62,6 millions de dollars pour lutter contre la pénurie d’enseignants
Mélanie Joly et des représentants d’institutions et d’organismes francophones de la Colombie-Britannique
De gauche à droite : Glyn Lewis, directeur de Canadian Parents for French Colombie-Britannique et Yukon, Mélanie Joly, ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Andrew Petter, président de SFU, Gino LeBlanc, directeur du Bureau des affaires francophones et francophiles de SFU, et Padminee Chundunsing, présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique.
Photo Lucas Pilleri
VANCOUVER - Lors d’une conférence bilingue à l’Université Simon Fraser (SFU) de Vancouver le lundi 13 mai 2019, la ministre des Langues officielles Mélanie Joly a annoncé une stratégie nationale de recrutement et de rétention des enseignants francophones. Face à la pénurie chronique, la politicienne met ainsi sur la table une enveloppe de 62,6 millions de dollars.
Les fonds seront investis sur quatre ans et serviront à financer des projets de recrutement et de rétention d’enseignants de français. Interrogée par Francopresse, la ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie a réitéré l’urgence d’enrayer la pénurie : « Il n’y a pas assez de professeurs de français. La demande est plus grande que l’offre. »
Au-delà de l’embauche, la rétention demeure un défi. « C’est une carrière magnifique, mais il faut en être en mesure de recruter des enseignants qui vont rester enseignants. Ce n’est pas juste du recrutement, c’est du maintien », perçoit-elle, dans un contexte où les taux d’abandon des professeurs augmentent.
Les fonds financeront les projets des provinces à hauteur de 50 % et ceux des organismes communautaires à 100 %. « Ce ne sont pas toutes les provinces qui sont sympathiques à la cause du français. Aujourd’hui, on a appris malheureusement que Doug Ford a décidé de couper le transport scolaire pour les enfants qui vont à l’immersion en français. Dans ces circonstances, on veut s’assurer de soutenir directement les communautés lorsque les gouvernements les laissent tomber », a confié en aparté la ministre.
Objectif bilinguisme
Mélanie Joly a rappelé que la Colombie-Britannique comptait 70 000 francophones et 300 000 bilingues, tout en saluant le dynamisme de la communauté locale. « Pour vivre en français en situation minoritaire, il faut du courage, de la résilience, et surtout des institutions fortes. SFU en est une. » La ministre des Langues officielles a ainsi accordé 3 millions de dollars à l’institution afin de former de futurs enseignants « qui aideront à propager le fait français partout à travers le pays ».
La ministre a jugé « inacceptable » la situation actuelle de listes d’attente pour les inscriptions en écoles francophones et d’immersion. « Devenir un citoyen bilingue ne devrait pas être le résultat d’une loterie », a-t-elle déclaré.
Questionnée après son allocution sur le sujet, la ministre a renouvelé sa volonté : « On ne veut pas tomber dans un bilinguisme territorial. On veut se retrouver avec des citoyens qui sont en mesure de parler le français et l’anglais partout à travers le pays. » Un défi à l’heure où le taux de bilinguisme des anglophones hors Québec stagne, inférieur à 7 % d’après Statistiques Canada. La somme annoncée aidera d’ailleurs aussi à financer une table de concertation nationale sur le français langue seconde.
La première moitié des 62,6 millions sera consacrée au système francophone, et la seconde à l’immersion. Le gouvernement fédéral invite d’ores et déjà les parties prenantes à soumettre leurs projets.
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