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L’humeur de la planète

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Lorsque j’ai fait mes études pour devenir enseignant, nous passions à l’époque par l’école normale. La mienne s’appelait l’École normale Laval. À ce moment-là, le système d’éducation était en transition au Québec et les futurs enseignants et enseignantes allaient devoir être formés à l’université, la Faculté d’éducation de l’Université Laval voyait le jour.

Tout cela pour vous dire qu’à l’occasion de mon passage dans l’honorable institution qui devait par la suite devenir le Cégep Garneau, il y avait quelques jésuites qui nous formaient. J’ai retenu au moins une chose des jésuites : il est pertinent de prendre la mesure de toute chose c’est-à-dire de peser le pour et le contre, le positif et le négatif, les avantages et les inconvénients, les résultats et les conséquences. Et, surtout d’agir en conséquence pour le mieux-être des gens et de ne pas hésiter à se parler, à dialoguer.

Actuellement, que ce soit ailleurs dans le monde ou tout près de chez nous, il ne semble plus y avoir de nuances nulle part. Peu importe le sujet, les gens se campent sur leurs positions et le mot « dialogue » semble rarement faire partie des solutions.

Il n’y a pas si longtemps, si nous retournons dans la dernière moitié du siècle dernier, il y avait des concepts clairs, nets et précis. Il y avait les capitalistes d’un bord, notre bord, et les communistes de l’autre bord. Au Canada, c’était assez net aussi : nous votions rouge, c’est-à-dire libéral, ou bleu, c’est-à-dire conservateur. L’Église catholique dominait une large partie de la vie des gens et en général, on trouvait peu d’opposition à celle-ci. Dans certaines parties du pays, d’autres églises aussi constituaient l’ordre dans la société. L’éducation était élitiste. Les plus brillants avaient l’opportunité de passer par le cours classique puis de se rendre à l’université. Les autres prenaient la route de l’usine et pour les femmes, la route de la maternité dans la majorité des cas.

Il s’agit d’un constat général. Il y a eu des exceptions. Des femmes et des hommes ont lutté pour que les choses se passent différemment.

Puis un jour le mur de Berlin s’est écroulé. L’Union des républiques socialistes soviétiques s’est démantelée. Au Québec, il y a eu la Révolution tranquille et l’accès à l’éducation pour tous. Un peu partout au pays, nous avons vu apparaître de nouveaux partis (rappelons-nous le Crédit social, le Nouveau Parti démocratique du Canada dont l’ancêtre était le CCF [Cooperative Commonwealth Federation] tous les prédécesseurs du Parti conservateur actuel, sans oublier ceux qui ont vu le jour un peu partout dans les provinces). Un vent d’espoir s’est levé pour un monde meilleur. La télévision a vu le jour, l’informatique s’est invitée dans nos vies. Les médias sociaux ont vu le jour et sont venus accentuer nos visions du monde.

La communauté fransaskoise a connu elle aussi son évolution. D’une structure très encadrée par l’Église catholique, elle s’est laïcisée. Elle s’est aussi développée en mettant en place une bonne quantité d’organismes spécialisés. Avec ce que cela représente d’avantages et d’inconvénients. Le financement est un défi pour une communauté dispersée et peu nombreuse comme la nôtre. Nous avons tendance à tirer la couverture chacun de notre côté pour avoir le maximum de ressources. Heureusement, nous parvenons à passer par-dessus nos divergences, à dialoguer et à trouver des solutions.

Quand nous regardons notre monde immédiat, cela peut être désespérant, mais tous les petits pas qui sont faits pour mieux vivre ensemble deviennent ensemble un grand pas pour l’humanité.