En 2020, les Canadiens ne reconnaîtront plus leur radiodiffuseur public et les francophones, eux, ne s’y reconnaîtront plus. C’est ce qu’il faut retenir, selon la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, de la stratégie
Un espace pour nous tous rendue public par CBC/Radio-Canada hier.
« On peut bien maquiller la réalité en disant que c’est une transformation qui vise à rapprocher CBC/Radio-Canada de son auditoire en misant sur les nouvelles technologies, mais au bout du compte, ce qu’on annonce vraiment, c’est le démantèlement de pans entiers du diffuseur public, dont la réduction de la durée des bulletins d’information locale et l’élimination de 25 % du personnel », déplore la présidente de la FCFA, Marie-France Kenny.
La FCFA a de graves inquiétudes sur l’avenir même de CBC/Radio-Canada. « C’est majeur, ce qui a été annoncé hier, et ce n’est plus seulement comme francophones que ça nous interpelle, mais comme citoyens canadiens. Dans les documents publiés hier par la société d’État, on parle d’un passage du statut de radiodiffuseur public à celui d’entreprise publique de médias. Et justement, il faut se demander si on aura encore dans cinq ans un radiodiffuseur public au Canada. À quel point est-ce qu’on franchit le pas qui fera s’écrouler tout l’édifice ? », se demande Mme Kenny.
En ce qui a trait aux services aux communautés francophones et acadiennes, la FCFA comprend que CBC/Radio-Canada fait face à des défis financiers majeurs, mais estime que la société d’État fait des choix qui mettent en péril la capacité des communautés francophones et acadiennes de vivre en français. Par exemple, les médias rapportaient hier que les téléjournaux régionaux à Québec, à Ottawa-Gatineau et en Acadie, en raison de leur portée et de leurs cotes d’écoute, ne seraient pas touchés mais que la durée des autres téléjournaux régionaux serait soumise à une évaluation.
« À l’ouest du Québec, il n’y a que Radio-Canada qui fait de l’information locale en français à la télévision. Si le diffuseur public perd la capacité de remplir ce rôle ou fait le choix de ne plus le remplir à certains endroits, c’est très simple, il n’y en aura plus, d’information locale en français à la télévision », souligne Mme Kenny.
La FCFA rappelle par ailleurs que déjà, à plusieurs endroits au pays, les ressources des salles de nouvelles sont réduites à un point tel que Radio-Canada ne sort presque plus en région pour couvrir les événements à l’extérieur des grandes villes. Dans cette perspective, l’élimination de postes supplémentaires est particulièrement inquiétante.
« Radio-Canada a l’obligation de prendre des mesures positives pour appuyer nos communautés, et s’il n’a plus les moyens de le faire, qu’il le dise clairement et que le gouvernement et le CRTC agissent pour lui fournir les ressources nécessaires », insiste la présidente de la FCFA.
À cet égard, la Fédération a déposé, le 27 juin 2014, un mémoire au CRTC dans lequel elle réclame la création d’un fonds ciblé afin de soutenir la programmation et la production dans les stations régionales de Radio-Canada qui desservent les communautés francophones et acadiennes.