Skip Navigation
Festival Cinergie 2024

Les chauves-souris et l'hiver

Une Sérotine brune un peu spéciale qui accompagne Mme Elliott dans les écoles pour sensibiliser les jeunes générations à la protection de leur environnement

Une Sérotine brune un peu spéciale qui accompagne Mme Elliott dans les écoles pour sensibiliser les jeunes générations à la protection de leur environnement

Photo : Arthur Béague
Vous n’avez pas pu les manquer. Ils sont arrivés par centaine à vos portes, assoiffés de sucre avec qu’une phrase à la bouche : Trick or Treat ? Au sein de cette horde, vous en avez sûrement repéré : habillés tout de noir, ceinture jaune à la taille et masque noir sur la face. Avec un peu de chance, ils étaient même accompagnés de leur fidèle acolyte Robin ! C’est eux qui vont nous intéresser aujourd’hui ! Enfin, quand je dis eux, je parle des vraies chauves-souris, pas du pantin en latex. En cette période, elles voudront rentrer chez elles ou trouver un petit coin sombre.

De la Sérotine brune à l’Oreillard roux en passant par la petite chauve-souris brune, 3 espèces de chauves-souris vont élire résidence en Saskatchewan cet hiver. D’autres espèces, qui sont présentes dans la province en saison estivale, optent pour une autre stratégie et volent vers le sud des États-Unis ou au Mexique !

On cherche tous ici à « passer » l’hiver, les chauves-souris ne dérogent pas à la règle et vont chercher un endroit pour hiberner. C’est ainsi que d’octobre à avril, elles vont entrer dans un état de torpeur ralentissant leur battement cardiaque à 25 battements par minute et réduisant drastiquement leur température corporelle de 36 °C à 6 ou 7 °C. Naturellement, elles vont chercher une grotte, une caverne ou une mine désaffectée comme hibernacle. Mais face à la diminution de l’environnement naturel et de l’expansion des habitations, il arrive qu’elles élisent domicile chez vous !

Que faire ?

Tout d’abord, on respire profondément. Sur les 1 200 espèces, seules 3 au monde sont hématophages (qui se nourrissent de sang) et elles sont toutes en Amérique du Sud. Souvent la première chose à laquelle on pense, c’est qu’elles vont se retrouver coincées dans nos cheveux, mais là aussi c’est clairement impossible. Les chauves-souris utilisent l’écholocalisation pour se déplacer et détecter des proies. La précision de ce système fait que ce n’est pas votre tignasse, aussi faible et parsemée soit-elle, qui va échapper à son radar. Alors que faire si vous trouvez chez vous, en hiver, cet adorable mammifère. Une chose est sûre : la relâcher à l’extérieur signerait son arrêt de mort. En effet, un seul réveil représente une dépense de 30 à 60 jours de réserve de graisses, alors imaginez un seul instant la dépense d’énergie qu’il faudrait pour retrouver un logement en plein hiver.

Si vous ne souhaitez pas partager votre toit avec elles, il existe des solutions. Vous pouvez contacter the Wildlife Rehabiliation Society of Saskatchewan’s qui viendra récupérer les chauves-souris et leur trouvera une famille d’accueil pour la période d’hibernation. Mélanie Elliott est volontaire depuis 25 ans et ne compte plus le nombre de chauves-souris dont elle a pris soin ! Chaque année, elle offre son savoir et son cellier pour aider ces mammifères volants (quasiment que des Sérotines brunes en Saskatchewan) à se ressourcer avant de prendre un nouvel envol. Elles nous ont aidés tout l’été en avalant parfois plus de 1  000 moustiques par jour chacune.

Le syndrome du museau blanc

Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, un champignon microscopique est en train de décimer les populations de chauves-souris d’Amérique du Nord. C’est un des axes de recherche du Dr Vikram Misra, professeur à l’université de la Saskatchewan. « Ce champignon est, selon toute vraisemblance, arrivé d’Europe et affectionne particulièrement les milieux humides et les grottes entres autres », souligne le professeur. Certaines espèces cavernicoles, comme la petite chauve-souris brune, vont servir d’hôte pour ce champignon durant l’hibernation, bien aidé par l’état de torpeur de l’animal. Le mycète s’installe dans les tissus de la chauve-souris et va coloniser les parties sans poil de l’animal : les ailes, les oreilles et surtout le nez d’où le nom de « syndrome du museau blanc » (appelée « WNS » en anglais pour White-nose Syndrome). Découverte pour la première fois dans l’État de New York en 2006, l’infection progresse de façon alarmante. Arrivé en 2010 dans l’Est canadien, ce symptôme est à nos portes puisque l’année dernière, les premiers cas de WNS ont été observés sur des populations sauvages de chauves-souris au Manitoba.

Les travaux de M. Misra sur les petites chauves-souris brunes, espèce très commune au Manitoba, ont consisté à reproduire des conditions naturelles d’hibernacle et à suivre l’hibernation de chauves-souris saines et infectées. « Il est normal qu’il y ait des phases de réveil pendant l’hibernation où l’animal va, entre autres, s’hydrater, mais nous avons pu remarquer que les chauves-souris porteuses du mycète se réveillaient davantage et de plus en plus souvent au cours de l’hibernation, entrainant le décès de l’animal de faim ou de soif. Le phénomène de sudation plus importante chez la chauve-souris porteuse va entrainer des réveils prématurés l’obligeant à consommer énormément d’énergie pour sortir de son état de torpeur. »

Cette épizootie est la plus sérieuse des États-Unis et présente le risque le plus élevé d’extinction de masse depuis le massacre des pigeons voyageurs du 19e siècle. On comprend mieux maintenant l’appellation du bestiau : Pseudogymnoascus destrucans. Entre 2004 et 2011, 6 millions de chauves-souris ont été victimes de ce syndrome et la mortalité dans les hibernacles atteint 75 %. Quand on connait le rythme de reproduction très lent des chauves-souris (environ 1 petit par année), nous comprenons que l’on va droit à la catastrophe. Alors, quelles sont les solutions pour stopper ce phénomène ? Joker. Le jeu de mots introduit au titre de cet article serait presque drôle si la situation n’était pas si dramatique.


Sources

 White-Nose Syndrome Disease Severity and a Comparison of Diagnostic Methods.Ecohealth. 2016 Mar 8. McGuire LP, Turner JM, Warnecke L, McGregor G, Bollinger TK, Misra V, Foster JT, Frick WF, Kilpatrick AM, Willis CK.

Apparition du syndrome du museau blanc par année

Apparition du syndrome du museau blanc par année

Imprimer
21875

Arthur BéagueMélanie Jean

Autres messages par Arthur Béague
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

En novembre dernier, Statistique Canada a révélé que près de 16 000 jeunes Saskatchewanais étaient admissibles à l’instruction en français en 2021. Pourtant, seulement 2 000 élèves fréquentent les écoles francophones de la province. Des personnalités de la communauté réagissent.

25 janvier 2023/Auteur: Anne-Hélène Mai – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4773)/Commentaires (0)/
Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Le 9 novembre, lors du congrès national du Réseau des cégeps et collèges francophones du Canada (RCCFC) à Montréal, le directeur général du Collège Mathieu Francis Kasongo a reçu le prix Pilier collégial francophone. Cette distinction vient ainsi souligner son travail pour le développement de l’éducation postsecondaire collégiale en français en Saskatchewan. Le fier récipiendaire revient sur son engagement.

25 novembre 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (4749)/Commentaires (0)/
Des bibliothèques communautaires à Regina

Des bibliothèques communautaires à Regina

Dans le cadre de la rentrée des classes, l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR), en partenariat avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), a dévoilé trois bibliothèques communautaires extérieures. L’objectif : favoriser le partage de livres et encourager à la lecture en français.

18 octobre 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4918)/Commentaires (0)/
Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

En cette période de rentrée, le Conseil culturel fransaskois (CCF) veut resserrer ses liens avec le secteur scolaire. 

29 septembre 2022/Auteur: Leanne Tremblay – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4413)/Commentaires (0)/
Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Une nouvelle époque s’ouvre pour le Collège Mathieu qui vient de renouveler sa charte le 17 août. Alors que l’Église catholique ne sera plus représentée dans le conseil d’administration de l’établissement, la nouvelle loi veut faire plus de place à la jeunesse et aux femmes, ainsi qu’à certaines compétences clés. 

1 septembre 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (3829)/Commentaires (0)/
Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse La ministre des Langues officielles et ministre responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, Ginette Petitpas Taylor, était en visite le 29 juillet à Regina dans la cadre des consultations pancanadiennes sur les langues officielles entamées en mai dernier. Une visite durant laquelle une annonce de 7,1 millions de dollars a été faite au profit de la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et du Collège Mathieu.

En évoquant le projet de Loi sur les langues officielles, toujours en cours d’adoption au Parlement, Ginette Petitpas Taylor souligne l’engagement du fédéral à s’assurer que, à l’échelle provinciale, les communautés de langues officielles en situation minoritaire « reçoivent les services et droits nécessaires pour continuer à vivre et à travailler dans leur langue maternelle ».  

12 août 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse /Nombre de vues (3285)/Commentaires (0)/
7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et le Collège Mathieu viennent de bénéficier d’un budget de plus de 7,1 millions de dollars pour la construction, la rénovation et le développement d’espaces éducatifs postsecondaires, mais aussi pour accroître l’offre de programmes qui desservent les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

29 juillet 2022/Auteur: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (3865)/Commentaires (0)/
Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Depuis le 8 juin, le Café le Réseau a ouvert ses portes au sein même de l’école Monseigneur de Laval. Se voulant un lieu de rencontre, l’établissement est une initiative 100 % étudiante qui fait la fierté des jeunes et de leurs enseignants, et le bonheur des clients.

2 juillet 2022/Auteur: Lucas Pilleri – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (2674)/Commentaires (0)/
Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joseph, dit Joe, Poirier a passé sa vie à défendre la cause fransaskoise. À 78 ans, il est récompensé pour ce dévouement en recevant, en avril dernier à Ottawa, la Médaille du souverain pour les bénévoles des mains de la gouverneure générale du Canada Mary Simon.

13 mai 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4638)/Commentaires (0)/
La francophonie entre privilèges et marginalisations

La francophonie entre privilèges et marginalisations

Les chercheurs et membres des communautés francophones de l’Ouest et du Canada se sont rassemblés de manière virtuelle dans le cadre du colloque du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest, organisé par La Cité universitaire francophone de l’Université de Régina.

6 avril 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (4909)/Commentaires (0)/
L’enseignement en français au cœur des débats

L’enseignement en français au cœur des débats

Les collèges et universités francophones en milieu minoritaire font face à d’importants défis partout au Canada.

1 mars 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (6541)/Commentaires (0)/
Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les programmes d’immersion ont augmenté dans les vingt dernières années, mais moins de la moitié des élèves restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

10 février 2022/Auteur: Ericka Muzzo – Francopresse /Nombre de vues (5434)/Commentaires (0)/
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

8 février 2022/Auteur: Marianne Dépelteau – Francopresse/Nombre de vues (6070)/Commentaires (0)/
La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

L’égalité est loin d’être atteinte entre les établissements postsecondaires francophones et ceux de la majorité anglophone. 

25 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (5866)/Commentaires (0)/
Revue de l'année 2021 - Éducation

Revue de l'année 2021 - Éducation

Survol de l'actualité fransaskoise durant l'année 2021 dans le domaine de l'éducation.

14 janvier 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (6324)/Commentaires (0)/
RSS
135678910Dernière

 - mercredi 1 mai 2024