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Réaction à l’article « Consultations communautaires fransaskoises, 2012 »

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M. Dupré, c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu votre article intitulé «Consultations communautaires fransaskoises, 2012 : quelques réflexions muries... », paru dans l’Eau vive (vol. 43, no 11, p. A12) le 20 mars dernier.

La raison pour laquelle j’ai décidé de faire cette contribution provient du fait que je me sens interpellé par vos propos et ce, particulièrement à deux niveaux. Premièrement, en tant que membre du groupe de travail qui a mené ces consultations et deuxièmement comme élu puisque je suis actuellement le président de l’ACFR.

Comme vous le savez déjà, les consultations communautaires de 2012 découlaient d’un partenariat entre l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), le Conseil de la Coopération de la Saskatchewan (CCS) et l’Institut français (IF). Et le but des ces consultations étaient: «de donner la parole aux membres de la communauté afin qu'ils partagent leurs idées et recommandations afin d'assurer le développement de la fransaskoisie». Site web de l’ACF, www.fransaskois.sk.ca

Pour réaliser ce but, un groupe de travail composé des employés de ces trois organisations fut mis sur pied. C’est ainsi que  vous M. Frédéric Dupré (IF), Mme Christine Reigner-Gaudet, MM. Gildas Hèlye, Thierry Sarny, (ACF) et moi-même, Siriki Diabagaté (CCS), avons parcouru ensemble les différentes communautés fransaskoises dans le but de recueillir les besoins, de les prioriser et d’envisager avec elles les options de solutions.

À la lecture de votre article, permettez-moi de m’inscrire en faux, comme membre du groupe de travail, par rapport à vos propos sur les problématiques communiquées par les participants. En effet, après une seconde lecture des différents rapports je me demande d’où proviennent vos affirmations sur la problématique touchant la relation entre l’agent de développement local et son conseil d’administration. Pour votre information, les rapports des consultations sont encore disponibles sur le site internet de l’ACF (www.fransaskois.sk.ca) dans la section « développement communautaire ».

À la lecture des différents rapports, on peut remarquer que les préoccupations qui ont été soulevées par les participants des consultations communautaires portent sur les thématiques suivantes : la construction identitaire et la fierté, le partenariat, le financement des organismes, la reconnaissance, la visibilité et la promotion du français en Saskatchewan, ainsi que l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants.

Mon objectif ici, n’est pas de créer une polémique mais d’éviter qu’on prête des propos aux participants des consultations qui ne sont pas les leurs.  Car ces membres de notre communauté ont bien voulu contribuer à l’initiative et notre reconnaissance à leur endroit est plutôt de faire en sorte que les préoccupations soulevées soient entendues et surtout que les acteurs interpellés y prêtent l’attention requise.

Cette phrase du rapport résume bien ma position: «Ainsi, au terme des consultations organisées partout dans la province, il en ressort une liste d'actions prioritaires à réaliser afin d'assurer la prospérité de la communauté à court, moyen, et long terme».

Alors M. Dupré, le débat ne devrait-il pas porter sur les besoins identifiés, priorisés et les solutions proposées par nos communautés plutôt que sur ce que vous auriez aimé entendre?

D’autre part, les propos de votre article m’interpellent aussi en tant qu’élu et j’aimerais vous faire part de mon opinion.

A la lecture de votre article, le CA semble être quelque chose de nuisible et surtout un obstacle au développement local. Et ce malgré tout le processus démocratique à suivre pour la mise sur pied d’un CA et la légitimité que ce dernier lui confère.

Bref, vous nous proposez un modèle de gestion de nos organisations dont le rôle du CA se résumerait entre autres et je vous cite :

  • 1.     «L’Assemblée générale annuelle (AGA) adopte une programmation et un budget annuel et effectue l’évaluation (recommandations, critiques, félicitations, etc.) du travail de l’agent sur les résultats visés l’année précédente».

    2.     «Les membres du CA sont responsables des signatures de chèques, de la représentation publique et de conseiller l’agent lors des défis qu’il ne peut relever seul (e)».

    3.     «L’agent crée des groupes de travail autour de sa programmation et va chercher les appuis administratifs et professionnels nécessaires auprès des organismes provinciaux spécialisés dans le domaine»

A la lecture des trois points ci-dessus et d’après le modèle alternatif proposé, je ne peux m’empêcher de faire les constats suivants :

  • a)    Le CA est un obstacle au travail de l’agent de développement alors il faut lui assigner un rôle honoraire. 
  • b)    L’agent de développement veut le bien de la communauté mais pas le CA.
  • c)    D’après votre modèle, les élus ne seront bons que pour signer des chèques et appelés à donner leur avis au bon vouloir de l’agent de développement.
  • d)    Désormais les élus fransaskois n’auront que des obligations mais pas de droits. Les élus devront signer les ententes et être légalement responsables de bien des choses mais c’est l’AGA qui aura droit à des comptes rendus mais le pas le CA.
  • e)    Selon votre modèle, l’imputabilité n’est plus une exigence dans la gestion des organisations à cause du rôle honoraire que vous assignez au CA.

Pour moi, vous ignorez le rôle et les responsabilités d’un CA mais en plus vous semblez sous-estimer l’apport inestimable de nombreux bénévoles de notre communauté. Mais pour votre gouverne, sachez que la confiance n’exclut pas le contrôle d’où la nécessité d’un CA qui doit jouer le rôle pour lequel il a été élu.

Les CA de nos organisations ne sont pas sans reproches, cependant je ne crois pas que votre solution soit la bonne. Mais avant de vous proposer ma solution, permettez-moi de vous faire part des causes du problème dans la gestion et le fonctionnement de nos organisations. Mentionnons entre autres :

  • ·       La démobilisation des membres de notre communauté par rapport à nos associations où nous sommes des consommateurs de la francophonie et non des acteurs de notre francophonie ;
  • ·       Le déséquilibre entre les besoins réels et actuels des membres de la communauté et l’offre de services de nos organisations ;
  • ·       L’inexistence de plan de relève dans la gestion de nos associations ;
  • ·       Le manque de formation  des ressources humaines (CA et employés) ;
  • ·       Le haut taux de roulement des employés de nos associations.

Cette liste non exhaustive des défis est malheureusement le mal qui met à risque le développement local de nos communautés fransaskoises.  Les CA ne peuvent  pas être les seuls responsables.   La situation dans laquelle nous nous trouvons comme communauté est sérieuse. Alors notre réflexion doit être posée et nos actions consciencieuses mais surtout responsables.

La solution est avant tout la responsabilisation de tous et de tout un chacun envers notre bien commun, notre communauté. Cette dernière nous appartient à tous et nous avons l’obligation de faire en sorte qu’elle se porte bien mais surtout qu’elle s’épanouisse.  Nous devons arrêter d’être des consommateurs et nous devons plutôt devenir les acteurs de notre francophonie !

Le deuxième niveau de responsabilisation doit se faire avec les CA de nos organisations. L’administration, la gestion financière, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes et les communications sont les principales responsabilités d’un CA. Il est temps que ces derniers élus démocratiquement assument pleinement leurs rôles et responsabilités. Les membres doivent dans un premier temps accepter de se former et dans un deuxième temps gérer nos organisations comme il se doit.  L’action à poser ici est de mettre à la disposition de nos élus un cadre ou un mécanisme où cette éducation pourra se faire.

Le troisième niveau de responsabilisation doit avoir lieu au niveau de nos agents de développement. En effet, une fois les orientations stratégiques indiquées, le rôle de l’agent est de les opérationnaliser. Il s’agit  donc pour ce dernier de proposer une offre de service qui va satisfaire les besoins de sa clientèle. 

Pour ce faire, l’agent de développement doit être capable de faire une bonne lecture de son environnement et de poser des actions concrètes et pertinentes à cet égard. Malheureusement nos agents de développement ne sont pas toujours outillés pour faire face à cette tâche. Il faut rajouter à cela la rémunération ingrate qu’ils reçoivent pour travailler au développement de notre communauté.

Peut-on prétendre à une moisson s’il n’y pas de période de semence ? Il me semble que c’est le choix inconscient que nous avons fait ! La solution pourrait être   l’instauration  d’un cadre de formation et de développement pour tous les agents de développement communautaires fransaskois. Avec les préoccupations soulevées lors des consultations et les derniers développements survenus dans notre communauté, il est peut-être venu le temps de tenir des états généraux…