REGINA - En pleine pandémie, les événements ne cessent de se diversifier partout au pays. Les organismes communautaires fransaskois eux aussi repensent leurs activités pour ranimer leur programmation culturelle. Le dimanche 21 juin, l’Association canadienne-française de Regina (ACFR) a ainsi fêté la Saint-Jean-Baptiste sous une nouvelle formule, consacrant la première activité en plein air depuis le confinement.
En partenariat avec le Conseil culturel fransaskois (CCF), l’ACFR a innové en tenant son premier 5 à 7 poutine depuis le début de la pandémie et son tout premier concert en mode drive-in. Avec le groupe Ponteix en vedette sur le stationnement du Pavillon secondaire des Quatre-Vents de l’École Monseigneur de Laval de Regina, l’initiative a apporté une véritable bouffée d’oxygène aux francophones en mal de sorties, rassemblant 25 véhicules, soit une cinquantaine de personnes.
« Pour moi, la Saint-Jean-Baptiste, c’est se retrouver le premier jour de l’été pour fêter la culture, la musique et le fait francophones. Je pense qu’en se rassemblant ce soir, on a respecté cette tradition », explique Kymber Zahar, présidente de l’ACFR et bénévole pour l’événement.
Retrouver le contact humain
Au-delà des défis logistiques et sanitaires, le besoin de programmation culturelle reste le même en temps de pandémie selon Elma Bos, directrice générale de l’ACFR : « On doit repenser et réinventer nos activités pour offrir quelque chose à la communauté. »
Un avis partagé par la coordinatrice de l’ACFR Claire Laprade, pour qui la logistique s’accompagnait de son lot d’incertitudes concernant la participation : « Je ne savais pas si les gens allaient avoir peur de sortir de chez eux. Il fallait penser efficacement et se montrer rassurant. »
Avec des mesures sanitaires qui s’assouplissent, la province entrant dans sa dernière phase de réouverture, les confinés se redécouvrent et réapprivoisent la vie en extérieur, tout en respectant la distanciation sociale : « En tant que bénévole, je devais placer les véhicules dans le stationnement, indique Marc Berthelemot. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais ça m’a fait rencontrer les personnes de chaque véhicule, des gens de la communauté que je n’avais pas vus depuis longtemps. » Ce dernier ajoute qu’il faut « arrêter de trouver des excuses et commencer à trouver des solutions pour interagir à nouveau ».
Alors que l’été a officiellement commencé, l’envie de bouger, sentir et vibrer au son des concerts et festivals est de plus en plus forte. C’est ce que confie Hannah Alex, une spectatrice anglophone : « C’est incroyable de pouvoir venir enfin à un vrai concert. L’été, c’est la période où on est tout le temps dehors et où on va à des festivals et des concerts, donc c’est super de pouvoir le faire à nouveau même si c’est différent. »
La formule du drive-in était singulière mais énergisante pour Elsie Miclisse, animatrice à Radio-Canada Saskatchewan venue en tant que spectatrice : « C’est une excellente initiative. Cela nous permet de sortir et d’assister à un concert. On fête la Saint-Jean-Baptiste différemment, mais les francophones sont quand même à l’honneur, surtout avec un groupe comme Ponteix. »
Une énergie commune
L’ACFR ne cesse d’étonner la communauté par sa motivation et sa résilience face à la pandémie. Inspiré, l’organisme tente de répondre au mieux à la demande de la communauté en observant avec attention les pratiques de ses pairs au niveau national : « L’idée est venue de ce qui se fait présentement au Québec, explique Elma Bos, mais c’est surtout en regardant ce qui se fait un peu partout au Canada que nous trouvons les idées. En alliant une activité en plein air et en faisant appel à un artiste francophone local, nous tenons notre engagement envers la communauté et nos partenaires de travail. »
La nouvelle formule séduit et la communauté commence bel et bien à vibrer à nouveau. « Le fait qu’on puisse regarder un artiste devant nous et qu’on puisse écouter les morceaux joués en direct par le biais d’une station spécifique, c’est innovateur. Je ne connaissais pas le concept et je trouve ça tout simplement brillant. Bravo à l’ACFR », souligne Roland Denis, un spectateur sous le charme.
Ce partage et cette énergie, l’artiste Mario Lepage, chanteur et guitariste du groupe Ponteix, les a bien ressentis. « Donner ce concert aujourd’hui m’a permis de voir comment ce type de prestation pourrait fonctionner à l’avenir. Rester devant un écran est quand même assez plate au bout d’un moment. Retrouver l’énergie du public qui faisait du bruit avec leur voiture était inspirant. Je suis tellement reconnaissant. »
Un avis partagé par Elsie Miclisse : « C’est incroyable de pouvoir encourager les artistes en klaxonnant ou même en ouvrant la fenêtre pour applaudir ou crier. Il y a de la vie et de l’énergie ! »