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De Jeanne à Julie

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Et voilà, c’est fait! Le Canada a maintenant une nouvelle gouverneure générale depuis le 2 octobre. Son Excellence la très honorable Julie Payette est la quatrième femme à occuper le poste et la 29e personne d’une longue liste depuis les débuts de la Confédération canadienne, la première ayant été Son Excellence le très honorable Charles Monck, 4e vicomte Monck, puis baron Monck.

Qu’est-ce que ça fait un gouverneur général dans la vie? Cette personne représente la reine au Canada et est le commandant en chef des Forces canadiennes: en gros, son rôle est honorifique. Le souverain du Canada, Sa Majesté la reine Elizabeth, nomme le gouverneur général sur avis du Premier ministre du Canada. Depuis 1952, le poste a été occupé uniquement par des Canadiens dans une alternance Canadien anglais / Canadien français. Et depuis 1967, il n’y a qu’un seul nom de recommandé plutôt que plusieurs. Le mandat: un minimum de cinq ans. Et en cas de décès, démission ou absence à l’étranger pour plus d’un mois, c’est le juge en chef du Canada qui exerce tous les pouvoir du gouverneur général.

Si on se réfère à la création de l’entité connue sous le nom de Canada en 1867, il faut remonter à la Nouvelle-France pour voir la première personne nommée au poste de gouverneur de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain. Après 1663, l’administration française en Nouvelle-France sera connue en tant que « gouverneur général » et le premier sera Charles Jacques Huault de Montmagny. Après la conquête de la Nouvelle-France par le Royaume-Uni, le poste de gouverneur de Québec fut créé et occupé par Sir Jeffrey Amherst. En 1786, Lord Dorchester occupera le poste de gouverneur-en-chef ou gouverneur général pour le Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick: cependant il ne gouvernera que le Bas-Canada (Québec), le Haut-Canada, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ayant chacun leur propre lieutenant-gouverneur. Lors de l’union du Haut et du Bas-Canada comme la Province du Canada, l’autorité resta sous la direction du gouverneur général. Et à partir de 1837, sous le statut de gouvernement responsable, le rôle du gouverneur général et des lieutenants-gouverneurs en devint un de nom seulement, l’autorité étant détenue par les législatures élues démocratiquement dans les provinces et au Canada.

Quelques gouverneurs généraux occupent une place dans notre culture sans qu’on n’en soit vraiment conscient. Ainsi, au hockey, on doit la coupe Stanley à Frederick Stanley, Lord Stanley de Preston en poste de 1888 à 1893; au football, on doit la coupe Grey à Albert Henry George Grey, 4e comte Grey, en poste de 1904 à 1911, et quand on visite Québec et qu’on se promène sur la terrasse Dufferin, celle-ci a été conçue et nommée pour Frederick Hamilton-Temple-Blackwood, 1er comte de Dufferin puis 1er marquis de Dufferin et Ava, en poste de 1872 à 1878.

Plusieurs gouverneurs généraux ont visité Gravelbourg en Saskatchewan. Je me souviens en particulier de deux: Son Excellence la très honorable Jeanne Mathilde Benoît Sauvé, native de Prudh’homme, venue inaugurer, en 1986, le Centre culturel Maillard; en 2011, Son Excellence le très honorable David Lloyd Johnston est venu hissé officiellement le drapeau fransaskois sur les terrains de l’hôtel de ville à Gravelbourg.

De Jeanne Sauvé à Julie Payette, on peut voir certaines différences et certaines ressemblances. Une est la première femme à avoir occupé le poste, l’autre, la première Canadienne à avoir été dans l’espace. Une était d’une époque très protocolaire lorsque l’on regarde les photos, l’autre très moderne. L’une est originaire de la Saskatchewan, l’autre du Québec. Les deux ont des liens avec la science, l’une ministre d’État aux Sciences et à la Technologie, l’autre scientifique. Les deux sont des modèles. Les deux sont francophones. Si on en a vu une dans la communauté fransaskoise, espérons qu’on y verra l’autre également.