Imaginez une Chambre des communes composée uniquement de jeunes âgés de 14 à 25 ans, débattant des projets de lois pour la population saskatchewannaise. C’était bel et bien le cas, les 2 et 3 décembre dernier, au Palais législatif de Regina, alors que le Parlement jeunesse, organisé par l’Association jeunesse fransaskoise, réunissait une cinquantaine de jeunes, des quatre coins de la province, pour participer à une simulation de la vie parlementaire.
En partenariat avec la Coopérative des publications fransaskoises, cinq jeunes journalistes en herbe ont pu s’initier à la vie politique et médiatique. Elles avaient comme mission de créer un bulletin. Voici le fruit de leur labeur.
Une première au Canada !
Lilly Markwart
Le 2 décembre 2017, les membres du Parlement jeunesse fransaskois ont débattu la Loi C1 concernant l’identité sexuelle dans le milieu scolaire.
Le gouvernement a proposé qu’on élimine les affiches indiquant le genre sur les toilettes dans tous les établissements scolaires, même les universités. L’Opposition a présenté quelques arguments intéressants, dont l’exemple d’une petite fille de 7e année qui devrait partager les mêmes toilettes qu’un garçon de 12e année.
De plus, la préoccupation de la religion a été au cœur des discussions. Par exemple, dans les écoles catholiques, c’est contre les valeurs qu’une fille partage les mêmes toilettes qu’un garçon. L’opposition a proposé une modification sur le deuxième article; que la classification ou la reconnaissance selon le genre soit éliminé dans les milieux scolaires.
« Nous voulions éliminer toutes les classifications en milieu scolaire. Alors, les élèves sont élevés et éduqués dans un milieu inclusif. De nos jours, il y a beaucoup d’intimidation et de discrimination envers des personnes qui sont un peu perplexes au sujet de leur identité sexuelle. » a expliqué la ministre de l’Éducation.
Le gouvernement a également présenté quelques arguments. Le député de Saskatoon Meewasin a dit, « Les élèves doivent se sentir acceptés dans leurs écoles, nous devons éliminer l’intimidation. » Le gouvernement dit que les personnes qui ont une sexualité différente doivent être plus acceptées dans notre société.
La Loi C1 concernant l’identité sexuelle dans les milieux scolaires : la disparition des toilettes axée sur l’identité sexuelle a été adoptée.
Adoption de la Loi C2 sur la laïcisation
Kassandra Hipkins
« Le symbole pour la 150e fête du Canada est une feuille d’érable en mosaïque, ceci signifie que le Canada est basé sur la diversité. » - le ministre des Droits de la personne, Jonathan Cyr.
Les membres du Parlement jeunesse fransaskois se réunissaient, le 3 décembre dernier, au Palais législatif de Regina, pour discuter et finalement adopter la Loi C2 qui concerne la laïcisation du gouvernement canadien, en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.
La Loi C2 abolit toute restriction de symboles religieux dans les espaces publics, pour respecter l’article 2 de la Charte canadienne de droits et libertés, qui stipule que chaque individu a sa liberté d’appartenance religieuse.
Le ministre des Droits de la personne, Jonathan Cyr, explique qu’il est important de s’exprimer en tant que Canadien et Canadienne et que la religion de chacun, comme elle est une grande partie de notre vie, devrait être respectée, tout comme les autres valeurs, dans l’esprit de la Charte.
Ce fut un débat féroce, avec des arguments accrocheurs qui venaient de chaque côté. Bien sûr, le gouvernement, ainsi que l’Opposition, se sont battus très fort. « On devrait célébrer nos différences, pas les effacer », de dire le député de Prince Albert, Albert Northern. « La société change et évolue, la religion devrait faire de même. » de répondre un membre de l’Opposition.
Le débat s’est poursuivi avec un amendement proposé par le député d’Indian Head/Milestone qui a émis l’opinion que le vêtement religieux pourrait être accepté dans tous les espaces publics, mais aucun autre symbole qui pourrait être considéré dangereux ne pourrait être accepté. « On voit beaucoup d’objets religieux qui pourraient causer du danger. Si c’est juste les vêtements, on ne voit aucun danger. »
Le gouvernement a rejeté l’amendement et refusé de modifier sa position.
Après plusieurs heures, la Chambre a décidé d’adopter la Loi C2 sans amendement ou changement à la proposition originale. C’est-à-dire que tous les citoyens et citoyennes du Canada peuvent arborer leur symbole religieux, où qu’ils soient.
L’Opposition dit non aux Premières Nations et aux minorités
Janie Moyen
Le gouvernement du Parlement jeunesse fransaskois a finalement rejeté la Loi 3 concernant l’ajout d’un troisième ordre de gouvernement au Canada, le 2 décembre dernier, au palais législatif.
Après un discours du gouvernement concernant cette loi qui améliorerait l’égalité par la démocratisation pour les minorités, comme les peuples autochtones, les communautés francophones et autres, l’Opposition s’est lancée à l’attaque contre les arguments du gouvernement. Menée par son chef, Tristen Clarke, elle a décrété qu’un palier de gouvernement additionnel ne ferait que séparer le gouvernement présent et le gouvernement des minorités.
Le gouvernement croit qu’il s’agit d’une opportunité grandiose. « Cette loi serait une opportunité pour les minorités, et les Premières Nations, d’avoir un siège. Mais ce serait un siège à part. Ce ne serait pas le siège traditionnel. » a expliqué la ministre des Affaires indiennes, Andréanne Fletcher.
Lors d’une brève altercation entre la première ministre Jolanta Bird et le député d’Indian Head/Milestone Matthieu Hipkins, durant laquelle la première ministre fut chassée en courant hors de la Chambre par le sergent d’armes, le gouvernement a assuré à l’Opposition la représentation des minorités. La cheffe de l’Opposition et ses députés se sont questionnés sur les conséquences de cette loi, décrétant qu’elle diviserait le gouvernement, ne représenterait pas efficacement les minorités, et que le gouvernement est par le peuple et pour le peuple.
« Je serais seulement représenté dans un gouvernement, mais ne pourrais pas faire partie de l’autre. Alors, ce serait plate… » de dire Monsieur Hipkins.
Après plusieurs amendements, dont l’obligation d’écouter un épisode de Friends pour mieux comprendre les problèmes de notre société, une décision a été prise : la loi ne fut pas adoptée, il n’y aura pas de troisième ordre. Les deux côtés ont par contre affirmé que chacun des membres est pour l’inclusion des minorités, faisant eux-mêmes partie de la minorité francophone. L’inclusion mène à la compréhension, la compréhension est l’union.
Le président Khaled Kamruzzaman insulte la Chambre
Janie Moyen
Lors du débat sur la Loi sur la laïcisation, le président de la Chambre, Khaled Kamruzzaman, a surpris tout le monde en traitant les députés de bébés. Le sergent d’armes, lui ayant demandé de s’excuser auprès de ses députés, a couru après le président avant de le diriger gentiment hors de la Chambre, laissant les députés choisir un nouveau président, Jolanta Bird.
Qu’est-ce qui vous a motivé à traiter les députés de bébés ?
KK : Techniquement, je voulais laisser la chance à quelqu’un d’autre de jouer le rôle de président de la Chambre, de voir ce que je faisais. Sans oublier que maintenant, j’ai la chance de débattre. J’ai plein de choses à dire, mais que je ne pouvais dire à cause de ma neutralité. J’ai tenu ce rôle deux ans de suite, et comme c’est mon dernier PJF, je voulais vraiment voir quelqu’un d’autre le faire.
Entrevue avec Jolanta Bird, première ministre
Janie Moyen
Comment pensez-vous que le débat se passe ?
Le débat est largement terminé, mais le gouvernement est très confiant en ses capacités de convaincre les députés respectifs.
Lors du débat, nous avons senti un peu de rivalité entre vous et la cheffe de l’Opposition, Tristen Clarke. Voudriez-vous commenter ?
La cheffe de l’Opposition, Tristen Clarke, sait que le gouvernement réussira à faire passer le projet de loi, grâce à ses arguments solides et sa confiance. Elle sait aussi que l’Opposition n’est pas en voie de réussite.
Comment travaillez-vous avec vos collègues ?
Nous sommes une famille, chacun aide l’autre et nous avons un but commun : celui de faire accepter une loi.
Le curling pour se détendre
Janie Moyen
Lors de la soirée sociale du PJF, les organisateurs de l’évènement ont conduit les participants à l’aréna de curling de Regina. Pendant près de deux heures, jeunes et vieux, dont Shawn Jobin, qui a essayé ce sport pour la première fois, ont joué à ce sport typiquement canadien. Un peu plus tard, ils se sont tous réunis dans le lounge de l’aréna pour un deuxième souper constitué de pizzas, de lasagnes et de desserts.