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Rapport annuel du Commissaire aux langues officielles

L’immigration est le sujet de l’heure

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Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser.

Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser.

Photo: CLO (2014)
OTTAWA – Parmi les dossiers chauds qui ont retenu l’attention au cours de la dernière année au sein de la francophonie canadienne, la question de l’immigration francophone trône au sommet de la liste. Ainsi, c’est sans surprise que l’on constate que l’immigration occupe une place prépondérante dans le dernier rapport annuel du commissaire aux langues officielles, rapport déposé le jeudi 7 mai.

En fait, la totalité de l’un des deux chapitres du rapport en question est consacrée à la question de l’immigration, tant en ce qui concerne l’immigration francophone à l’extérieur du Québec que l’immigration anglophone au Québec. 

Quant à l’autre chapitre, il traite de la conformité des institutions fédérales à la Loi sur les langues officielles. C’est notamment dans ce second chapitre que l’on traite des agences et ministères fédéraux qui contreviennent le plus souvent à leurs obligations linguistiques, une liste qui change très peu d’année en année.

Comme à l’habitude, les institutions qui sont davantage en contact direct avec le public, comme Air Canada et l’Agence des services frontaliers, font l’objet d’un plus grand nombre de plaintes. Au total, le nombre de plaintes jugées recevables (550) acheminées au bureau du commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, en 2014-2015 est le plus élevé des quatre dernières années. 

Le nombre de plaintes en provenance de la Saskatchewan a doublé, passant de 8 plaintes en 2013-2014 à 16 plaintes en 2014-2015. (Ces plaintes sont surtout liées aux services de sécurité dans les aéroports).

Renflouer les effectifs

Pour revenir au thème principal de ce rapport annuel, l’immigration, on observe d’entrée de jeu que Graham Fraser pourrait difficilement exprimer plus clairement l’importance que revêt, à ses yeux, l’immigration pour les communautés francophones en situation minoritaire. 

« Les communautés francophones seraient plus aptes à se développer, donc à favoriser l’épanouissement personnel et professionnel de leurs membres et à continuer de contribuer à l’avancement de la société canadienne si elles réussissaient à attirer davantage d’immigrants francophones », croit-il.

Dans son neuvième rapport annuel depuis son entrée en poste, Graham Fraser invite les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à travailler ensemble afin de développer des mesures qui encourageront les immigrants à travailler et à vivre en français. Au rythme actuel, selon le commissaire, c’est la vitalité des communautés qui est directement menacée. « Les immigrants ont tendance à s’intégrer aux communautés majoritaires plutôt qu’aux communautés minoritaires », dit-il. 

« À l’heure actuelle, il n’existe pas de mesure incitative pour encourager les employeurs à recruter des immigrants francophones. Pour que les nouveaux arrivants d’expression française trouvent des communautés d’accueil partout au pays, il est essentiel de se doter d’une stratégie de recrutement ciblée, en collaboration avec les provinces et les territoires », ajoute M. Fraser.

Du côté de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, on accueille favorablement ce rapport qui lève le voile sur un phénomène constituant une source d’inquiétude chez les organismes porte-parole, et ce, depuis un certain temps déjà. 

« On ne peut pas continuer à accueillir moins de 2 % d’immigrants francophones par année à l’extérieur du Québec, comme on le fait depuis des années. Si on poursuit sur cette voie, on se dirige vers un désastre démographique pour la francophonie », craint la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (ACFA), Marie-France Kenny.

Ces craintes sont partagées par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). L’Ontario compte, par exemple, 28 % d’immigrants au sein de sa population anglophone, comparativement à 15 % d’immigrants chez les francophones. De l’avis du président de l’AFO, Denis Vaillancourt, une collaboration plus étroite entre les organismes porte-parole de la communauté francophone et les différents ordres de gouvernements favoriserait l’immigration francophone. 

« Le rapport du commissaire rappelle l’importance de mettre en place des structures de recrutement, d’accueil et d’inclusion qui favorisent l’intégration et la rétention des immigrants d’expression française dans nos communautés. D’où l’importance pour les gouvernements de travailler de près avec les organismes francophones dans la mise en place et la coordination des initiatives et des programmes », estime Denis Vaillancourt.

L’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) a pris bonne note de l’importance que le rapport donne à l’immigration et à l’impact que l’immigration a sur la vitalité des communautés linguistiques au pays. «Nous sommes, en partie, rassurés de constater que monsieur Fraser, comme nous, est très préoccupé par les changements apportés aux règles et aux programmes en immigration et qu’il comprend, comme nous, que ces changements ne favorisent pas les communautés linguistiques en situation minoritaire, bien au contraire!» a souligné la présidente de l'ACF, Françoise Sigur-Cloutier.


Graham Fraser conclut son chapitre sur l’immigration en réitérant la série de sept recommandations qu’il a formulées au gouvernement fédéral, conjointement avec le commissaire aux services en français de l’Ontario, en novembre dernier.