Dans l’Ouest, des aéroports boudent leurs obligations linguistiques
FRANCOPRESSE – Le Commissariat aux langues officielles a reçu un total de 51 plaintes sur une période de douze mois contre les aéroports de Calgary et de Regina. Selon les rapports d’enquête, dont Francopresse a obtenu copie, ces institutions fédérales soumises à la Loi sur les langues officielles ont notamment omis d’installer de la signalisation et d’offrir des services français.
Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge fait état d’un problème récurrent. Photo : Courtoisie
En tout, le CLO a reçu 44 plaintes contre l’Autorité aéroportuaire de Calgary (AAC) et sept plaintes contre l’Autorité aéroportuaire de Regina (AAR).
Les plaintes déposées au Commissariat aux langues officielles (CLO) concernent non seulement la signalisation et les services fournis à l’intérieur des aéroports, mais aussi les communications destinées au public sur leurs réseaux sociaux et leurs sites internet.
En novembre dernier, Francopresse révélait que le commissaire aux langues officielles avait jugé que 25 des 26 plaintes reçues contre l’aéroport de Winnipeg étaient recevables.Les plaintes, déposées entre le 1er septembre 2020 et le 31 aout 2021 portaient aussi sur la signalisation et les services de communication.
Traduction made in Google
Sur le site internet de l’aéroport de Calgary, le visiteur qui choisit l’option «français» peut consulter des textes traduits par... Google Traduction.
Pourtant, dans ses commentaires sur le rapport préliminaire d’enquête du commissaire aux langues officielles, l’administration aéroportuaire assurait que son site Web serait optimisé à compter de février 2022 et qu’un budget a été prévu pour fournir une version entièrement traduite de yyc.com avant la fin de 2022.
Au moment de la publication, la version française du site Web n’était pas complétée.
Sur le site internet de l’aéroport de Calgary, l’outil Google Translate traduit «departed» par «défunt». Photo : Capture d’écran
L’administration aéroportuaire a fait savoir à Francopresse qu’elle était «au stade de développer le plan d’optimisation» afin de pouvoir proposer un site internet en français. «Nous avons officiellement traduit tous nos communiqués de presse, toutes les nouvelles pages lancées cette année, toutes les images sur le carrousel de la page principale et tous les avis de circulation», précise l’institution.
Peu ou pas d’offre en français sur le Web
Si la section «Information aux voyageurs» et la page d’accueil du site internet de l’aéroport international de Regina (YQR) sont désormais traduites en français, les contenus de la section «YQR Nouvelles» restent eux uniquement disponibles en anglais.
Sur son compte Twitter, les publications de l’aéroport sont aussi rédigées seulement dans la langue de Shakespeare. Ce qui était déjà le cas le 3 mars 2021, selon un des plaignants cités dans le rapport final d’enquête du commissaire aux langues officielles.
Mais dans ce même rapport, l’Autorité aéroportuaire de Regina affirme servir le public voyageur dans les deux langues officielles. «Toutefois, les médias sociaux ne sont pas des éléments essentiels aux voyages», considère-t-elle dans sa réponse au rapport du commissaire.
L’institution estime que «ce n’est pas l’ensemble du contenu publié sur ses plateformes de médias numériques qui doit être dans les deux langues officielles, mais seulement les renseignements destinés au public voyageur».
Définition imprécise de «public voyageur»
Précisément, les aéroports optent parfois pour une définition restrictive de la notion de «public voyageur», note le commissaire Raymond Théberge. Une définition qui se limiterait aux personnes présentes physiquement à l’aéroport ou celles qui voyagent.
Or, dans son mémoire relatif au projet de loi C-13, le commissaire aux langues officielles rappelle que la Loi concerne également les individus qui sont tout simplement en quête d’informations.
«Le public voyageur doit inclure, notamment, ceux qui font usage des services et communications offerts par les institutions fédérales afin de voyager ou dans l’intention de voyager. Cela comprend les démarches préparatoires au voyage, le moment de voyager, et la période suivant la fin du trajet», explicite-t-il dans le document.
Contactée par Francopresse, l’Autorité aéroportuaire de Regina n’a pas souhaité commenter.
Autre écart cité par les différents rapports d’enquête dont Francopresse a obtenu copie : les messages d’accueil des boites vocales de certains membres du personnel sont exclusivement en anglais. C’était encore le cas des services aux médias des aéroports de Calgary et de Regina au moment de la publication.
Sur le compte Twitter de l’aéroport international de Regina, les contenus sont rédigés uniquement en anglais. Photo : Capture d’écran
À noter que les messages d’accueil téléphoniques des personnes responsables des langues officielles au sein de ces deux institutions sont également uniquement en anglais.
Un problème récurrent
Année après année, les plaintes contre les aéroports ne cessent d’atterrir sur le bureau du commissaire aux langues officielles. Ce dernier fait d’ailleurs état d’un problème récurrent dans son rapport annuel 2021-2022.
Un problème qui pourrait être partiellement réglé par tel que proposé par le projet de loi C-13. C’est du moins ce qu’espère Raymond Théberge. Car actuellement, les recommandations du commissaire ne sont pas contraignantes. «La conformité d'une situation assujettie à la loi demeure volontaire. Mais ceci est toutefois appelé à changer avec le projet de loi C-13», observe-t-il.
Le projet de loi suggère de permettre au commissaire d’émettre, dans certains cas, des sanctions administratives pécuniaires dans le domaine des transports.
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