La spiritualité pour lutter contre les gangs de rue
Présentation sur l'organisme Str8 Up à Saskatoon le 14 juin
Le Père André Polièvre, fondateur de Str8 Up
Photo : courtoisie de Str8 Up
Un prêtre fransaskois qui aide depuis 12 ans les ex-membres de gangs en quête de réhabilitation fera une présentation en français à Saskatoon le 14 juin pour présenter l’association Str8 Up.
La création de Str8 Up s’est faite par un coup du hasard. Le Père André Poilièvre, originaire de Prud’homme, a dédié sa vie à aider les jeunes et adultes en difficulté à se réinsérer. Il a d’abord enseigné dans une école secondaire autochtone où il aidait les élèves en décrochage à mieux s’insérer dans le système scolaire. Il a ensuite officié comme aumônier pendant sept ans dans un centre pénitenciaire. C’est lorsqu’il prend sa retraite en 2002, qu’il est contacté par deux ex-détenus qui veulent changer de vie : ils veulent quitter le gang dont ils sont membres mais ne savent pas comment faire et craignent les conséquences. Le Père André non plus ne sait pas par où commencer, mais il s’engage à les aider.
Douze ans après, l’Abbé Poilièvre ne profite toujours pas de sa retraite, mais il est fier d’avoir aidé 240 hommes et femmes à changer de vie. Parmi eux, 130 sont devenus membres de Str8 Up. Et moins de 10 sont retournés à leur ancienne vie. L’association travaille à la réinsertion, mais aussi à la prévention, avec déjà plus de 1 500 présentations à travers la province dans des écoles ou universités, des centres de lutte contre les addictions, des centres de réhabilitation et une collaboration avec les policiers. La police souligne en effet l’intérêt de tels programmes de sensibilisation, alors que Saskatoon compte près de 300 membres actifs au sein de quatre principaux gangs de rue.
Un programme de réinsertion par le travail
Le programme du Père André est basé sur deux valeurs simples : l’humilité et l’honnêteté. Si les intéressés peuvent s’engager à dédier quatre ans de leur vie au programme en partageant ces deux valeurs, alors ils sont les bienvenus, quelle que soit leur origine ou religion. « Nous ne cherchons pas à convertir les gens, mais à les aider à transformer leurs vies ».
En plus de programme de counseling, des services d’effacement de tatouage sont aussi offerts aux membres. Les tatouages sur le visage sont fréquents parmi les membres de gangs en Saskatchewan, notamment les larmes noires près de l’œil qui représentent le nombre de personnes qu’ils ont tuées ou d’amis qu’ils ont perdus. En plus de rendre leur insertion sur le marché du travail difficile, ces tatouages entrainent la violence, même plusieurs années après avoir quitté un gang.
Afin de les aider à trouver du travail, Str8 Up se lance également dans la création d’entreprises, où les membres – dont les casiers judiciaires souvent chargés rebutent les employeurs – peuvent se réinsérer. Ainsi, une compagnie de mode urbaine et une autre dans le secteur du jardinage et l’entretien d’espaces verts ont vu le jour grâce à un partenariat avec une organisation basée à Los Angeles, Homeboy Industries. Cette association a déjà changé la vie de 80 000 personnes en Californie grâce à la création d’entreprises de réinsertion comme des cafés ou boulangeries, et aide les villes de Vancouver et Glasgow, en Écosse, à reproduire le même modèle.
Trois membres sont ainsi devenus employés dans les bureaux de l’association Str8 Up. Maintenant octogénaire, le Père Poilièvre souhaite impliquer les jeunes afin que bientôt ils puissent prendre le relais. Il leur apprend à devenir des leaders et à donner les présentations qu’il a données bénévolement pendant de nombreuses années, comme celle qu’il donnera en français à l’École St Mark, 414, Pendygrasse Road à Saskatoon, le samedi 14 juin à 14 h, en partenariat avec la Communauté des Africains Francophones de la Saskatchewan (CAFS).
Pour plus d’informations : str8-up.ca
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