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La St-Jean – fête de qui, au juste?

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Comme Alexandra Drame (Eau vive, 2-8 juillet), moi aussi j’ai assisté à Saskatoon à l’École-canadienne-française (ECF) à ce que l’on nous proposait comme la « Fête de la St-Jean-Baptiste », ce 24 juin dernier. Aussi, comme la correspondante de Saskatoon, je n’ai rien vu d’une « Fête de la St-Jean ». D’ailleurs, sur une période de 4-5 ans, c’est la 3e fois que je m’y pointe le nez et, les trois fois, j’ai eu la même impression. On aurait titré cette activité « Fête de la fin des classes », « Rencontre des parents de l’ECF », « BBQ estival à ECF », « Soirée d’activités jeunesse », j’aurais compris le raisonnement. 

Dans la foule, on voyait surtout parents et enfants. Oh, il y avait quelques vieux comme moi, sans doute attirés par l’idée de fêter la St-Jean – souvenirs d’antan. On est nostalgique, vous comprenez! À quelques exceptions près, ils sont surtout restés ensemble, un peu à l’écart, laissant la fête se dérouler comme prévue par les organisateurs – une activité parascolaire, une activité pour groupe sélect.

Comme j’ai dit, je m’y suis rendu, moi et mes trois « bonshommes gigueurs »(1), Elzéar, Elizabeth et Nellie le Trotteur et une bonne sélection de musique dite « traditionnelle » - La Bottine souriante, Gilles Vigneault, Les Charbonniers de l’enfer, Édith Butler, Le Vent du Nord, ainsi de suite. Je ne voulais pas m’imposer; j’espérais contribuer. Mes présentations ont attiré quelques uns, même un adulte ou deux, mais mon retour à une des traditions de la St-Jean avait une forte compétition - un château gonflable, un terrain de jeux, un poste où on « peinturait » les visages et un autre où on confectionnait les « sculptures de ballons ».

J’ai osé demander aux jeunes ce que l’on célébrait. Peu d’enfants semblaient comprendre pourquoi on se rassemblait. Oh, pour s’amuser, certes. Comment ne pas penser cela, entourés comme ils étaient par une série d’activités alléchantes. Ceux qui connaissaient la « bonne réponse » – plutôt les 8-10 ans (merci aux profs!) - parlaient plutôt de « fête des francophones », réponse que j’ai corrigée avec autant de douceur et de tact que possible, expliquant que depuis près de 100 ans, c’est la fête du Canada français (avec toutes mes excuses aux Québécois, bien entendu!).

Sans doute que l’ECF devrait conserver cette activité annuelle. Les enfants semblaient s’amuser, la bouffe était bonne et, Dieu sait, une opportunité de se rencontrer entre pairs (pour les adultes aussi, comme de raison) dans un contexte social – toutes d’excellentes raisons pour maintenir cette fête. Mais, comme une St-Jean communautaire? Sans doute que non.

Comme Mme Drame, j’espère que la tradition de la St-Jean continue à Saskatoon. Cependant, il faudrait la rendre plus communautaire et plus traditionnelle. Une tradition, une fois perdue, devient folklore. Et, ça, ce n’est pas de la simple nostalgie.

Paul Heppelle, Saskatoon.

 (1)Pour les non-habitués, le bonhomme-gigueur est un pantin de bois aux articulations amovibles qu’on fait danser sur le bout d’une planchette au rythme de la musique Comme les cuillères, il fait partie du folklore canadien-français. Ci dessous on peut voir  Elzéar, un petit bûcheron; Elizabeth, sa fiancée, une petite dame de la campagne; Nellie, leur pony encore attelé pour sa besogne dans les camps.