducation postsecondaire en français en Saskatchewan, offre le programme d’Éducation à la petite enfance depuis une dizaine d’années. Les personnes qui ont complété ce programme, ainsi que la majorité des étudiants actuellement admis, travaillent déjà dans le secteur. La tendance des inscriptions est à la hausse d’une année à l’autre, et ceci est l’un des indicateurs d’un besoin réel sur le marché du travail de la province.

Thursday, May 15, 2014/Author: Josiane Barebereho – Collège Mathieu/Number of views (35288)/Comments (0)/

Éducatrice : Un métier à l’avenir prometteur

Dossier petite enfance - Mai 2014

Entretien avec Madame Brigitte Chassé, Agente à la petite enfance auprès du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) qui nous a partagé son opinion sur l’éducation de la petite enfance.

Thursday, May 15, 2014/Author: Josiane Barebereho – Collège Mathieu/Number of views (33113)/Comments (0)/
La Garderie : Là où tout commence

La Garderie : Là où tout commence

Dossier petite enfance - Mai 2014

C’est au bout de quatre ans de démarches auprès du gouvernement et grâce à l’appui de l’ensemble de la communauté fransaskoise que le centre éducatif a pu ouvrir ses portes en 1987. À l’été 1996, le Centre a emménagé dans ses nouveaux locaux au Centre scolaire communautaire de Regina.

Thursday, May 15, 2014/Author: Mychèle Fortin/Number of views (35230)/Comments (0)/

La petite enfance et l'avenir : Quand les chiffres parlent d'eux-mêmes

Dossier petite enfance - Mai 2014

« Donner un degré de priorité élevé au développement de la petite enfance. Il s’agit là de l’investissement le plus rentable que nous puissions faire pour assurer notre prospérité à long terme. » (rapport L’Ontario à l’ère de la créativité)

Thursday, May 15, 2014/Author: Mychèle Fortin/Number of views (25015)/Comments (0)/

Mais qu’est-ce qu’elles font toute la journée?

Dossier petite enfance - Mai 2014

La garderie, comme on dit... Que sait-on de ce lieu, de ce milieu dans lequel évoluent les tout-petits, de cette micro-société où ils passent souvent plus de temps que dans leur famille? Que sait-on du rôle et de la place qu’occupent les éducatrices dans la vie des enfants? 

Thursday, May 15, 2014/Author: Mychèle Fortin/Number of views (31770)/Comments (0)/
L’école Beau Soleil se distingue au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise

L’école Beau Soleil se distingue au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise

Le 30 avril et 1er mai dernier, des élèves de l’école Beau Soleil de Gravelbourg ont participé au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise (AJF) à Saskatoon. Cet évènement annuel, organisé en collaboration avec La Troupe du Jour (LTDJ), a plongé les participants dans le monde du théâtre en leur permettant de suivre des ateliers donnés par des spécialistes de tous les horizons, comme l’expression corporelle, l’improvisation et le jeu lors de la première journée du festival.  

Thursday, May 15, 2014/Author: Étienne Gravel/Number of views (28112)/Comments (0)/
Destination Provence

Destination Provence

Immersion et dégustation pour dix étudiantes de l’Université de Regina

C’est en Provence, une région du sud-est de la France, que se rendront dix étudiantes et deux accompagnatrices du département de français de l’Université de Regina, du 13 au 29 mai prochains.

Thursday, May 15, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (21138)/Comments (0)/
Science et culture à l’école de Zénon Park

Science et culture à l’école de Zénon Park

Deux journées bien remplies!

Le lundi 14 avril, les élèves de l’école Notre-Dame-des-Vertus ont présenté un magnifique projet collectif. Les élèves de la maternelle à la 3e année racontent et chantent « La soupe aux pierres ». Un joli conte qui parle de débrouillardise et de partage. 

Thursday, May 15, 2014/Author: Amy-Valérie Olivier – CÉF/Number of views (23501)/Comments (0)/
Mathieu Racine : du restaurant à la garderie

Mathieu Racine : du restaurant à la garderie

Dossier petite enfance - Mai 2014

Originaire de l’Outaouais, Mathieu est un Chef cuisinier, un vrai! Pendant dix ans, il a touché à plusieurs cuisines, en commençant par la cuisine française pour laquelle il a une prédilection. À la Gard’Amis depuis mars 2013, il veille au bien-être des estomacs des petits et des grands.

Thursday, May 15, 2014/Author: Mychèle Fortin/Number of views (30841)/Comments (0)/
Foire du patrimoine régionale de Regina

Foire du patrimoine régionale de Regina

Des jeunes de 18 écoles étalent leur savoir

La Foire régionale du patrimoine s’est tenue à l’Université des Premières Nations, le jeudi 1er mai. Cet évènement réunissait les 103 projets des 125 élèves (4e à 9e année) de 18 écoles des 6 commissions scolaires suivantes : le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), Prairie Valley, Regina Catholic, Regina public, South East Cornerstone et Holy Family.

Thursday, May 8, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (47716)/Comments (0)/
RSS
First2627282930313335

 - Wednesday 26 June 2024