Skip Navigation

Rwanda: retour sur un génocide de proximité

Une saison de machettes

Une saison de machettes

L'ex-journaliste français Jean Hatzfeld a écrit une trilogie sur le Rwanda: Dans le nu de la vie (2000) donne la parole aux rescapés; Une saison de machettes (2003) est le fruit d'entretiens avec des génocidaires; La stratégie des antilopes (2007) se penche sur la cohabitation entre rescapés et tueurs.
Rwanda, 1994, ça vous rappelle  quelque chose? Entre avril et juillet, plus de 800 000 Tutsis ont été exterminés par leurs compatriotes hutus, soit environ les trois quarts de la population tutsie. Un génocide programmé, planifié, annoncé.  La communauté internationale n'a rien fait. Pourquoi en parler aujourd'hui? Par devoir de mémoire. Par respect pour les rescapés.

Un génocide n'est pas une guerre, c'est un projet d'extermination. Celui-ci a de particulier que des milliers de victimes, particulièrement dans les zones rurales (90% du pays) connaissaient celui qui les assassinait: un voisin, un collègue de travail, un beau-frère, un professeur, un pasteur. 

Le génocide rwandais était annoncé. À partir du 8 juillet 1993, la Radio des Mille Collines appelait quotidiennement « les vrais Rwandais", (Hutus), à « éradiquer les cancrelats », (Tutsis). L’assassinat du président Habyarimana, le 6 avril 1994, n'a pas été la cause mais le déclencheur du génocide.  Dès le lendemain les assassinats ont commencé dans la capitale, en commençant par ceux de Hutus démocrates, dont la Première ministre Agathe Uwilingiyimana. Le 9 avril, un gouvernement intérimaire composé d’extrémistes hutus prêtait serment et le génocide s'étendait à tout le pays.

Malgré les cris d'alarme, dont ceux du lieutemant-général canadien Roméo Dallaire (1), on a laissé le champ libre aux interhamwaye, milices extrémistes mises sur pied par Habyarimana. Pire, dans les premiers jours des massacres, des militaires belges, français et italiens ont procédé à l’évacuation de l’ensemble des ressortissants étrangers. Pire encore, le 21 avril, par sa résolution 912, le Conseil de sécurité de l’ONU a réduit les effectifs de la Minuar (Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda) de 2 500 à 270 hommes. 

800 000 morts plus tard, le Front patriotique du Rwanda, commandé par Paul Kagame, mit fin au conflit.

La trilogie des marais rwandais

Le Bugesera est un des 7 districts de la Province de l'est du Rwanda. Il s'étend  autour de la ville de Nyamata, bourgade de quelques dizaines de milliers d’habitants, répartis sur une quinzaine de collines parsemées de marais. Entre le lundi 11 avril et le samedi 14 mai 1994, environ 50 000  Tutsis, sur une population d'environ 59 000, y ont été massacrés à la machette, par des interamwaye et des voisins hutus. 

Pour essayer de comprendre l'incompréhensible, pour raconter l'irracontable, l'ex-journaliste français Jean Hatzfeld a peu à peu délaissé le journalisme pour se concentrer sur Nyamata et ses environs où il retourne régulièrement depuis plus de 20 ans. Des liens qu'il a tissés sont nés trois livres (que j'ai lus deux fois): Dans le nu de la vie (2000) donne la parole aux rescapés; Une saison de machettes (2003) est le fruit d'entretiens avec des génocidaires; La stratégie des antilopes (2007) se penche sur la cohabitation entre rescapés et tueurs. Les récits des rescapés nous bouleversent, l'absence de remords des génocidaires nous sidère. Et que dire de cette cohabitation surréaliste entre les uns et les autres?

Ce sont des récits puissants. On découvre une langue belle, imagée, toute en retenue et en métaphores, qui chante même quand l'histoire est triste. Les titres de la trilogie, tout comme celui d'Un papa de sang, paru en 2015 et qui donne cette fois la parole aux enfants de rescapés et de génocidaires, sortent tous de bouches rwandaises.

Et maintenant?

Pour éviter les pièges du passé, les autorités rwandaises ont décidé de gommer les identités. Et, comme l'ont rapporté moult journalistes au retour des commémorations du génocide en avril 2015, ça semble marcher. À Kigali en tout cas où, comme dans toutes les grandes villes, on ne connait pas le voisin et son histoire. Mais dans les régions rurales? "À Nyamata, qu’on écoute les familles tutsies, hutues ou les enfants, ils sont tous unanimes pour dire qu’ils appartiennent à une ethnie", rapporte Hatzfeld. (2)

L’histoire du Rwanda n’est toujours pas enseignée dans les écoles primaires et secondaires.  Le pays s'est brillamment et vaillamment relevé de l'horreur, mais ses nouvelles fondations reposent sur de lourds non-dits.  Je vais lire "Un papa de sang", pour voir ce qu'en pensent les enfants... 

(1) Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable (Shake hands with the Devil), 2003

(2) Tiré de Jeune Afrique, 3 septembre 2015

 

Imprimer
24313
 

Mychèle FortinMychèle Fortin

Autres messages par Mychèle Fortin
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x

L’animation culturelle dans les écoles

On apprenait récemment que le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) révisait plusieurs de ses programmes, dans le contexte de la crise financière qu’il traverse actuellement. Un de ces programmes est celui qui concerne l’embauche d’animatrices / animateurs culturels dans les écoles.

15 mai 2014/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (25314)/Commentaires (0)/
Se sucrer le bec pour une bonne cause

Se sucrer le bec pour une bonne cause

Un souper pour moderniser les infrastructures de la Gard’Amis

Le vendredi 9 mai 2014, la communauté francophone de Regina honore le rendez-vous fixé par le Centre éducatif Gard’Amis au Bistro du Carrefour des Plaines. Le souper Cabane à sucre, organisé en collaboration avec l’Association canadienne française de Regina (ACFR), a pour de but de lever des fonds « afin de donner un coup de jeunesse aux infrastructures vieillissantes » de la seule garderie francophone de la ville reine. 

15 mai 2014/Auteur: Luc Bengono/Nombre de vues (31314)/Commentaires (0)/

L’Association des parents fransaskois et la petite enfance

Dossier petite enfance - Mai 2014

Pour l’Association des parents fransaskois (APF), la petite enfance (de la garderie à la prématernelle) est un dossier prioritaire, car il représente l’avenir de la communauté. Investir dans la petite enfance, c’est donc investir dans notre avenir. L’APF traite ce dossier avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

15 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (27041)/Commentaires (0)/

Les groupes de jeux :Pour favoriser le développement global de l’enfant

Dossier petite enfance - Mai 2014

L’Association des parents fransaskois (APF) chapeaute plusieurs structures, telles que les Centres d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE) et les Centres de ressources à la petite enfance (CREPE). Elle travaille avec les garderies familiales avec ou sans permis et les prématernelles du CÉF. « Plus il y a d’organismes qui s’impliquent, chacun avec ses compétences, meilleur sera l’appui », affirme Hind Ramy. 

15 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25978)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu et la formation en petite enfance

Le Collège Mathieu et la formation en petite enfance

Dossier petite enfance - Mai 2014

Le Collège Mathieu, institution d’éducation postsecondaire en français en Saskatchewan, offre le programme d’Éducation à la petite enfance depuis une dizaine d’années. Les personnes qui ont complété ce programme, ainsi que la majorité des étudiants actuellement admis, travaillent déjà dans le secteur. La tendance des inscriptions est à la hausse d’une année à l’autre, et ceci est l’un des indicateurs d’un besoin réel sur le marché du travail de la province.

15 mai 2014/Auteur: Josiane Barebereho – Collège Mathieu/Nombre de vues (36968)/Commentaires (0)/

Éducatrice : Un métier à l’avenir prometteur

Dossier petite enfance - Mai 2014

Entretien avec Madame Brigitte Chassé, Agente à la petite enfance auprès du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) qui nous a partagé son opinion sur l’éducation de la petite enfance.

15 mai 2014/Auteur: Josiane Barebereho – Collège Mathieu/Nombre de vues (34776)/Commentaires (0)/
La Garderie : Là où tout commence

La Garderie : Là où tout commence

Dossier petite enfance - Mai 2014

C’est au bout de quatre ans de démarches auprès du gouvernement et grâce à l’appui de l’ensemble de la communauté fransaskoise que le centre éducatif a pu ouvrir ses portes en 1987. À l’été 1996, le Centre a emménagé dans ses nouveaux locaux au Centre scolaire communautaire de Regina.

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (37159)/Commentaires (0)/

La petite enfance et l'avenir : Quand les chiffres parlent d'eux-mêmes

Dossier petite enfance - Mai 2014

« Donner un degré de priorité élevé au développement de la petite enfance. Il s’agit là de l’investissement le plus rentable que nous puissions faire pour assurer notre prospérité à long terme. » (rapport L’Ontario à l’ère de la créativité)

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (26229)/Commentaires (0)/

Mais qu’est-ce qu’elles font toute la journée?

Dossier petite enfance - Mai 2014

La garderie, comme on dit... Que sait-on de ce lieu, de ce milieu dans lequel évoluent les tout-petits, de cette micro-société où ils passent souvent plus de temps que dans leur famille? Que sait-on du rôle et de la place qu’occupent les éducatrices dans la vie des enfants? 

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (33841)/Commentaires (0)/
L’école Beau Soleil se distingue au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise

L’école Beau Soleil se distingue au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise

Le 30 avril et 1er mai dernier, des élèves de l’école Beau Soleil de Gravelbourg ont participé au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise (AJF) à Saskatoon. Cet évènement annuel, organisé en collaboration avec La Troupe du Jour (LTDJ), a plongé les participants dans le monde du théâtre en leur permettant de suivre des ateliers donnés par des spécialistes de tous les horizons, comme l’expression corporelle, l’improvisation et le jeu lors de la première journée du festival.  

15 mai 2014/Auteur: Étienne Gravel/Nombre de vues (29416)/Commentaires (0)/
Destination Provence

Destination Provence

Immersion et dégustation pour dix étudiantes de l’Université de Regina

C’est en Provence, une région du sud-est de la France, que se rendront dix étudiantes et deux accompagnatrices du département de français de l’Université de Regina, du 13 au 29 mai prochains.

15 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (22195)/Commentaires (0)/
Science et culture à l’école de Zénon Park

Science et culture à l’école de Zénon Park

Deux journées bien remplies!

Le lundi 14 avril, les élèves de l’école Notre-Dame-des-Vertus ont présenté un magnifique projet collectif. Les élèves de la maternelle à la 3e année racontent et chantent « La soupe aux pierres ». Un joli conte qui parle de débrouillardise et de partage. 

15 mai 2014/Auteur: Amy-Valérie Olivier – CÉF/Nombre de vues (24464)/Commentaires (0)/
Mathieu Racine : du restaurant à la garderie

Mathieu Racine : du restaurant à la garderie

Dossier petite enfance - Mai 2014

Originaire de l’Outaouais, Mathieu est un Chef cuisinier, un vrai! Pendant dix ans, il a touché à plusieurs cuisines, en commençant par la cuisine française pour laquelle il a une prédilection. À la Gard’Amis depuis mars 2013, il veille au bien-être des estomacs des petits et des grands.

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (32545)/Commentaires (0)/
Foire du patrimoine régionale de Regina

Foire du patrimoine régionale de Regina

Des jeunes de 18 écoles étalent leur savoir

La Foire régionale du patrimoine s’est tenue à l’Université des Premières Nations, le jeudi 1er mai. Cet évènement réunissait les 103 projets des 125 élèves (4e à 9e année) de 18 écoles des 6 commissions scolaires suivantes : le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), Prairie Valley, Regina Catholic, Regina public, South East Cornerstone et Holy Family.

8 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (49596)/Commentaires (0)/

Une table ronde sur la petite enfance

Un service essentiel mais comment le financer?

Les programmes de la prématernelle sont aussi essentiels à la réussite des élèves qu’à la vitalité des communautés francophones en contexte minoritaire. Le défi, c’est comment en assurer leur financement à court, à moyen et à long terme. Ce sont les constats et les questionnements qui sont ressortis lors d’une table ronde sur la petite enfance, organisée par le Conseil scolaire fransaskois (CSF).

8 mai 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (30835)/Commentaires (0)/
RSS
Première2728293031323436

 - dimanche 17 novembre 2024