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Rentrée parlementaire et francophonie

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Les couloirs du Parlement, déserts depuis la relâche estivale, reprennent vie cette semaine. Ainsi s’ouvre un nouveau chapitre de ce que j’ose appeler, peut-être un peu pompeusement, le nouveau Canada des francophones. Un monde, cependant, qu’il nous reste à découvrir.

L’impression de nouveauté vient du contraste entre l’attitude de ce gouvernement et celle de celui qui l’a précédé. Nul ne contestera la différence entre les deux. Sous Stephen Harper, la question linguistique de même que la situation des francophones minoritaires n’avaient pas de place dans le débat politique, comme bien d’autres dossiers d’ailleurs. On n'a qu’à évoquer le réchauffement climatique, pourtant fondamental pour la survie de notre espèce, qui était balayé sous le tapis. 

Définitivement, le gouvernement Trudeau a ouvert une nouvelle ère. L’attitude face aux questions de société en général a changé. Déjà la question linguistique a pris du galon. Une vaste consultation sur les langues officielles est en cours. Elle devrait conduire à l’adoption d’un nouveau plan d’action en cette matière, promis par Justin Trudeau lors d’un hommage qu’il rendait à l’ex-député d’Ottawa-Vanier, Mauril Bélanger, ce francophone convaincu qui nous a quittés récemment.

Cela dit, cette rentrée, davantage que la première et son discours du Trône, se fait sous le signe de la gouvernance. Elle va confronter le nouveau gouvernement à l’épreuve des faits. Si les travaux de l’hiver dernier étaient annonciateurs d’une nouvelle attitude, ceux qui s’en viennent devront aller plus loin en matière linguistique comme en toute chose.

Un parti qui s’assoit du côté du pouvoir après un purgatoire dans l’opposition peut facilement alimenter l’opinion avec l’espoir suscité par ses promesses. La popularité durable de Justin Trudeau et de ses troupes démontre que les libéraux ont réussi à ce chapitre. Le Canada refait son image dans le monde et la science regagne peu à peu sa place au service de l’état et des citoyens.

À titre d’exemple, citons le dernier recensement qui donnera un bien meilleur portrait du Canada et de son peuple que ne l’aurait fait celui qu’aurait commandé le gouvernement précédent. Analysé avec intelligence, ce recensement devrait permettre l’adoption de meilleures politiques à l’endroit des minorités.

Cette rentrée parlementaire se fait dans un Canada où la francophonie a regagné sa place dans le débat de société. La ministre Mélanie Joly prépare un vaste forum le printemps prochain sur l’immigration francophone. L’enjeu consiste à faciliter l’accueil des Néo-Canadiens en milieu francophone minoritaire.

La consultation sur les langues officielles commencée le printemps dernier va se poursuivre. On va aussi examiner la difficile question du financement de la presse communautaire, fondamentale pour le journal que vous avez entre les mains.

Autre question sur la table qui intéresse le monde de l’éducation en français : la place des conseils scolaires à la table des prises de décision budgétaire. Le fédéral apporte son soutien financier à l’éducation en français sans donner la parole à ceux qui le reçoivent.

En somme, cette reprise des travaux parlementaires ouvre un chapitre à écrire sur les langues officielles et ceux qui les défendent et revendiquent. L’attitude des libéraux, manifeste depuis leur accession au pouvoir, laisse entendre que l’on fera bientôt couler de l’encre sur les pages blanches.

L’inventaire des dossiers sur la table montre qu’il y a place pour du concret, en d’autres mots, pour aller bien au-delà de l’attitude.

L’attitude, c’est une chose. Oui, elle peut témoigner d’une certaine ouverture d’esprit. Mais la vie du citoyen ne dépend pas de mots de compassion, mais de la manière dont on répond à ses besoins.

À cet égard, le gouvernement Trudeau retrouve les banquettes vertes de la Chambre des communes avec le devoir de montrer qu’il peut servir la francophonie autrement qu’en paroles.

Et puis, il lui reste une grande question à régler. Le porte-flambeau de la question francophone, Mauril Bélanger, n’est plus. Quelqu’un devra lui succéder.