Le libéral Jean-Marc Fournier, ministre québécois responsable des Affaires intergouvernementales, était présent au lancement du Rendez-vous fransaskois vendredi. Le lendemain, le nouveau ministre libéral de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale, a rendu visite à la communauté à son tour.
Fraîchement arrivés au pouvoir, les libéraux semblent en train de faire les yeux doux aux communautés minoritaires. En effet, bon nombre de Fransaskois ont vu d’un bon œil la défaite des conservateurs aux dernières élections. Certains ressentent un certain espoir avec l’arrivée d’un francophone, Justin Trudeau, au pouvoir. Un espoir matérialisé par la présence, à l’ouverture du Rendez-vous fransaskois, d’un membre important du camp libéral. Jean-Marc Fournier, ministre québécois responsable des Affaires intergouvernementales et leader parlementaire à l'Assemblée nationale, a tenu des propos plutôt appréciés de la communauté.
En effet selon lui, la présence et les combats menés par les minorités francophones de l’Ouest ont changé la mentalité québécoise. « Même si les Québécois ont pris leurs distances des Canadiens français, ils veulent réapprendre leur appartenance canadienne. Aujourd’hui on peut affirmer totalement notre identité québécoise. Mais il y a l’espoir de se réapproprier un territoire plus large. Il s’agit d’évoluer. Une façon de se réapproprier ça, c’est de se dire que dans ce territoire, il y a un peu de nous. Grâce à votre présence, votre insistance, votre persistance, il y a dans tout le Canada, une résonance francophone qui permet à nous Québécois de réapprendre à être Canadiens. » Une allocution applaudie par les dizaines de membres de la communauté venus au lancement du Rendez-vous fransaskois. Une satisfaction encore plus visible lors des propos du conclusion du ministre québécois : « Je vous dit merci de nous faire sentir qu’on peut être chez nous partout, qu’on est ensemble. »
Interrogé après son discours, Jean-Marc Fournier n’a toutefois pas caché que tout n’allait pas s’arranger du jour au lendemain, même sous un leadership libéral. « C’est évident qu’il faudra du temps, qu’il y a beaucoup de chemin à parcourir. Mais il y a maintenant une espèce d’odeur de confiance qu’on est bien partis », a-t-il indiqué.
Le ministre s’est vu offrir un drapeau fransaskois des mains de Wayne Elhard, le secrétaire législatif responsable des Affaires francophones en Saskatchewan. « C’est une invitation à faire partie de la famille », a réagi Jean-Marc Fournier. La présidente de l’Assemblée communautaire fransaskoise lui a ensuite offert un tableau du peintre francophone Wilf Perreault. « Notre relation avec le Québec a été renouvelée. Il y a plus d’ouverture. Le discours du ministre Fournier nous a beaucoup touchés. Il nous fait sentir que nous ne sommes pas seuls. Il a été très sensible à notre cause », a confié Françoise Sigur-Cloutier.
Interrogé justement sur le malaise actuel d’une grande partie de la communauté, qui lutte toujours pour ses droits et dont les organismes souffrent financièrement, Jean-Marc Fournier s’est voulu plutôt optimiste. « Ce qui me frappe c’est qu’il y a toujours beaucoup d’acquis à aller chercher. Des progrès à faire. Mais il y a une confiance, une compréhension que le monde change. L’ensemble des gouvernements fédéral et provinciaux offrent un certain niveau de services, il y des écoles d’immersion, etc. Il y a une certaine légitimité du français, c’est important que certaines blessures guérissent. Le français devient reconnu, accepté, légitimé. Tous les statuts minoritaires ont des craintes mais aujourd’hui nous ne sommes plus dans une configuration de l’un contre l’autre. Je me refuse à dire qu’il y a uniquement une crainte de l’assimilation », a confié le ministre québécois.
Fraîchement nommé ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, le très populaire Ralph Goodale s’est rendu au Rendez-vous fransaskois en voisin, samedi dernier. Le député libéral de la circonscription de Regina-Wascana a rencontré différents membres de la communauté, sous quelques flashs d’appareils photo, du fait de sa nouvelle notoriété gouvernementale. « J’ai de l’admiration et du respect pour l’énorme effort investi par cette communauté pour défendre sa culture, ses droits, ses jeunes, ses écoles, etc. Les gouvernements fédéraux et provinciaux doivent répondre à ces aspirations. » Le nouveau ministre a tenu à rappeler que les libéraux avaient toujours voulu aider les minorités linguistiques, contrairement à leurs adversaires conservateurs. « Lorsque notre parti était au pouvoir, sous la direction de Jean Chrétien, il avait choisi Stéphane Dion comme ministre responsable de l’Unité canadienne. Et nous avions pris une direction dans le bon sens, nous avions pris un bon départ. Mais nous avons été battus aux élections et tout cela s’est arrêté. Donc il y a besoin de repenser cela maintenant. »
Selon lui, l’espoir suscité par l’élection de Justin Trudeau est parfaitement justifié. « De par son héritage francophone, il sera forcément beaucoup plus sensible à la situation des communautés minoritaires. Stéphane Dion a hérité du ministère des Affaires étrangères. Ce qui lui donne une position très forte au sein du gouvernement. Par ailleurs, le fait qu’il ait choisi Mélanie Joly comme ministre du Patrimoine canadien et responsable des Langues officielles, constitue un signal fort. »
Même si Ralph Goodale prend les rennes d’un ministère pas franchement en lien direct avec les francophones, il a promis d’agir en faveur de la communauté. « Ce que moi je veux faire, c’est transmettre le message et sensibiliser le gouvernement, m’assurer que les besoins et les aspirations des Fransaskois soient représentés et soient pris en compte par le pouvoir.» Pour Françoise Sigur-Cloutier, la nomination de Ralph Goodale à un poste ministériel peut aider la cause fransaskoise. « C’est un vieux routier de la politique. Il est désormais très bien placé et représente un excellent allié pour nous au sein du gouvernement ».