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Quel avenir pour les succursales et la livraison rurale à Postes Canada ?

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Christine Freethy

Christine Freethy

Pour Christine Freethy de Rabbit Lake, la fermeture du bureau de poste signifierait faire 120 km pour aller chercher un colis.
Photo : Gracieuseté
Bien des Canadiens ont lutté contre l’érosion du service postal. Mais les transformations ont continué, malgré le moratoire sur la clôture de bureaux, la promesse de Justin Trudeau de maintenir la livraison à domicile et le gel de la transition aux casiers regroupés dans les villes.

En milieu rural, les boîtes rurales sur les poteaux seront éventuellement toutes remplacées. Cette décision dérange en Nouvelle-Écosse. « Chez nous l’an passé, signale Gilles Desautels de la Baie Sainte-Marie, Postes Canada a envoyé des lettres pour dire que la poste ne passerait plus chez ceux qui avaient des boîtes au bout de l’entrée. » 

Sécurité oblige, la mesure affecte les résidants dans les courbes ou les côtes routières, mais maintient le service sur les lignes droites. La poste est livrée dans des boîtes communautaires mal situées, parfois dans des culs-de-sac ou sur le bord de la route. Les résidants se sont plaints vainement au bureau de poste.

« Les boîtes sont dans le milieu de rien, poursuit Gilles Desautels. Il n’y a pas de place pour virer de bord. Il y en a des dizaines comme ça ici. Tu dois stationner sur la route pour récupérer la poste. » 

À Penetanguishene, en Ontario, l’éditrice du journal Le Goût de vivre, Odette Bussière, demeure satisfaite du service. « Au village, les gens ont tous des cases postales au bureau de poste. Il n’y a pas eu de brouhaha. »

À Rabbit Lake, en Saskatchewan, Christine Freethy s’inquiète de la fermeture des petits bureaux de poste. « Ils n’osent pas les fermer, mais ils coupent les heures. Les maîtresses de poste ont des quotas pour la vente de timbres. On sait que ce n’est pas rentable, mais c’est un service public et on en a besoin. 

Les boîtes communautaires sont mal situées, affirme Gilles Desautels de la Baie Sainte-Marie. « Certains doivent faire cinq kilomètres pour aller chercher leur courrier. »

Les boîtes communautaires sont mal situées, affirme Gilles Desautels de la Baie Sainte-Marie. « Certains doivent faire cinq kilomètres pour aller chercher leur courrier. »

Photo : Gilles Desautels

Elle soutient qu’en milieu rural, la diminution des services est souvent palliée par une augmentation du recours à la poste. « C’est plus important qu’en ville. S’ils coupent notre bureau, il va falloir faire 120 km pour aller chercher un colis.

« Il n’y a pas de mobilisation, conclut Christine Freethy, on se sent impuissant. On n’a pas accès à l’agence et ce n’est pas le gouvernement provincial qui va nous aider. Pour le fédéral, quand tu vis quelque part en Saskatchewan, c’est comme sur la lune. » 

Le Syndicat des travailleurs et des travailleuses des postes est d’accord. « Pour les Canadiens vivant en milieu rural ou dans une petite ville, note le porte-parole Denis Lemelin, peu de questions ont autant d’importance que le moratoire sur la fermeture des bureaux. »

Ce moratoire remonte à 1994 et s’applique à la quasi-totalité des 4200 bureaux situés à l’extérieur des grandes villes, parmi les 6300 comptoirs postaux au pays. « Des circonstances extraordinaires peuvent justifier leur fermeture, souligne-t-il. Malheureusement, Postes Canada a fermé plus de 350 bureaux protégés par le moratoire. » 

Le Syndicat dénonce l’impression de crise donnée par la société. Denis Lemelin rappelle que la chute anticipée des profits a mené la société à annoncer en 2014 la conversion du service à domicile afin d’éviter un déficit d’un milliard de dollars d’ici 2020.

Sauf que la tendance a changé : la société a connu l’an dernier un surplus de 99 millions de dollars. Un autre surplus est prévu cette année, avec un excédent de 45 millions pour les six premiers mois, annoncé par Postes Canada, qui a préféré ne pas accorder d’entrevue. 

Ottawa a nommé un Groupe de travail indépendant sur l’avenir du service postal au début 2016. Le Syndicat a encouragé le public à exiger de recevoir le courrier à la maison et de conserver leur bureau de poste. Le rapport du Groupe est attendu sous peu.

« On ne sait pas ce que le Groupe va recommander, déclare le porte-parole syndical, mais on a des appréhensions. Environ 830 000 boîtes ont été transformées depuis 2014. Postes Canada est rentable depuis deux ans. On l’a répété lors des audiences publiques : il n’y a pas lieu de paniquer. » 

Surtout que la société annonce qu’elle s’attend à livrer un nombre record de colis pendant les Fêtes, puisqu’environ 80 % des Canadiens font des achats en ligne.