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Lac à Piché (Minnewanka): la perle des Rocheuses et le Voyageur chef de tribu

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Lac Minnewanka - Lac à Piché

Lac Minnewanka - Lac à Piché

Véritable joyau des Rocheuses, le lac Minnewanka est, avec ses vingt-et-un kilomètres, la plus longue nappe d’eau du réseau des parcs de la cordillère canadienne. Les abords de ses eaux aux reflets émeraude et lapis-lazuli sont fréquentés depuis plus de cent siècles.

Le nom Minnewanka est dérivé de Minn-waki. Il signifie « esprits des eaux ». Il lui a été donné par les Ĩyãħé Nakoda (Stoney). Ce nom évoque les réminiscences d’une bataille qui eut lieu jadis entre Dakotas et une tribu dont on n’a pas conservé le souvenir. L’engagement entre les adversaires fut violent au point d’empourprer les eaux du sang qui y fut versé. Les esprits des morts qui hantent les eaux ont, dit-on, été parfois entendus.

Cette majestueuse nappe d’eau a reçu d’autres noms1. Peechee’s lake (lac à Piché), qui rappelle la mémoire de Louis-Joseph Piché (alias Peechee, Pesew), est celui sur lequel nous souhaitons nous attarder.

Nous savons peu si ce n’est presque rien sur les origines de Louis-Joseph Piché. Ses ancêtres paternels auraient été de Terrebonne bien que lui-même aurait vu le jour dans la région de Sault-Sainte-Marie. On en a même fait le petit-fils de Jean Nicollet (1598-1642). Il est plus vraisemblable que l’explorateur ait été son bisaïeul. 

En 1786, il est affecté à l’établissement de Peter Pond sur la rivière Athabasca. Une altercation avec un concurrent de la traite, John Ross, se termine mal. Piché décharge accidentellement son fusil et abat Ross. Cette tragédie précipite la formation de la Compagnie du Nord-Ouest.

En 1793, Piché est au fort Tremblant sur l’Assiniboine (Saskatchewan). Puis en 1795, il participe avec Peter Pangman à l’édification du fort Edmonton. Après avoir passé quelque temps à Paint Creek House en 1809, il retourne au fort Edmonton/Lower Terre Blanche.

On le retrouve ensuite au fort de la Montagne (Rocky Mounain House) où il figure au nombre des membres du groupe d’Alexander Henry. C’est à cette époque qu’il aurait participé à la traversée des Rocheuses de David Thompson par le col de l’Athabasca2.

Au lendemain de la fusion de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest, ce métis très influent forme la bande Asini Wachi Wi Iniwak (Cris des Montagnes Rocheuses) dont il devient de facto le chef.

En 1840, il offre ses services de guide au pasteur Robert Rundle. En 1841, John Rowand agent principal de la Compagnie de la Baie d’Hudson au fort Edmonton retient les services de Piché pour guider le gouverneur George Simpson et son équipe à travers les montagnes Rocheuses. Ils se rendent d’abord dans la région de Banff et du lac Minnewanka où Piché a établi l’une de ses aires de chasse puis, ils entreprennent la longue traversée à travers les montagnes jusqu’au fort Colville (état de Washington).

La même année, Louis-Joseph Piché envoie son fils Alexis à Saint-Boniface pour convaincre l’évêque Norbert Provencher de porter le salut dans les régions privées du secours de la religion. L’année suivante, le prélat mandate l’abbé Jean-Baptiste Thibault d’aller évangéliser ces lointaines régions. Ainsi naît la mission du lac Sainte-Anne.

Tout comme leur père, Alexis Piché (alias Keskayiwew et Bobtail) et son frère Jean-Baptiste Piché (Kôsihkosiwayâniw) deviennent à leur tour des chefs respectés. En 1877, Alexis et sa bande adhèrent au Traité 6.

En 1884, George Dawson nomme une montagne, le mont Peechee en l’honneur de Louis-Joseph. Elle peut être observée depuis le lac Minnewanka, mais aussi de la terrasse de l’hôtel Banff Spring.

En 1888, le lac Piché ou Peechee apparaît désormais sous le nom Minnewanka.

Laissons à l’archéologue et anthropologue Joachim Fromhold le soin d’apporter la conclusion à cette chronique sur Louis-Joseph Piché et sa famille qui semblent avoir été de tous les événements et de toutes les rencontres"Although the Cree did not have a “Royal Family” or Ruling House, the Piche family came close to being the Rulling House of the West people for 100 years”3.

1-     M'né-sto, (lac Cannibal) Stoney; Ki'-noo-ki'-mow (lac long) en Cri. Imne Sto Imne (lac étroit); Devil’s Lake (lac du Diable) dérivé du nom cri Manito Sakahigan emprunté à la montagne Manito Ostikwan (aujourd’hui Devils Head).

2-     Il figurerait au journal de Thompson sous le nom « Pichette ». Voir : University of Calgary, The People Who Own Themselves – Aboriginal Naming Practices. http://people.ucalgary.ca/~hdevine/naming.htm

3-     Fromhold, J. (2010). The Western Cree (Pakisimotan Wi Iniwak) - Ethnography: Lulu.com. p. 101.