Skip Navigation
Bon 36366
Élections fédérales : Qu’attendent les Fransaskois ?
Lucas Pilleri
/ Catégories: 2019, Politique

Élections fédérales : Qu’attendent les Fransaskois ?

La campagne touche à sa fin. Depuis plus d’un mois, les six partis fédéraux sont en lice pour convaincre les Canadiens. Mais qu’en est-il des francophones dans cette course électorale ? Éducation, santé, dualité linguistique, justice… Les enjeux sont nombreux pour la minorité. Avec un objectif avant tout : ne pas être laissée de côté.

Ce 21 octobre, les Canadiens auront tranché. Constat décevant, durant tous les débats qui ont ponctué la campagne, les enjeux francophones auront peu fait surface. « Beaucoup des candidats sont ‘franconaïfs’ », estime Denis Simard, président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF). Son organisme a d’ailleurs rencontré tous les partis pour les sensibiliser, en espérant qu’ils deviennent « francoresponsables ».

« N’oubliez pas qu’on est là »

L’enjeu est d’autant plus fort que le poids démographique des francophones dans l’Ouest canadien est souvent très faible. En Saskatchewan, ils constituent 5 % de la population d’après le Commissariat aux langues officielles. « Dans la majorité des cas, les plateformes politiques ne nous incluent pas », regrette ainsi Denis Simard.

Exemple avec la santé : « On va parler des services de façon générale, mais les enjeux francophones ne ressortent pas toujours », remarque Frédérique Baudemont, directrice générale du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS). Pourtant, l’accès aux services de soin en français fait défaut : « Il n’y a pas de moyen d’identifier systématiquement la langue parlée par les professionnels de la santé », souligne la responsable. Aussi faut-il travailler selon elle à « changer la culture » au sein du ministère de la Santé.

En outre, la question des services aux aînés francophones est urgente. « Une large proportion de la communauté fransaskoise a 50 ans et plus, rappelle Denis Simard. Ça nous prend des services adaptés à leurs besoins : des centres d’accueil pour retraités, des cliniques de services en français… »

Les dossiers-clés

En éducation, l’ACF demande des efforts pour les écoles et garderies. Listes d’attente qui s’allongent, manque de place, pénurie de personnel… « Le continuum en éducation, de la prématernelle au postsecondaire, a besoin d’investissements », résume le président. Le manque de programmes au postsecondaire empêche même la rétention des élèves, déplore le porte-parole, « ce qui veut dire qu’on perd nos Fransaskois pour d’autres provinces ».

« Les financements viennent surtout de la province, mais c’est le gouvernement fédéral qui, en vertu de la Loi sur les langues officielles, a l’obligation d’assurer le développement et l’épanouissement de la communauté », rappelle l’avocat Roger Lepage. L’homme de loi estime que le fédéral n’en fait pas assez pour assurer un financement adéquat des écoles. « Où était le gouvernement fédéral en Cour suprême du Canada le 26 septembre dernier lorsque le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique cherchait du financement pour ses écoles ? Ça en dit long. »

Le manque de soutien du fédéral dans ce genre de dossiers est criant selon le juriste. Actuellement, quatre recours judiciaires pour obtenir des écoles francophones sont en cours en Saskatchewan. Certes, la province s’est engagée à construire trois nouveaux établissements à Saskatoon, Regina et Prince Albert, « mais il n’y a aucun échéancier, rien n’avance, on ne choisit pas les sites. Qu’est-ce que le gouvernement fédéral fait pour aider à financer ces écoles-là ? », questionne le membre de l’Association des juristes d’expression française de la Saskatchewan (AJEFS).

Moderniser la LLO

La modernisation de la Loi sur les langues officielles (LLO) est l’un des plus gros enjeux pour les francophones au pays. « Elle risque d’avoir des impacts sur l’ensemble des dossiers, perçoit Denis Simard. Ce serait un gain important pour nous tous, ça nous donnerait des assises légales. »

Le représentant aimerait également que le décompte des francophones soit modifié pour intégrer les nouveaux arrivants et les anglophones qui apprennent le français, surtout ceux issus de l’immersion. « Si on se base sur les chiffres de français langue première à la maison, on a seulement 17 000 personnes dans la province, mais on en aurait 54 000 en poussant », voit-il. Ce changement de calcul permettrait aux nouvelles écoles d’être bâties avec une estimation plus adéquate des besoins. « Car la journée même où on ouvre les portes de l’école, il y a plus d’inscrits que de places. »

Tous les partis se sont engagés à moderniser la LLO, mais sans donner de précisions. « Est-ce qu’on parle d’une petite modernisation sur des détails sans importance ou d’une vraie refonte ? », s’interroge Denis Simard, qui milite pour que la dualité linguistique se fasse « comprendre, entendre et voir dans l’ensemble du pays ».

À cet égard, Frédérique Baudemont voudrait que la loi devienne plus prescriptive. « Il faut une loi qui ait des dents, résume-t-elle, que ça ne reste pas que des paroles en l’air. » Par exemple avec des clauses qui obligent les provinces à prendre des mesures concrètes et à les évaluer, suggère-t-elle.

Des propos rejoints par Roger Lepage, frappé par le manque d’engagement des chefs de parti. « Ce sont des vœux pieux, il n’y a absolument rien de concret. » D’après lui, le gouvernement Trudeau aurait pu avancer plus vite sur la question ces quatre dernières années. « Il ne bouge pas rapidement », juge-t-il.

L’avocat plaide pour que la LLO ressemble au Code des droits de la personne, où les plaignants peuvent obtenir dommages et intérêts si leurs droits sont bafoués. « La seule chose qui peut arriver pour le moment, c’est un rapport du commissaire aux langues officielles qui dit qu’on a effectivement violé nos droits », sans répercussion aucune.

Pour des francophones épanouis

Dans l’hypothèse où les conservateurs l’emporteraient, Roger Lepage est plutôt pessimiste : « J’ai très peu confiance qu’un gouvernement conservateur fasse avancer nos droits. Le gouvernement Harper a coupé le programme de contestation judiciaire pour empêcher d’aller en cour et faire respecter nos droits », se souvient-il.

Certains aimeraient voir plus de soutien à la bonne santé économique des francophones. « Nous souhaitons voir le gouvernement appuyer le développement économique des communautés francophones partout au Canada et mettre en place des mesures concrètes pour favoriser le développement des entrepreneurs et de la main d’œuvre francophones », indique Kouamé N’Goandi, nouveau directeur du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS).

Sans parler de l’immigration francophone qui est loin d’atteindre son objectif de 4,4 % fixé par le fédéral. « Le système ne fonctionne pas, estime Denis Simard. Ce n’est qu’un objectif national d’IRCC [Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada], pas fait en concordance avec le ministère provincial de l’Immigration. »

Et les jeunes ?

Cette année, pour la première fois, Milléniaux et génération Z, soit ceux nés entre 1980 et 2001, constitueront le plus gros bloc électoral. D’après la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), ces jeunes sont avant tout préoccupés par l’environnement, la nouvelle économie, la santé mentale, la connectivité et l’éducation.

C’est dans ce dernier domaine que les recommandations des jeunes francophones sont les plus précises : réviser le Programme de langues officielles en enseignement (PLOÉ), alléger le fardeau de la dette étudiante, recruter plus d’enseignants francophones et créer un ministère de l’Éducation fédéral.

L’environnement fait ici figure de thème rassembleur. « Les jeunes Fransaskois sont conscients du fait qu’ils vivent dans un quotidien entouré d’autres personnes. Même si leur identité culturelle a des enjeux spécifiques, ils ne sont pas naïfs et veulent faire partie du changement général », illustre Julien Gaudet, directeur de l’Association jeunesse fransaskoise (AJF).

Encore faut-il que les jeunes aillent voter. En 2015, 57 % des 18-24 ans avaient voté aux élections fédérales, et seulement 39 % en 2011. Cette progression laisse tout de même espérer une forte mobilisation pour ce 21 octobre.

Imprimer
22919

Lucas PilleriLucas Pilleri

Autres messages par Lucas Pilleri
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x

Place de la petite enfance dans notre société

Dossier petite enfance - Mai 2014

Les jeunes parents qui arrivent du Québec sont toujours étonnés de découvrir ce qu’il leur en coûtera pour que leurs enfants puissent fréquenter un Centre de petite enfance (CPE) en Saskatchewan. Ils sont loin du 7 $ par jour rendu possible par le programme universel mis sur pied par le gouvernement du Québec, programme dont l'objectif premier est de permettre l'accès à un CPE, quel que soit le revenu familial. 

15 mai 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (25238)/Commentaires (0)/

L’animation culturelle dans les écoles

On apprenait récemment que le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) révisait plusieurs de ses programmes, dans le contexte de la crise financière qu’il traverse actuellement. Un de ces programmes est celui qui concerne l’embauche d’animatrices / animateurs culturels dans les écoles.

15 mai 2014/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (24279)/Commentaires (0)/
Se sucrer le bec pour une bonne cause

Se sucrer le bec pour une bonne cause

Un souper pour moderniser les infrastructures de la Gard’Amis

Le vendredi 9 mai 2014, la communauté francophone de Regina honore le rendez-vous fixé par le Centre éducatif Gard’Amis au Bistro du Carrefour des Plaines. Le souper Cabane à sucre, organisé en collaboration avec l’Association canadienne française de Regina (ACFR), a pour de but de lever des fonds « afin de donner un coup de jeunesse aux infrastructures vieillissantes » de la seule garderie francophone de la ville reine. 

15 mai 2014/Auteur: Luc Bengono/Nombre de vues (29552)/Commentaires (0)/

L’Association des parents fransaskois et la petite enfance

Dossier petite enfance - Mai 2014

Pour l’Association des parents fransaskois (APF), la petite enfance (de la garderie à la prématernelle) est un dossier prioritaire, car il représente l’avenir de la communauté. Investir dans la petite enfance, c’est donc investir dans notre avenir. L’APF traite ce dossier avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

15 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25157)/Commentaires (0)/

Les groupes de jeux :Pour favoriser le développement global de l’enfant

Dossier petite enfance - Mai 2014

L’Association des parents fransaskois (APF) chapeaute plusieurs structures, telles que les Centres d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE) et les Centres de ressources à la petite enfance (CREPE). Elle travaille avec les garderies familiales avec ou sans permis et les prématernelles du CÉF. « Plus il y a d’organismes qui s’impliquent, chacun avec ses compétences, meilleur sera l’appui », affirme Hind Ramy. 

15 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (24472)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu et la formation en petite enfance

Le Collège Mathieu et la formation en petite enfance

Dossier petite enfance - Mai 2014

Le Collège Mathieu, institution d’éducation postsecondaire en français en Saskatchewan, offre le programme d’Éducation à la petite enfance depuis une dizaine d’années. Les personnes qui ont complété ce programme, ainsi que la majorité des étudiants actuellement admis, travaillent déjà dans le secteur. La tendance des inscriptions est à la hausse d’une année à l’autre, et ceci est l’un des indicateurs d’un besoin réel sur le marché du travail de la province.

15 mai 2014/Auteur: Josiane Barebereho – Collège Mathieu/Nombre de vues (34952)/Commentaires (0)/

Éducatrice : Un métier à l’avenir prometteur

Dossier petite enfance - Mai 2014

Entretien avec Madame Brigitte Chassé, Agente à la petite enfance auprès du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) qui nous a partagé son opinion sur l’éducation de la petite enfance.

15 mai 2014/Auteur: Josiane Barebereho – Collège Mathieu/Nombre de vues (32872)/Commentaires (0)/
La Garderie : Là où tout commence

La Garderie : Là où tout commence

Dossier petite enfance - Mai 2014

C’est au bout de quatre ans de démarches auprès du gouvernement et grâce à l’appui de l’ensemble de la communauté fransaskoise que le centre éducatif a pu ouvrir ses portes en 1987. À l’été 1996, le Centre a emménagé dans ses nouveaux locaux au Centre scolaire communautaire de Regina.

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (34984)/Commentaires (0)/

La petite enfance et l'avenir : Quand les chiffres parlent d'eux-mêmes

Dossier petite enfance - Mai 2014

« Donner un degré de priorité élevé au développement de la petite enfance. Il s’agit là de l’investissement le plus rentable que nous puissions faire pour assurer notre prospérité à long terme. » (rapport L’Ontario à l’ère de la créativité)

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (24873)/Commentaires (0)/

Mais qu’est-ce qu’elles font toute la journée?

Dossier petite enfance - Mai 2014

La garderie, comme on dit... Que sait-on de ce lieu, de ce milieu dans lequel évoluent les tout-petits, de cette micro-société où ils passent souvent plus de temps que dans leur famille? Que sait-on du rôle et de la place qu’occupent les éducatrices dans la vie des enfants? 

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (31501)/Commentaires (0)/
L’école Beau Soleil se distingue au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise

L’école Beau Soleil se distingue au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise

Le 30 avril et 1er mai dernier, des élèves de l’école Beau Soleil de Gravelbourg ont participé au festival théâtral de l’Association Jeunesse Fransaskoise (AJF) à Saskatoon. Cet évènement annuel, organisé en collaboration avec La Troupe du Jour (LTDJ), a plongé les participants dans le monde du théâtre en leur permettant de suivre des ateliers donnés par des spécialistes de tous les horizons, comme l’expression corporelle, l’improvisation et le jeu lors de la première journée du festival.  

15 mai 2014/Auteur: Étienne Gravel/Nombre de vues (27882)/Commentaires (0)/
Destination Provence

Destination Provence

Immersion et dégustation pour dix étudiantes de l’Université de Regina

C’est en Provence, une région du sud-est de la France, que se rendront dix étudiantes et deux accompagnatrices du département de français de l’Université de Regina, du 13 au 29 mai prochains.

15 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (21019)/Commentaires (0)/
Science et culture à l’école de Zénon Park

Science et culture à l’école de Zénon Park

Deux journées bien remplies!

Le lundi 14 avril, les élèves de l’école Notre-Dame-des-Vertus ont présenté un magnifique projet collectif. Les élèves de la maternelle à la 3e année racontent et chantent « La soupe aux pierres ». Un joli conte qui parle de débrouillardise et de partage. 

15 mai 2014/Auteur: Amy-Valérie Olivier – CÉF/Nombre de vues (23186)/Commentaires (0)/
Mathieu Racine : du restaurant à la garderie

Mathieu Racine : du restaurant à la garderie

Dossier petite enfance - Mai 2014

Originaire de l’Outaouais, Mathieu est un Chef cuisinier, un vrai! Pendant dix ans, il a touché à plusieurs cuisines, en commençant par la cuisine française pour laquelle il a une prédilection. À la Gard’Amis depuis mars 2013, il veille au bien-être des estomacs des petits et des grands.

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (30596)/Commentaires (0)/
Foire du patrimoine régionale de Regina

Foire du patrimoine régionale de Regina

Des jeunes de 18 écoles étalent leur savoir

La Foire régionale du patrimoine s’est tenue à l’Université des Premières Nations, le jeudi 1er mai. Cet évènement réunissait les 103 projets des 125 élèves (4e à 9e année) de 18 écoles des 6 commissions scolaires suivantes : le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), Prairie Valley, Regina Catholic, Regina public, South East Cornerstone et Holy Family.

8 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (47445)/Commentaires (0)/
RSS
Première2627282930313335

 - samedi 1 juin 2024