Cet automne, le groupe Ponteix du Fransaskois Mario Lepage était de passage en Allemagne. Jacques Poulin-Denis, quant à lui, présentait un solo de danse en Italie. Enfin, Shawn Jobin et Zoé Fortier participaient à des festivals au Mexique. Retour sur l’expérience à l’étranger de ces quatre artistes fransaskois qui se démarquent sur la scène internationale.
Le 19 septembre à Hambourg, la même ville où les Beatles ont donné leurs premiers concerts à l’extérieur de l’Angleterre, le groupe Ponteix s’est produit dans le cadre du Reeperbahn Festival. Mario Lepage et ses acolytes faisaient partie d’une délégation de 33 artistes canadiens en vitrine à ce prestigieux festival allemand.
Le musicien de Saint-Denis revient sur l’accueil réservé à son groupe : « L’Allemagne a une grande ouverture pour tout ce qui est musique. Plusieurs groupes passent par là comme premier passage en Europe pour ensuite se développer sur d’autres territoires. Les Allemands connaissent la Saskatchewan notamment grâce à des groupes comme Close Talker, qui y connaissent déjà un franc succès. Ils ne connaissent pas la francophonie de notre province, mais il serait difficile de leur faire le reproche. Le public a très bien reçu notre musique, Ponteix réussit toujours à briser la barrière des langues ! »
Jacques Poulin-Denis dansé en Italie
Le 27 septembre, le chorégraphe et metteur en scène né à Saskatoon Jacques Poulin-Denis visitait l’Italie. Il y présentait Running Piece, un spectacle de danse sur tapis roulant dont il est le créateur et le compositeur de la musique originale, dans le cadre du Festival Transart. L’artiste était aussi présent à Potsdam, en Allemagne, en mai dernier, puis à Paris en juin. Voyageant avec sa troupe, le chorégraphe s’occupe de la régie et des manipulations en direct du tapis roulant.
Pour le Saskatchewanais, présenter son travail à l’étranger comporte des avantages considérables : « La présentation de mes chorégraphies à des événements internationaux m’amène à considérer un plus vaste public lorsque je crée des œuvres. Inconsciemment, j’ai souvent en tête à qui s’adressera le spectacle, comme si imaginer un interlocuteur m’aide à préciser mon discours chorégraphique. Au final, je pense que ça m’encourage aussi à créer des spectacles qui sont plus universels. » Running Piece sera présenté à Saskatoon le 15 et 16 novembre dans le cadre de la saison de la Troupe du Jour.
Shawn Jobin rappe au Mexique
Le 10 octobre, c’était au tour de Shawn Jobin d’animer une foule en liesse étrangère, plus précisément dans le cadre du Festival international Cervantino de Guanajuato au Mexique. Le Fransaskois revient complètement ravi de son expérience à l’international : « Tout le monde était dans une ambiance électrisante pendant les 60 minutes du spectacle. J’ai tout donné malgré la barrière linguistique qui, à ma surprise, ne se sentait pas du tout durant la soirée. Le public était d’une générosité grandiose ! Voir la foule se laisser emporter par le rythme de la musique qui, pourtant, était dans une autre langue que l’anglais et l’espagnol… C’était mémorable. »
Pas de doute pour le chanteur, l’art dépasse les frontières : « La musique, c’est vraiment universel et j’en ai eu la preuve à Guanajuato. » Shawn Jobin va bientôt lancer sur sa chaîne YouTube une vidéo récapitulant son expérience mexicaine.
Zoé Fortier invitée au Mexique
Enfin, l’artiste visuelle Zoé Fortier, originaire de Zenon Park, a présenté ce 21 octobre la deuxième étape d’un projet de résidence qui s’est échelonné sur plusieurs mois à Pachuca au Mexique, dans le cadre du festival d’arts interdisciplinaires Simbiosis. « Souvent, les Mexicains ont appris un français de France donc ils remarquent tout de suite que je parle un français “autre”. Je leur explique le contexte minoritaire linguistique dans lequel mon français existe et cela les étonne. »
Avec la Fransaskoise, la communauté tout entière voyage avec elle. « En général, les Mexicains que j’ai rencontrés pensent que le Canada est bilingue. Ils sont étonnés d’apprendre que les francophones un peu partout au Canada sont considérés comme une minorité ethnique. Le fait que nous ayons le français comme langue officielle leur donne une tout autre impression de notre réalité linguistique et culturelle au Canada. Ils prennent plaisir à essayer de dire le mot Saskatchewan et on en rit pas mal ! »
Les quatre artistes s’accordent pour dire que sans le soutien des bailleurs de fonds, la circulation et diffusion de leur travail à l’étranger serait impossible. Ce serait bien dommage, quand on voit à quel point ces voyages enrichissent leurs pratiques respectives.