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Le slogan du 150e anniversaire de la fédération canadienne serait il partisan?

Le coût pour la recherche du slogan ""Fort. Fier. Libre." est considéré comme un "secret de cabinet

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OTTAWA _ La genèse du slogan choisi par le gouvernement conservateur pour les fêtes du 150e anniversaire de la fédération canadienne, en 2017, est considérée comme un "secret de cabinet", et on ne pourra pas savoir avant 20 ans combien il en aura coûté aux contribuables.

La Presse Canadienne avait déposé une demande, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, pour obtenir l'historique du slogan "Fort. Fier. Libre." retenu par le gouvernement pour chapeauter ses publicités du 150e, payées par les contribuables.

Or, le Bureau du Conseil privé _ le puissant "ministère du premier ministre" _ considère que la proposition de 149 pages du Conseil du Trésor en cette matière constitue un "avis au cabinet", et est de ce fait impénétrable, même pour le Commissaire à l'information du Canada. Impossible de connaître la date de sa rédaction, son auteur _ ou même l'agence responsable du projet. Un porte-parole du Bureau du Conseil privé s'est contenté de dire que le slogan était tiré de "thématiques contenues" dans le discours du Trône de 2013.

L'opposition néo-démocrate, elle, estime que le slogan est plutôt tiré de la plateforme électorale conservatrice de 2011 et qu'il rappelle des thèmes chers aux conservateurs, mis de l'avant d'ailleurs dans leurs sites Web et lors de leurs activités de financement.

Le porte-parole du NPD pour les questions qui touchent le Conseil du Trésor, Mathieu Ravignat, député de Pontiac, a soutenu que les conservateurs invoquent la confidentialité du cabinet pour cacher le fait qu'ils ont utilisé un slogan partisan.

Aucun ministre ou ministère n'a voulu revendiquer la paternité de la campagne, et les demandes au cabinet du premier ministre ont été référées au Bureau du Conseil privé, qui coordonne la publicité du gouvernement.

"L'article 23 de la politique gouvernementale en matière de communications stipule que les institutions ne peuvent utiliser des fonds publics pour acheter de la publicité en appui à un parti politique", a répondu le porte-parole du Bureau du Conseil privé, Raymond Rivet, dans un courriel à La Presse Canadienne. "Toute la publicité du gouvernement du Canada est conçue pour répondre à ses exigences."

Le professeur de science politique Alex Marland convient que deux des trois mots retenus pour le slogan rappellent les paroles en anglais de l'hymne national ("proud and free"), donc des symboles non partisans. Mais les conservateurs ont systématiquement repris ces mots dans leurs récentes campagnes électorales, ce qui rend le choix du slogan moins "neutre", admet M. Marland, qui étudie précisément ce phénomène à l'université Memorial de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador.

Les conservateurs ont souvent été critiqués pour avoir dépensé des dizaines de millions de dollars dans des campagnes publicitaires gouvernementales qui cachaient souvent mal leur partisanerie.

Jonathan Rose, spécialistes des communications politiques à l'université Queen's, de Kingston, en Ontario, est aussi d'avis que le "Fort. Fier. Libre." est tiré à peu près textuellement du site Web du Parti conservateur. Il déplore le fait que malgré le "scandale des commandites", il existe encore des zones d'ombre en matière de publicités gouvernementales.

Le professeur Marland convient par ailleurs que la stratégie derrière la campagne "Fort. Fier. Libre" constitue effectivement un "secret ministériel", mais pas la mise en oeuvre de la campagne.

Le député libéral David McGuinty est l'auteur d'un projet de loi d'initiative parlementaire qui donnerait au vérificateur général le pouvoir de scruter les publicités gouvernementales afin d'y débusquer la partisanerie _ comme cela se fait déjà en Ontario.