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Marie-Lou Bernatchez
/ Catégories: Arts et culture, Arts visuels

Une batteuse de cuivre fransaskoise remporte un prestigieux concours d’art californien

Le 12 février dernier, Joséphine Tambwe Feza Kabibi a remporté le concours de la meilleure œuvre d'art de sa catégorie lors de la 5e édition de l’événement Annual Black & White Art Exhibition, un concours prestigieux qui se tient à Palm Springs en Californie. Sa fille francophone Nastra Molowayi parle du travail de sa mère, une artiste qui fait du cuivre sa matière.

« On était contentes, très, très contentes, relate Nastra. C'était une surprise. Il y a des centaines de participants à cette compétition. » Si le gala ne pouvait avoir lieu à cause de la pandémie, ce n'est que partie remise pour les deux femmes. « Nous avons reçu une invitation pour l'année prochaine pour aller en Californie où nous serons honorées », indique-t-elle.

Un travail d'équipe

Joséphine et Nastra
L’artiste batteuse de cuivre Joséphine Tambwe Feza Kabibi (à gauche) et sa fille Nastra Molowayi.
crédit : Courtoisie

Réfugiées de la République démocratique du Congo, et plus précisément de la province du Katanga, Nastra Molowayi et Joséphine Tambwe Feza Kabibi habitent à Watrous, à l’est de Saskatoon, depuis quatre ans. 

« Nous louons un espace de travail et nous allons chercher le matériel à Saskatoon », explique Nastra. Le local ne disposant pas de chauffage, elles travaillent leur art durant l'été. « Cela nous pénalise un peu, on recherche un autre local dans lequel nous pourrions travailler l'hiver aussi », précise-t-elle

Joséphine effectue la majorité du travail et sa fille lui apporte son aide dans diverses tâches, notamment pour marteler le cuivre, le nettoyer et appliquer les couleurs. « Je suis en arrêt de travail depuis un accident en 2020. J'ai beaucoup de douleurs, donc ces temps-ci je travaille avec ma mère, ça nous a rapprochées », se réjouit cette dernière

C'est également elle qui recherche les concours auxquels sa mère participe depuis plusieurs années. « Pour 2021, nous avons déjà beaucoup de compétitions : treize au total, annonce-t-elle fièrement. Il y a un concours prévu pour novembre prochain à New York. Si tout va bien côté pandémie, on espère vraiment y participer. »

Se battre pour sa place

La pièce qui a mené Joséphine en première place du concours Annual Black & White Art Exhibition s'intitule Statue Hemba, le gardien du village, une œuvre en cuivre mesurant 65 centimètres de haut et 38 de large.

La plupart des œuvres de Joséphine Tambwe Feza Kabibi sont inspirées de son pays natal et représentent des scènes de la vie courante ou bien de la nature sauvage de la République démocratique du Congo.

L’artiste a été initiée à l'âge de 16 ans au monde des arts visuels. « Tout a commencé avec le travail du bois aux côtés de son grand-père, raconte sa fille. Quand il est décédé, le goût de l'art est resté. »

Il aura fallu près de 10 ans à l'artiste pour atteindre la maîtrise de son art. Elle a assisté son maître pendant 7 ans dans son village de Bukavu en Afrique. « Ma mère n'a pas fait l'école des arts, c'est un don chez elle », précise Nastra.

Œuvre gagnante
L’œuvre gagnante de Joséphine Tambwe Feza Kabibi s’intitule Statue Hemba, le gardien du village.
crédit : Courtoisie

Si l'art de battre le cuivre est une technique peu commune, elle l'est encore moins chez les femmes. « C'est très rare de voir une femme faire ce travail. D'où je viens, ma mère était la seule à faire ça. Il faut de la patience et c'est extrêmement dur physiquement », poursuit sa fille.

En outre, leur arrivée en Saskatchewan n’a pas été simple. « Les gens étaient étonnés et ne connaissaient pas cet art du cuivre. Certaines personnes doutaient même de ma mère. On a commencé à faire des expositions et peu à peu l'intérêt des gens est venu », témoigne Nastra.

« Je crois que le secret de son succès, c'est vraiment l'amour pour son travail, affirme non sans fierté Nastra au sujet de sa mère. Elle se donne à fond. Son œuvre doit être la meilleure possible. C'est un travail qui prend beaucoup de temps mais le résultat en vaut le coup. » 

Avant de venir au Canada, cette femme de talent habitait au Burkina Faso où elle a exposé deux fois au Salon international des arts et de l'artisanat de Ouagadougou, l’une des vitrines les plus importantes de l'artisanat africain.

Pour les années à venir, mère et fille espèrent continuer à participer aux compétitions internationales et mondiales, le souhait de Joséphine étant que son œuvre soit reconnue dans le monde entier. Son travail est présentement exposé au Saskatchewan Craft Council à Saskatoon.

Sur son site, Joséphine Tambwe Feza Kabibi explique son travail en six étapes distinctes :

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