Skip Navigation
Marie Galophe

Conversation avec Yann Martel : À saut et à gambades

L'écrivain saskatchewannais Yann Martel

L'écrivain saskatchewannais Yann Martel

Photo: Alice Kuipers
Cela devait être une entrevue, alternant de manière linéaire questions et réponses, aussi simplement peut-être que l’avaient été les courriels échangés pour prendre rendez-vous. Leur vivacité aurait cependant dû me mettre la puce à l’oreille, sans pour autant pouvoir me préparer à un échange à sauts et à gambades et surtout à grande vitesse. Impossible donc de retranscrire la volubilité de celui qui s’est imposé dans le monde des Lettres comme l’auteur de La Vie de Pie et, plus important encore en Saskatchewan, comme cet écrivain célèbre « qui vit à Saskatoon ».

Retour donc sur 30 minutes d’un entretien à bâtons rompus qui impressionne autant par la maîtrise de la langue française que le ton de la voix, chantant, enchanté, qui semble finalement se dépêcher de répondre aux lieux communs pour ouvrir au détour d’une métaphore, d’une phrase, d’un mot rarement utilisé, des espaces poétiques. Impossible alors de ne pas commencer par les lieux, ou plutôt ce lieu qui fascine tant, bien plus encore que son dernier livre ou les sept autres publiés avant : pourquoi avoir choisi Saskatoon?

Le débit de Yann Martel s’accélère immédiatement pour réciter l’histoire bien connue mais qui ne l’est finalement pas tant du grand public. C’est l’histoire d’un jeune homme, avide de voir du pays pendant un an et qui rejoint son oncle pédiatre, installé à Saskatoon, pour finalement y rester. C’est l’amoureux du froid sec et ensoleillé des Prairies, des villes à taille humaine où peut faire l’expérience de la vie communautaire. C’est l’observateur, aussi, qui compare la Saskatchewan aux corridors du Louvre que le visiteur impatient parcourt sans voir pour atteindre plus vite la Joconde.

Si la Joconde est ici la Colombie-Britannique vers laquelle on se rue au détriment des Prairies, Yann Martel insiste : « La beauté est partout, il faut juste la trouver. » Se sent-il pour autant Fransaskois? Oui et non, affirme-t-il, avant de préciser qu’il préfère davantage se présenter comme un Canadien, un Québécois, un Saskatchewannais et un Fransaskois. Au delà du refus des étiquettes identitaires, reste l’appréciation esthétique et morale de la Saskatchewan, qu’il compare aux tableaux de Mark Rothko, par la subtile beauté qui s’élabore dans la luminosité de ses paysages.

Yann Martel aime d’ailleurs aussi Moose Jaw où il participera pour la seconde fois au Festival of Words, du 13 au 16 juillet 2017. Même si le charme discret de la ville le séduit, avec ses murales, son musée, sa bibliothèque et son jardin attenant, le festival, qu’il juge très bien organisé et achalandé, lui permet surtout de rencontrer les lecteurs. Il donnera notamment une conférence en français, le 15 juillet prochain. Cette conférence sera pour lui l’occasion de connecter avec « un autre groupe culturel par rapport à l’hégémonie de l’anglais dans la province. » 

Il confesse parler peu le français puisque, selon lui, la présence francophone est limitée à Saskatoon par rapport au sud de la Saskatchewan. Il n’envisage pas non plus d’écrire en français tant il apprécie l’anglais, cette langue « qui a beaucoup bourlingué », dans laquelle il a appris à écrire et dont il apprécie la subtilité d’expression. Point de positionnement idéologique ou politique ici puisque Martel ajoute que la langue est un outil neutre et que toute langue peut faire l’affaire, en termes de création. Reste le hasard d’avoir grandi en anglais, malgré 15 ans passés à Montréal, 10 en France et des parents bilingues qui se chargent aussi de la traduction de ses écrits, en français. 

La conversation pourrait s’arrêter là mais demeure l’envie de faire penser plus que réciter. Elle pousse donc à aborder le terrain de l’écriture et questionner Martel sur le thème de la souffrance qui travaille son dernier roman, Les Hautes Montagnes du Portugal, publié en 2016. Il y a un moment de silence et s’ensuit un échange à tâtons sur le rôle de l’art qui l’amène à citer Art Objects: Essays in Ecstasy and Effrontery (1995) de Jeanette Winterson. Et c’est sans doute cette hésitation, ce moment où l’on perçoit l’homme derrière l’écrivain, qui invite bien plus que le talent avéré à vouloir aller écouter Yann Martel, le 15 juillet, à Moose Jaw.

Imprimer
19479

Marie GalopheMarie Galophe

Autres messages par Marie Galophe
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
L’importance de la lecture avec les enfants

L’importance de la lecture avec les enfants

Selon les résultats des recherches de C.A. Nelson, du Centre du développement de l’enfant de l’Université Harvard, le développement langagier d’un enfant se manifeste longtemps avant le premier balbutiement des mots « mmman » ou « pa, pa, papa ». Les études du développement cérébral révèlent que les neurones et les synapses pour le langage apparaissent trois mois avant la naissance. La croissance de cette zone du cerveau atteint son sommet vers l’âge de 4 ans.

4 février 2015/Auteur: Rita Denius (CM)/Nombre de vues (27992)/Commentaires (0)/
Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

SASKATOON - C’est une délégation de jeunes élèves de l’École canadienne-française de Saskatoon, qui a donné le coup d’envoi de l’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois.
4 février 2015/Auteur: Michèle Fortin (EV)/Nombre de vues (27933)/Commentaires (0)/
Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

SASKATOON - Le vendredi 30 janvier, le Conseil scolaire fransaksois (CSF) a rencontré ses électeurs pour la première fois depuis le dépôt d’un rapport sévère de la vérificatrice provinciale et la fermeture annoncée de l’école Sans-frontières de Lloydminster.

4 février 2015/Auteur: Mychèle Fortin (EV)/Nombre de vues (33249)/Commentaires (0)/
La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La Cour suprême du Canada a pris en délibéré, le 21 janvier 2015, la cause qui oppose depuis plusieurs années la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) au gouvernement du Yukon. Le litige repose sur les droits de gestion scolaire en contexte minoritaire.

29 janvier 2015/Auteur: Anonym/Nombre de vues (31120)/Commentaires (0)/
Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise:  Comment se porte le français dans nos écoles?

Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise: Comment se porte le français dans nos écoles?

Rencontre avec un parent inquiet, mais optimiste

La Saskatchewan a bien changé depuis l’obtention de la gestion scolaire il y a 20 ans. Depuis deux décennies, l’épanouissement du Conseil des écoles fransakoises (CÉF) est évident. La gestion scolaire est-elle garante de la qualité de l'éducation française? Nous en avons discuté avec un parent de Regina qui a accepté de répondre à nos questions mais qui a préféré garder l'anonymat.

29 janvier 2015/Auteur: Mychèle Fortin (EV)/Nombre de vues (87750)/Commentaires (0)/
Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

La Commission scolaire francophone du Yukon devant la Cour suprême

J’ai appris avec stupéfaction la position du gouvernement du Québec devant la Cour suprême en ce qui concerne la gestion des écoles par les minorités francophones du reste du pays. En effet, par l’entremise de sa ministre de la justice, Stéphanie Vallée, Québec a signifié son refus d’appuyer des communautés francophones hors Québec. 

29 janvier 2015/Auteur: Jean-François Larose/Nombre de vues (30706)/Commentaires (0)/
Turbulences dans les conseils scolaires francophones

Turbulences dans les conseils scolaires francophones

La CSFTNO se tourne vers la Cour suprême

La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) et l'Association des parents ayant droit de Yellowknife (APADY) viennent de subir un cuisant revers devant la Cour d’appel des TNO.

20 janvier 2015/Auteur: Denis Lord (L’Aquilon) et Paul Mengoumou (Francopresse)/Nombre de vues (31258)/Commentaires (0)/
Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

À l'initiative d'ABC Alpha pour la vie Canada, la Journée de l'alphabétisation familiale a été introduite en 1999 et elle est célébrée le 27 janvier de chaque année. En plus de célébrer le plaisir de lire et d'apprendre en famille, cette journée est l'occasion d'intégrer l'apprentissage à sa routine familiale.

2015-01-27/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (13755)/Commentaires (0)/
Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Bilan d'un stage de de l'ACELF de six semaines par deux étudiants de l'Université de Sherbrooke à l'école fransaskoise Mgr de Laval à Regina.
15 janvier 2015/Auteur: (ACELF)/Nombre de vues (21588)/Commentaires (0)/
Lancement du Grand Quiz

Lancement du Grand Quiz

La Grande Dictée fait peau neuve!

REGINA - C’est le 7 janvier 2015 que le Collège Mathieu et Radio-Canada ont tenu une conférence de presse dans le but de présenter leur nouveau concept tant attendu, Le Grand Quiz.
15 janvier 2015/Auteur: Marie-Pier Boilard (EV)/Nombre de vues (37202)/Commentaires (0)/

Rapport de la vérificatrice sur la gestion scolaire : Un besoin de rigueur

On attendait de pied ferme le rapport de la vérificatrice provinciale sur la gestion du Conseil scolaire fransaskois (CSF) et l’administration du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Jetons un coup d’œil sur certains éléments clé de ce document qui démontrent que les déboires financiers n’étaient pas dus qu’à un manque de financement. 

11 décembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (27923)/Commentaires (0)/
Symposium des parents 2014

Symposium des parents 2014

REGINA - Plus de 100 personnes se sont retrouvées au Symposium des parents ce samedi 29 novembre à Regina. Sous le thème Trouver son équilibre!, l’Association des parents fransaskois (APF) présentait son évènement annuel.

4 décembre 2014/Auteur: Stéphanie Alain/Nombre de vues (26949)/Commentaires (0)/

Une ouverture qui pourrait devenir une brèche

Je vois la dominance de l’anglais à une rencontre aussi importante que celle de Lloydminster comme un signal d’alarme. Qu’on se rappelle l’exemple de la Coopérative d’habitation Villa Bonheur à Saskatoon. Par souci de rentabilité, elle avait accepté d’accueillir des anglophones. Aujourd’hui, les rencontres de son conseil d’administration se déroulent en anglais uniquement.

3 décembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (24674)/Commentaires (0)/
Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

Le CSF accepte les conclusions de la vérificatrice provinciale

 Il y a plus d’un an, le Conseil scolaire fransaskois a entamé un long processus de redressement, nécessitant la mise en place de pratiques de gestion financière et de gouvernance améliorées. Selon le CSF, ces pratiques vont dans le sens des recommandations exprimées dans le rapport qui a été rendu public aujourd’hui.

3 décembre 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (30038)/Commentaires (0)/
Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

Rencontre sur l’avenir de l’école fransaskoise de Lloydminster : Des discussions presqu’uniquement en anglais

L'attrait des anglophones pour l'école fransaskoise est-il uniquement culturel et linguistique?

Grâce à la nouvelle stratégie numérique de la Société Radio-Canada, le grand public a pu assister par Webdiffusion à la rencontre qu’a organisée le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les parents dont les enfants fréquentent l’école fransaskoise Sans-Frontières de Lloydminster. La direction du CÉF et le président du Conseil scolaire fransaskois ont voulu faire le point avec la vingtaine de participants sur la situation du financement de cette école dont la fermeture est sur l’écran radar avec son déficit annuel de 650 000$. 

27 novembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (25528)/Commentaires (0)/
RSS
Première2021222325272829Dernière

 - vendredi 7 juin 2024