Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere

Sauver le patrimoine linguistique mondial, un clavier à la fois

Un ancien de l'École canadienne-française développe un clavier en cri

Chevez Ezaneh

Chevez Ezaneh

Chevez Ezaneh, ici dans le foyer du Remai Modern de Saskatoon, a pour langue maternelle le français et pour langue paternelle le dene. Photo : Jean-Philippe Deneault
SASKATOON - Chevez Ezaneh est un jeune entrepreneur autochtone basé à Saskatoon, dont le français est la langue maternelle et le dene la langue paternelle. Cet ancien étudiant de l’École canadienne-française a inventé et récemment mis en marché le premier clavier en langue crie, une des nombreuses langues autochtones en voie de disparition. Entretien avec un inventeur au secours du patrimoine linguistique.

Comment t’est venue l’idée de créer le premier clavier de caractère syllabique cri ?
Il y a deux ans, je réalisais un contrat consistant à numériser des livres et matériels éducatifs dans une variété de langues autochtones, dont le cri et le dene. L’un des aspects les plus chronophages de ce travail consistait à passer de la transcription manuscrite à la transcription électronique. J’ai effectué des recherches en espérant, en vain, trouver ce genre de clavier, mais il n’en existait tout simplement pas. C’est à ce moment que je me suis résolu à construire mon propre clavier.

Tu crées donc FN Keys. De quoi s’agit-il exactement ?
FN Keys est une entreprise que j’ai créée avec l’objectif de développer et vendre des claviers spécifiques aux langues autochtones du Canada. Le nom comporte un double sens, soit FN étant l’abréviation de First Nations en anglais et la touche « Fn » qui se retrouve sur la plupart des claviers d’ordinateurs.

Disposes-tu d’une formation en informatique ?
Je suis né en 1992. J’ai commencé à utiliser les ordinateurs dès l’âge de quatre ans. J’étais donc naturellement fasciné par quasiment toutes les formes de technologies. À 16 ans, j’ai assemblé mon premier ordinateur pour jouer à des jeux vidéo. Je suis autodidacte. Je n’ai pas fait d’études postsecondaires, j’ai plutôt pris l’habitude de tout apprendre par moi-même grâce à l’internet. Par exemple, j’ai appris à utiliser des logiciels de conception 3D et à ensuite utiliser une imprimante 3D pour donner forme à mes créations.

Chevez Ezaneh a développé le premier clavier en alphabet syllabique cri.

Chevez Ezaneh a développé le premier clavier en alphabet syllabique cri.


Photo : Jean-Philippe Deneault
Qui sont les personnes qui t’inspirent ?
Je m’identifie beaucoup à des entrepreneurs qui ont débuté leur carrière dans la vingtaine parce que cela démontre, d’une certaine manière, que tout est possible. Je pense bien sûr à Mark Zuckerberg (Facebook), Elon Musk (PayPal, Tesla, SpaceX), mais particulièrement à Kendall Netmaker (Neechie Gear) parce qu’il est aussi autochtone et vient de Saskatoon. Et l’artiste visuelle Joi T. Arcand, de la nation crie de Muskeg Lake, en Saskatchewan, qui s’intéresse dans son travail à la disparition des langues autochtones. 

Plus jeune, tu as également été un acteur dans des productions cinématographiques d’envergure, dont le film Bury My Heart at Wounded Knee (production HBO) et tu as participé à des tournages à l’étranger. De quelle manière cela a-t-il façonné ton rapport à ta culture et à la langue ?
Pour le film, j’ai dû apprendre toutes mes répliques en lakota. Pour ce faire, ils ont engagé une aînée lakota, la regrettée Elder Rose Crane, et sa fille, Marina Crane, pour m’aider avec la prononciation. Ce fut le cas pour toutes les autres productions qui ont suivi. Aux yeux de l’industrie cinématographique américaine, les autochtones sont un seul peuple. Bien que je sois Dene, on m’a toujours embauché pour jouer le rôle d’un Lakota ou d’autres peuples autochtones. Ceci dit, mes années comme acteur m’ont offert l’occasion formidable de côtoyer des gens avec des personnalités inoubliables. Ce fut aussi un riche échange culturel avec d’autres acteurs autochtones canadiens et américains.

Quel est ton rapport à ta langue paternelle, le dene ?
Tout d’abord, j’aimerais mentionner que la majorité des langues autochtones au Canada sont en voie de disparition. Avec chaque génération d’orateurs qui passe, on perd des histoires, traditions, chansons, expressions et autres facettes inestimables de ces cultures. Je crois que ces dimensions permettent d’accroître le sens identitaire. Peut-être que cette perte identitaire est l’une des raisons pour lesquelles dans les communautés autochtones les jeunes se tournent vers la drogue, l’alcool et les gangs.

J’ai perdu ma capacité de parler dene. À cause de cela, je porte une douleur et une culpabilité difficile à expliquer. J’aimerais un jour être capable de partager des histoires avec mes enfants en dene et en français et c’est une source de motivation pour faire réussir FN Keys.

Quelles sont les prochaines étapes pour FN Keys ? 
J’ai débuté FN Keys avec un clavier cri simplement parce que le cri des plaines est la langue autochtone la plus parlée en Saskatchewan. Je développe actuellement un clavier en dene, avec comme projet à l’avenir de développer des claviers pour les sept autres langues autochtones parlées en Saskatchewan. Il y a environ 70 langues autochtones au Canada, ce qui représente environ 1,07 % des 6 500 langues parlées mondialement. J’aimerais qu’il existe un jour un clavier pour chaque langue dans le monde ! La beauté se trouve dans la diversité des cultures et des langues. Elles sont notre patrimoine collectif et nous devons en être fiers ! J’espère que mes claviers donneront à leurs utilisateurs le pouvoir de raconter leur propre histoire.

Print
36140

Jean-Philippe Deneault ( Initiative de journalisme local - APF)Jean-Philippe Deneault

Other posts by Jean-Philippe Deneault ( Initiative de journalisme local - APF)
Contact author

Contact author

x
Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Le CÉF débute l’année scolaire débute sur une note positive

C’est une commission scolaire fransaskoise en meilleure santé qui débute la nouvelle année scolaire.
Thursday, October 27, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (29055)/Comments (0)/
De l’huile sur un feu presque éteint?

De l’huile sur un feu presque éteint?

Un cadre du CÉF devient président de l'APF

L’élection d’un employé cadre du Conseil des écoles fransaskoise à la présidence de l’Association des parents fransaskois (APF) (CÉF) en fait sourciller plus d’un dans la communauté. 

Thursday, October 27, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (36850)/Comments (0)/
Education Week 2016: Celebrating Today, Preparing for Tomorrow

Education Week 2016: Celebrating Today, Preparing for Tomorrow

The Government of Saskatchewan has proclaimed October 16-22, 2016 as Education Week in Saskatchewan.
Monday, October 17, 2016/Author: Gouvernement de la Saskatchewan/Number of views (21855)/Comments (0)/
Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

L'activité de levée de fonds du centre éducatif attire plus de 80 personnes

Le 7 octobre 2016 plus de 80 personnes se sont rendues au Centre communautaire BDS à Bellevue pour participer à la première soirée bière et ailes de poulet du Centre éducatif Les Petits Pois.

Thursday, October 13, 2016/Author: Centre francophone BDS/Number of views (33463)/Comments (0)/
Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Le commissaire aux langues officielles publie un rapport sur la petite enfance

Dans son rapport "La petite enfance: vecteur de vitalité des communautés francophones en situation minoritaire", dévoilé le 3 octobre 2016, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, demande au gouvernement fédéral d’ouvrir les coffres pour les services touchant la petite enfance en milieu minoritaire.
Wednesday, October 12, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (33305)/Comments (0)/
L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

Lors du passage de la tournée « Mon enfant, mon engagement » de l’Association des parents fransaskois, je regardais les gens dans la salle pour constater que nous n’étions que deux à avoir connu la saga de la mise sur pied de l’École Beau Soleil à Gravelbourg.

 

 

Monday, October 3, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (31435)/Comments (0)/
Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Trois organismes ont réclamé mi-septembre la modernisation des ententes nationales en éducation qui lient le fédéral et les provinces. Ils demandent la création d’un protocole additionnel tripartite pour la gestion des fonds fédéraux destinés à l’enseignement en français, langue maternelle. 

Saturday, October 1, 2016/Author: Anonym/Number of views (35042)/Comments (0)/
Santé mentale à l’école

Santé mentale à l’école

Accepter de partager ses états d’âme est difficile quand on souffre

Le phénomène est répandu : des enfants en retrait ou agressifs qui dérangent. On ne sait pas comment les aider, on les écarte, on les stigmatise et les relations se détériorent. La santé mentale n’est pas perçue comme un problème de santé ordinaire.


Tuesday, September 27, 2016/Author: Anonym/Number of views (32276)/Comments (0)/
Quand sommeil rime avec problème

Quand sommeil rime avec problème

20h : voici le moment tant redouté du coucher. « Est-ce que Capucine va encore crier de longues minutes avant de s’endormir ? », « Combien de fois Lucas va-t-il se réveiller cette nuit ?  « Je suis épuisée au travail, physiquement et nerveusement. »

Thursday, September 15, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (44379)/Comments (0)/
Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Le Conseil scolaire fransaskois (CSF) veut arrimer le nouveau plan stratégique 2016-2021 du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les écoles fransaskoises et la communauté.
Wednesday, September 7, 2016/Author: Pascal Lévesque/Number of views (31573)/Comments (0)/
Regard sur le modèle scolaire finlandais

Regard sur le modèle scolaire finlandais

La Finlande, jadis premier de classe, dégringole en éducation

Cet article vous propose ce que l’on peut importer de ce système scolaire du pays de Nokia, dans le nord de l’Europe, qui a aboli l’école privée en 1970.

Tuesday, September 6, 2016/Author: Marie-Jacquard Handy, orthopédagogue/Number of views (29070)/Comments (0)/
Français, littérature et décrochage universitaire

Français, littérature et décrochage universitaire

Entretien avec l’auteur Paul Savoie

L'auteur Paul Savoie a accepté de partager sa vision de la dimension francophone dans le monde de l’enseignement et de l’édition.

Monday, September 5, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (28821)/Comments (0)/
Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

André Denis, ancien président du Conseil scolaire fransaskois (CSF), affirme avoir démissionné de son poste de conseiller, le 10 juillet dernier, après neuf ans et demi d’implication, à cause de la réembauche de Bernard Roy comme directeur de l’éducation du Conseil des écoles fransaskoise (CÉF).
Friday, September 2, 2016/Author: Pascal Lévesque/Number of views (32673)/Comments (0)/
André Messier nommé directeur général adjoint à l’éducation

André Messier nommé directeur général adjoint à l’éducation

Une nomination au CÉF qui soulève des vagues

La nomination d’André Messier à la direction générale adjointe à l’éducation du Conseil des écoles fransaskoises a suscité quelques questionnements compte tenu des antécédents houleux de monsieur Messier alors qu’il était directeur de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs à Granby.

Sunday, August 21, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (32730)/Comments (0)/

Sacré Charlemagne!

Pour nous inviter aux vacances, il y a eu la chanson « C’est le temps des vacances ».  Mais pour nous ramener à la réalité de la fin de celles-ci et de la rentrée scolaire, il y a eu une chanson très populaire en son temps par la chanteuse française France Gall. Évidemment, il s’agit de « Sacré Charlemagne ».

Thursday, August 18, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (26235)/Comments (0)/
RSS
First1112131416181920Last

 - Saturday 23 November 2024