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La violence faite aux femmes dans le monde: état des lieux

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En décembre 2012, une étudiante en médecine et son ami sont montés à bord d'un autobus de la ville de New Delhi, en revenant de voir Life of Pi au cinéma. Six hommes, dont le chauffeur d'autobus, ont violé et battu la jeune femme qui est morte quelques jours plus tard. Elle s'appellait Jyonti Singh et elle avait 23 ans.

Le juge en charge de l'affaire a emprisonné l'agresseur qui était mineur à l'époque et fait condamner à mort les 5 autres. Mukesh Singh, le chauffeur de l'autobus, fait appel.  Dans une entrevue qu'il a accordée récemment depuis sa cellule, à l'occasion de la présentation à la BBC du documentaire India's Daughter, il a déclaré: «Une femme décente ne traîne pas dehors après 21 heures. Les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Les femmes sont faites pour le ménage et les travaux domestiques, pas pour traîner dehors à faire des mauvaises choses et porter des mauvais vêtements. Environ 20% des femmes sont décentes». 

Monsieur Singh rejette toute responsabilité. «Lorsqu’une femme se fait violer, elle ne devrait pas se défendre. Elle devrait se taire et se laisser faire». Il n'est pas tout seul à être de cet avis. Selon une étude menée par une ONG  dans 11 villes indiennes, 55% des étudiants de 15 à 19 ans considèrent que les femmes s’habillent et se comportent de manière provocante et que leur comportement pousse les hommes à commettre des crimes violents. 52% des filles interrogées étaient de cet avis.

Pourquoi cette histoire?  Pourquoi l'Inde? Parce que c'est la première sur laquelle je suis tombée en faisant ma recherche pour un coup d'oeil sur le monde des femmes.  Elle aurait pu se passer n'importe où. Pire, moins pire, tolérée ou institutionnalisée, mais pareille.

La violence faite aux femmes: un phénomène mondial

La violence faite aux filles et aux femmes n'a pas de couleur, de continent, elle se loge à toutes les enseignes et ne se limite pas aux pays en guerre ou islamistes. Au Brésil, en 2009, l'archevêque de Recife, Giovanni Battista, a excommunié une enfant de 9 ans qui, régulièrement violée par son père, avait du se faire avorter. Tout le personnel médical ayant participé à l'IVG fut également excommunié, mais pas le père.  L'archevêque déclara que le viol d'une enfant est "moins grave que l'avortement".

Selon un rapport de la Banque mondiale, dans la plupart des régions, aucun endroit n’est moins sûr pour une femme que son propre foyer: plus d’une femme sur trois subit des violences, perpétrées pour la grande majorité par l'époux ou le petit ami.  

Quelques chiffres

Il se commet dans le monde 903 viols par jour, soit 329 708 viols (déclarés) chaque année, dont 95 136 aux Etats-Unis, 52 425 en Afrique du sud, 75 000 en Grande-Bretagne et au Pays de Galle, 24 350 au Canada.  C'est en Saskatchewan et au Manitoba que les crimes de nature sexuelle à l'égard des femmes sont les plus fréquents, soit le double de la moyenne canadienne. 

Dans les pays en développement, une fille sur cinq de moins de 18 ans accouche. La majorité des décès des jeunes filles de 15 à 19 ans sont dues à leur grossesse. 70 000 morts par année.

On fait quoi?

Partout dans le monde les groupes de défense des femmes et l'action collective jouent un rôle déterminant pour ouvrir la voie à des réformes progressistes. La présence de puissants mouvements féminins s’accompagne toujours de l’existence de politiques générales de lutte contre la violence faite aux femmes et contre la précarité. Mais c'est long. Très long.

Chacune parmi nous doit demeurer vigilante. Chacune doit dire "c'est assez". Et je me demande pourquoi nous ne nous levons pas toutes d'un seul bloc pour protester contre l'épidemie de violence à l'égard des femmes autochtones, pour exiger que les autorités accordent à ce drame l'attention qu'il mérite en reconnaissant qu'il s'agit d'un problème de société.  (Voir Eau vive du 8 mai 2014 Tragédie invisible à nos portes). 

Sources:  Statistiques Canada, The Guardian, Libération, Indian Express, Planetoscope,  Canadian Center for Justice Statistics