Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
Anonym

Génocide culturel: les francophones solidaires et oppresseurs

Corrine Scott, professeure adjointe à l’Institut d’études féministes et de genre à l'Université d'Ottawa

Corrine Scott, professeure adjointe à l’Institut d’études féministes et de genre à l'Université d'Ottawa

Photo : Jean-François Brière (2015)
Le régime de génocide culturel lancé en 1870, quand la bureaucratie fédérale s’est imposée dans les vastes régions du Nord-Ouest[1], aura duré plus d’un siècle. Comment les Canadiens français se sont-ils comportés envers les autochtones ?

L’année 1870 est un point tournant dans l’histoire : des ultranationalistes ontariens ont envahi l’Ouest, avec l’appui d’Ottawa, pour prendre la place des Indiens et des Métis. Une intention britannique semblable avait présidé en 1755 à la Déportation des Acadiens.

« On parle de génocide, déclare le président de la Société nationale de l’Acadie, René Légère, d’une tentative d’élimination complète. L’action prise était de séparer le noyau familial des Acadiens, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, et de les envoyer loin de l’autre pour qu’ils ne se retrouvent jamais.

Le porte-parole n’est pas surpris par l’expression de « génocide culturel » employé pour décrire l’expérience des écoles résidentielles. Mais il est fier des liens tissés avec les autochtones.

« On a signé des ententes de réconciliation avec eux, on s’est engagés à réaliser des projets ensemble. Chaque fois qu’on tient un événement culturel important, on se fait un devoir d’inviter les Premières nations. »

Les écoles résidentielles ont permis d’arracher quelque 150 000 enfants de leur famille et de les entasser dans des pensionnats pour éliminer leur identité tout en exploitant leur labeur. Après six ans de travaux, le rapport intérimaire de la Commission vérité et réconciliation a été publié le 2 juin.

Avons-nous agi de façon honorable ? Dans un texte publié par Le Devoir, la professeure Corrie

, de l’Université d’Ottawa, dénonce le discours selon lequel la francophonie d’Amérique serait le fruit d’une aventure coloniale ayant permis aux civilisés d’explorer la nature sauvage[2].

« Les Francophones ont été sans doute solidaires et oppresseurs, explique-t-elle, mais on tend à célébrer la solidarité et à cacher les abus. » La professeure adjointe à l’Institut d’études féministes et de genre ne voit pas, dans l’union des Européens et des femmes indiennes, qu’un symbole d’amitié entre les peuples. Elle y perçoit aussi « le signe de la longue histoire de violence faite aux femmes autochtones ».

Corrie Scott s’inspire de l’auteure Karen Anderson qui a trouvé parmi les chroniques des jésuites « des descriptions d’Amérindiennes fières et désobéissantes, des comportements très inquiétants pour les hommes blancs. Trente ans plus tard, on découvre des histoires de femmes enchaînées, battues et punies publiquement si elles n’obéissent pas à leur époux.[3] »

La chercheuse rappelle qu’au début de la colonisation, « le système de gouvernement de la Ligue des Cinq Nations[4], par exemple, était déjà établi et aura une influence importante sur le concept de démocratie d’aujourd’hui. Si les sociétés autochtones n’étaient pas toutes pareilles ou parfaites, les francophones sont généralement mal informées en ce qui concerne l’histoire. »

Les francophones ont un intérêt à se réconcilier avec les autochtones, estime Corrie Scott. « Malgré les injustices que les Premières Nations ont subies et continuent à endurer, les savoirs des communautés autochtones sont complexes et riches et peuvent jouer un rôle important.   

« Comme principe de base, soutient-elle, les non autochtones devraient assurer leur propre rééducation en ce qui concerne leur histoire collective - il faut corriger la désinformation et aller au-delà du déni. Et il faudra appuyer les nombreux efforts déployés par les communautés autochtones et soutenir leur guérison à tous les niveaux. »

Des efforts sont déjà déployés dans plusieurs provinces. En Ontario, le Bureau de l’éducation des autochtones a été créé en 2007. Une gestionnaire du Centre franco-ontarien des ressources pédagogiques, Jacqueline Boulianne, avait alors été déléguée pour coordonner les stratégies du Bureau auprès des conseils scolaires francophones.

Ces démarches ont enclenché une série de rencontres communautaires, régionales et provinciales pour développer des outils pédagogiques et des stratégies de formation des enseignants.

Après avoir vu rapport de la CVR, René Légère a immédiatement contacté le ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick « pour savoir où on en est avec cette question. Il semble qu’on en parle à partir de la 7e année et qu’on fait des liens entre ce qu’ont vécu les autochtones et les Acadiens. » La direction des programmes chercherait à inclure au curriculum l’expérience des écoles résidentielles.


[1] Ce territoire comprenait le tiers du Canada, allant du Pacifique et de l’Arctique à la frontière québécoise.

[2] Voir Corrie Scott, On ne voit pas assez grand, Le Devoir, 4 juin 2015, p. 7.

[3] Voir Karen Anderson, Chain Her by One Foot (CUP Archive, 1991)

[4] Il s’agit d’une alliance iroquoise créée en 1570.

Imprimer
14179

Contacter l'auteur

x
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

24 août 2020/Auteur: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Nombre de vues (17659)/Commentaires (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

20 août 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14873)/Commentaires (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

16 juillet 2020/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (21026)/Commentaires (0)/
Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Après plusieurs années d’attente et une entente de principe avec le gouvernement de la Saskatchewan qui tardait à se concrétiser, une nouvelle école primaire francophone verra finalement le jour dans la capitale provinciale.

13 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (26490)/Commentaires (0)/
Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

8 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse/Nombre de vues (24036)/Commentaires (0)/
Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Produire local, le nouveau défi des francophones de Regina

REGINA - LAssociation canadienne-française de Regina a inauguré son tout premier jardin communautaire le 15 juin dernier sur le terrain de l'École Mgr de Laval.

1 juillet 2020/Auteur: Leslie Diaz – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (28964)/Commentaires (0)/
Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Après 10 ans de lutte judiciaire, la Cour suprême du Canada a tranché en faveur des parents franco-colombiens. Cette décision historique a été chaudement saluée par la communauté fransaskoise.

29 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (25362)/Commentaires (0)/
L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

Ateliers scolaires Gardiens de lys'toire par la Société historique de la Saskatchewan

À travers sa série d’ateliers pédagogiques, la Société historique de la Saskatchewan (SHS) donne vie à l’histoire dans la salle de classe des écoles de la province. 

28 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (25821)/Commentaires (0)/
La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

Les universités francophones du pays misent sur l’inscription d’étudiants internationaux. Les mesures sanitaires en place affecteront directement les inscriptions.

14 juin 2020/Auteur: André Magny (Francopresse)/Nombre de vues (20895)/Commentaires (0)/
Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Trois semaines après que l’Association canadienne-française de l’Alberta a lancé une campagne de mobilisation pour sauver le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, l’incertitude règne toujours quant à l’avenir de l’établissement.

13 juin 2020/Auteur: Guillaume Deschênes-Thériault – Francopresse /Nombre de vues (22479)/Commentaires (0)/
Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Si tout va bien à la rentrée de septembre, le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) ira de l’avant avec un concept nouveau en Saskatchewan, mais qui a fait ses preuves dans d’autres provinces: l’école communautaire citoyenne.

13 juin 2020/Auteur: André Magny (Initiative de journalisme local – APF – Ouest)/Nombre de vues (23711)/Commentaires (0)/
La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême du Canada a donné raison aux francophone de la Colombie-Britannique, qui réclame depuis dix ans devant les tribunaux que le système scolaire de langue française soit mis à égalité avec le système anglophone.

12 juin 2020/Auteur: Marc Poirier – Francopresse /Nombre de vues (27654)/Commentaires (0)/
André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

Fils et petit-fils de colons de l’Ouest, André Moquin a œuvré toute sa vie pour l’avancement de l’éducation en français dans sa province.

2 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (29528)/Commentaires (0)/
L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'école fransaskoise remporte un prix international

Six élèves de la 8e année du Pavillon secondaire des Quatre Vents de l'école de Monseigneur on remporté un des deux Prix du public offerts dans le cadre du concours « Slame tes accents » du Centre de la Francophonie des Amériques.

23 mai 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (27076)/Commentaires (0)/
Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

L’appel à l’action de l’ACFA dans le cadre de la campagne «Sauvons Saint-Jean» a été entendu d’un bout à l’autre du pays, et même au-delà de nos frontières. 

19 mai 2020/Auteur: Guillaume Deschênes-Thériault (Francopresse)/Nombre de vues (23055)/Commentaires (0)/
RSS
Première2345791011Dernière

 - mercredi 26 juin 2024