Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
Estelle Bonetto

Selfie : Regard de Joe Fafard sur l'artiste

Statuette de Joe Fafard à la Slate Gallery

Statuette de Joe Fafard à la Slate Gallery

Photo : Estelle Bonetto
REGINA - Les productions Rivard présentaient le 9 mai dernier en avant-première à La Cité de l’Université de Regina, Selfie, un documentaire autobiographique touchant et intime sur la vie de Joe Fafard, où l’on y découvre l’homme, l’artiste et son art.

Tout commence par une observation, un certain regard sur le monde, une étincelle, un talent, comme une foi artistique déjà présente dans les plus tendres années du jeune Joe. On est à Sainte-Marthe, petite bourgade de la Saskatchewan, baignée par les rythmes de la campagne agricole, bariolée de l’immensité colorée des champs qui galopent à perte de vue vers l’horizon. Il y a là une beauté qui saurait inspirer tout artiste en herbe.

Qui aurait pu prédire que l’art se fonderait ainsi à la vie agricole pour lui donner une telle noblesse à travers le regard de Joe Fafard ? Ses parents avaient senti germer les facilités de Joe pour le dessin, sa sensibilité, surtout pour les animaux, et l’ont encouragé dans cette voie, de laquelle il n’est jamais revenu. « Mes parents m’ont toujours soutenu dans mes choix, j’étais l’artiste de la famille, et ils en étaient fiers », a-t-il dit.

Pudeur et grandeur

Le documentaire est à l’image du personnage. Joe Fafard s’y expose, comme ses œuvres, en toute pudeur, tout en montrant la grandeur de son art. Il se confie à la caméra avec courage et conviction, celle qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps pour finir son travail, pour « mettre ses choses en ordre ». Son discernement face à sa disparition imminente est digne d’un grand sage qui ne craint pas la mort autant que la peur de ne pas terminer ce qu’il avait débuté il y a plus d’un demi-siècle.

Il fallait bien un jour sortir de l’œuf et se lancer dans le vaste monde qui fut d’abord l’Université du Manitoba, à Winnipeg. Nous sommes dans les années 1960. Une brèche immense vient de s’ouvrir pour le jeune campagnard qui se lance, corps et âme, dans l’ardeur artistique. Plus tard, Joe se rendra en Pennsylvanie pour poursuivre ses études en art. Déjà original, il n’est pas non plus sans essuyer des revers, notamment certains de ses professeurs qui trouvent ses sculptures trop « sentimentales ».

Cette confrontation idéologique et artistique aura pour effet de renforcer ses convictions et d’ancrer davantage ce qui allait devenir sa signature, son moi réel. Car c’est avant tout l’authenticité et le profond attachement à ses racines rurales qui font de Joe l’artiste attachant et accessible qu’il est devenu et qu’il restera.

L’artiste des vaches, l’artiste du peuple

Ainsi, dans les années 1970, on connaît le sculpteur saskatchewanais pour ses représentations bucoliques et satiriques des vaches. Il dépeint alors une réalité commune qu’il partage avec une population canadienne encore très rurale. Les gens se reconnaissent dans son œuvre et ce qui deviendra aussi sa devise : « Une œuvre n’est pas complète tant qu’elle n’a pas suscité de réaction. »

Les réactions fusent d’ailleurs et Joe ne saurait laisser personne indifférent, comme ces anecdotes relatées par l’artiste sur quelques-unes de ses œuvres les plus célèbres, dont cette sculpture de la reine d’Angleterre, à cheval entre la prise de position et un certain regard porté sur la monarchie et ses excès exorbitants.

La menue carrure de l’artiste dissimulait bien son avide curiosité pour la nouveauté. Si le sculpteur a su toucher son public au fil du temps, c’est bien son constant désir d’apprendre et de prendre des risques qui a nourri ses ambitions. Que ce soit avec la matière, la technique, la représentation et l’interprétation, Joe jouait sur la surprise et la satire dans une constante recherche du renouvellement.

Le témoignage du temps

Si le documentaire fait une large place à la rétrospection, chronologique et artistique, il est aussi une forme de témoignage ultime de l’artiste envers son travail, ce qui en fait sans doute l’attrait principal. Et si la pièce maîtresse de la prolifique carrière du sculpteur ne tenait, en fait, qu’à ce Selfie, cet égoportrait, cette plongée au cœur de l’identité. Qui suis-je ? Le maître observateur posant un dernier regard sur son sujet le plus difficile : lui-même.

Joe Fafard a été un homme qui a défié son temps, qui passera sans doute l’épreuve du temps, tant son œuvre est ancrée dans le présent et se projette dans un futur dont nous faisons tous un peu partie. Selfie est une illustration intime et intimiste d’un artiste plus grand que les natures et les personnages qu’il a su si bien capturer.

Selfie, 52 minutes, des productions Rivard, à voir sur tou.tv

Print
31198

Estelle BonettoEstelle Bonetto

Other posts by Estelle Bonetto
Contact author

Contact author

x
L’importance de la lecture avec les enfants

L’importance de la lecture avec les enfants

Selon les résultats des recherches de C.A. Nelson, du Centre du développement de l’enfant de l’Université Harvard, le développement langagier d’un enfant se manifeste longtemps avant le premier balbutiement des mots « mmman » ou « pa, pa, papa ». Les études du développement cérébral révèlent que les neurones et les synapses pour le langage apparaissent trois mois avant la naissance. La croissance de cette zone du cerveau atteint son sommet vers l’âge de 4 ans.

Wednesday, February 4, 2015/Author: Rita Denius (CM)/Number of views (28037)/Comments (0)/
Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

SASKATOON - C’est une délégation de jeunes élèves de l’École canadienne-française de Saskatoon, qui a donné le coup d’envoi de l’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois.
Wednesday, February 4, 2015/Author: Michèle Fortin (EV)/Number of views (28010)/Comments (0)/
Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

SASKATOON - Le vendredi 30 janvier, le Conseil scolaire fransaksois (CSF) a rencontré ses électeurs pour la première fois depuis le dépôt d’un rapport sévère de la vérificatrice provinciale et la fermeture annoncée de l’école Sans-frontières de Lloydminster.

Wednesday, February 4, 2015/Author: Mychèle Fortin (EV)/Number of views (33383)/Comments (0)/
La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La Cour suprême du Canada a pris en délibéré, le 21 janvier 2015, la cause qui oppose depuis plusieurs années la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) au gouvernement du Yukon. Le litige repose sur les droits de gestion scolaire en contexte minoritaire.

Thursday, January 29, 2015/Author: Anonym/Number of views (31300)/Comments (0)/
Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise:  Comment se porte le français dans nos écoles?

Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise: Comment se porte le français dans nos écoles?

Rencontre avec un parent inquiet, mais optimiste

La Saskatchewan a bien changé depuis l’obtention de la gestion scolaire il y a 20 ans. Depuis deux décennies, l’épanouissement du Conseil des écoles fransakoises (CÉF) est évident. La gestion scolaire est-elle garante de la qualité de l'éducation française? Nous en avons discuté avec un parent de Regina qui a accepté de répondre à nos questions mais qui a préféré garder l'anonymat.

Thursday, January 29, 2015/Author: Mychèle Fortin (EV)/Number of views (89614)/Comments (0)/
Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

La Commission scolaire francophone du Yukon devant la Cour suprême

J’ai appris avec stupéfaction la position du gouvernement du Québec devant la Cour suprême en ce qui concerne la gestion des écoles par les minorités francophones du reste du pays. En effet, par l’entremise de sa ministre de la justice, Stéphanie Vallée, Québec a signifié son refus d’appuyer des communautés francophones hors Québec. 

Thursday, January 29, 2015/Author: Jean-François Larose/Number of views (30821)/Comments (0)/
Turbulences dans les conseils scolaires francophones

Turbulences dans les conseils scolaires francophones

La CSFTNO se tourne vers la Cour suprême

La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) et l'Association des parents ayant droit de Yellowknife (APADY) viennent de subir un cuisant revers devant la Cour d’appel des TNO.

Tuesday, January 20, 2015/Author: Denis Lord (L’Aquilon) et Paul Mengoumou (Francopresse)/Number of views (31385)/Comments (0)/
Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

À l'initiative d'ABC Alpha pour la vie Canada, la Journée de l'alphabétisation familiale a été introduite en 1999 et elle est célébrée le 27 janvier de chaque année. En plus de célébrer le plaisir de lire et d'apprendre en famille, cette journée est l'occasion d'intégrer l'apprentissage à sa routine familiale.

1/27/2015/Author: Collège Mathieu/Number of views (13771)/Comments (0)/
Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Bilan d'un stage de de l'ACELF de six semaines par deux étudiants de l'Université de Sherbrooke à l'école fransaskoise Mgr de Laval à Regina.
Thursday, January 15, 2015/Author: (ACELF)/Number of views (21749)/Comments (0)/
Lancement du Grand Quiz

Lancement du Grand Quiz

La Grande Dictée fait peau neuve!

REGINA - C’est le 7 janvier 2015 que le Collège Mathieu et Radio-Canada ont tenu une conférence de presse dans le but de présenter leur nouveau concept tant attendu, Le Grand Quiz.
Thursday, January 15, 2015/Author: Marie-Pier Boilard (EV)/Number of views (37290)/Comments (0)/

Rapport de la vérificatrice sur la gestion scolaire : Un besoin de rigueur

On attendait de pied ferme le rapport de la vérificatrice provinciale sur la gestion du Conseil scolaire fransaskois (CSF) et l’administration du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Jetons un coup d’œil sur certains éléments clé de ce document qui démontrent que les déboires financiers n’étaient pas dus qu’à un manque de financement. 

Thursday, December 11, 2014/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (27995)/Comments (0)/
Symposium des parents 2014

Symposium des parents 2014

REGINA - Plus de 100 personnes se sont retrouvées au Symposium des parents ce samedi 29 novembre à Regina. Sous le thème Trouver son équilibre!, l’Association des parents fransaskois (APF) présentait son évènement annuel.

Thursday, December 4, 2014/Author: Stéphanie Alain/Number of views (27018)/Comments (0)/

Une ouverture qui pourrait devenir une brèche

Je vois la dominance de l’anglais à une rencontre aussi importante que celle de Lloydminster comme un signal d’alarme. Qu’on se rappelle l’exemple de la Coopérative d’habitation Villa Bonheur à Saskatoon. Par souci de rentabilité, elle avait accepté d’accueillir des anglophones. Aujourd’hui, les rencontres de son conseil d’administration se déroulent en anglais uniquement.

Wednesday, December 3, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (24804)/Comments (0)/
Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

 Il y a plus d’un an, le Conseil scolaire fransaskois a entamé un long processus de redressement, nécessitant la mise en place de pratiques de gestion financière et de gouvernance améliorées. Selon le CSF, ces pratiques vont dans le sens des recommandations exprimées dans le rapport qui a été rendu public aujourd’hui.

Wednesday, December 3, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (30159)/Comments (0)/
Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

L'attrait des anglophones pour l'école fransaskoise est-il uniquement culturel et linguistique?

Grâce à la nouvelle stratégie numérique de la Société Radio-Canada, le grand public a pu assister par Webdiffusion à la rencontre qu’a organisée le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les parents dont les enfants fréquentent l’école fransaskoise Sans-Frontières de Lloydminster. La direction du CÉF et le président du Conseil scolaire fransaskois ont voulu faire le point avec la vingtaine de participants sur la situation du financement de cette école dont la fermeture est sur l’écran radar avec son déficit annuel de 650 000$. 

Thursday, November 27, 2014/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (25621)/Comments (0)/
RSS
First2021222325272829Last

 - Thursday 20 June 2024