Skip Navigation
Marie-Lou Bernatchez

Les communautés religieuses francophones au cœur des pensionnats

Offrandes
Crédits : Marie-Lou Bernatchez

La Saskatchewan est ébranlée et le monde entier est tourné vers la province à la suite de l’annonce de la découverte de 751 tombes sur le site de l’ancien pensionnant autochtone de Marieval. Pendant plus de 80 ans, l’Église catholique avait géré ce pensionnat.

Une ligne d'écoute téléphonique de Résolution des questions de pensionnats indiens offre du soutien aux anciens élèves des pensionnats indiens. Jour et nuit, vous pouvez accéder à des services de soutien affectif et d'aiguillage en situation de crise en composant le : 1-866-925-4419

Pour Honey Constant, jeune femme crie de la Première Nation Sturgeon Lake, la douleur est vive au lendemain des découvertes : « En ce moment, la plupart d'entre nous sont en deuil et prennent le temps de guérir », dit-elle, ne souhaitant pas commenter plus pour le moment.

Jérôme Melançon,  professeur agrégé aux études francophones et interculturelles et co-président du Comité pour l’action vers la réconciliation à l’Université de Regina, est d’avis lui aussi qu’il est encore tôt pour les réactions : « Ce n’est peut-être pas le moment de passer du temps avec eux pour savoir ce qu’il se passe quand ils ont besoin de prendre soin d’eux », estime-t-il.

Quand le français rappelle de mauvais souvenirs

Tombe
Photo prise sur le site du cimetière de l’ancienne école indienne de Regina, Regina Indian Industrial School Cemetery.
Crédits : Marie-Lou Bernatchez

Lorsque le professeur a entendu le nom de Marieval, il s’est tout de suite dit que des francophones devaient être sur place à l’époque. Après quelques recherches, il se trouve en effet que les Sœurs de Saint-Joseph, une congrégation religieuse du Québec, administraient en partie le pensionnat. 

Selon Jérôme Melançon, les francophones ont joué un rôle actif dans la colonisation et dans l’assimilation des peuples autochtones. La plupart des documents d’archives retrouvés dans les pensionnats sont d’ailleurs en français.

« En parlant à des survivants, on sait qu’ils devaient parler français au pensionnat. Beaucoup d’entre eux ont perdu le français par la suite, parce que d’une part ils n’avaient pas la chance de le parler, mais aussi parce qu’ils ne voulaient pas le parler », souligne le professeur. Et d’ajouter : « Pour certains, tout ce parcours a été un traumatisme. »

Jérôme Melançon affirme que lorsque certains membres des Premières Nations entendent son accent ou l’entendent parler français, un malaise s’installe : « Les seules personnes qu’ils ont entendues parler français dans leur jeunesse, c’étaient des gens qui les maltraitaient et les insultaient. Dans le cas de certains survivants, c’est une langue  qui est associée à un traumatisme », rapporte-t-il.

De l’exploitation dissimulée en scolarisation

Chapelet
Photo prise sur le site du cimetière de l’ancienne école indienne de Regina, Regina Indian Industrial School Cemetery.
Crédits : Marie-Lou Bernatchez

Toujours selon Jérôme Melançon, la scolarisation était un prétexte dans l’histoire des pensionnats.  « Les parents étaient forcés à envoyer leurs enfants sous peine d’amende ou d’emprisonnement. La seule manière de résister était de cacher les enfants. Les communautés du Nord ont souvent résisté car elles pouvaient échapper plus facilement aux forces de l’ordre », explique l’universitaire. Il était également courant pour les parents d’envoyer vivre les enfants avec une personne hors des réserves. 

« Une partie de la journée était effectivement réservée aux études, mais la majorité des pensionnats étaient sous financés et les enfants devaient partager les tâches ménagères, donc une grande partie de leur journée consistait à travailler », précise le professeur.

Les gens qui étaient envoyés pour enseigner aux jeunes Autochtones dans l’Ouest canadien, loin des grands centres, n’étaient bien souvent pas formés. « À cette époque, le gouvernement comme l’Église pensaient que ces enfants-là n’étaient pas assez intelligents pour apprendre. Donc on ne se forçait pas pour leur apprendre des choses. Ce n’était pas une véritablement scolarisation », dénonce Jérôme Melançon.

Si certains pensionnats comportaient moins de violences que d’autres, « il n’empêche qu’il y avait toujours une violence de base, de l’assimilation et du dénigrement », note le co-président du Comité pour l’action vers la réconciliation. « On disait à ces jeunes qu’ils n’avaient pas d’âme et qu’ils n’auraient pas accès au paradis, et on leur interdisait de parler leur langue », ponctue-t-il.

Une réconciliation toujours possible ? 

Au lendemain de ces révélations, un sentiment de trahison est palpable chez beaucoup de membres des Premières Nations. « Il y a un sentiment que la réconciliation était une grande promesse et rien n’a été fait pour ça », avance Jérôme Mélançon.

Le professeur à l’Université de Regina croit qu’avec un grand mouvement populaire, et sans attendre l’action du gouvernement, une réconciliation est possible. « Personnellement, comme colon, comme personne blanche d’origine européenne ou canadienne, je veux changer tout ça. Ceux qui ne font pas partie des gouvernements peuvent choisir d’écouter, d’entendre et de croire. Il faut la vérité avant la réconciliation », estime ce dernier.

À propos de l’école résidentielle Marieval 

D’après les informations de la Société historique de Saint-Boniface

C’est en 1898, près du lac Croche (Crooked Lake), au centre de cinq réserves indiennes, que l'école de Marieval, dédiée au Saint Cœur de Marie, a été fondée. Cette école résidentielle a été construite par des frères oblats, dont Eugène Gauthier. 

En 1897, les Sœurs de Notre-Dame des Missions de Lyon se sont installées pour enseigner dans l'école. Le premier groupe d'élèves était composé de 9 enfants. Les Sœurs de Notre-Dame des Missions y sont restées jusqu'en 1900, remplacées alors par les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe. 

De 1874 à 1885, le père Jules Decorby visitait les réserves de la région à intervalles irréguliers. Puis, en 1885, le père Pagé l’a remplacé comme missionnaire de Marieval. Dès 1886, on trouvait une école de jour dirigée par un laïc, M. Dennehey. Cette école est restée ouverte jusqu'en 1897. 

En 1897, la construction d'une nouvelle école résidentielle a commencé et s’est terminée en 1898 selon les plans du père Magnan de Lebret. Les Oblats assuraient la direction de l'école et les Sœurs de Notre Dame de Lyon étaient chargées de l'éducation. 

En 1899, le gouvernement subventionnait l'hébergement de 20 enfants et, en 1901, de 40 enfants. En 1962 l'école comptait 139 pensionnaires, soit 68 garçons et 71 filles. Il y avait en plus 68 externes (élèves du jour) pour un total de 207 élèves.

Les directeurs de l’établissement ont été les Oblats Agapit Pagé (1885-1888), Théophile Campeau (1897-1900), Siméon Perreault (1900-1912), Jean-Baptiste Beys (1912-1918), Gustave Fafard (1918-1920), Joseph Carrière (1920-1933), Placide Châtelain (1933-1938), Vincent de Varennes (1938-1944), Jean Lemire (1944-1952), Royal Carrière (1952-1961), Gaston Gélinas (1961-1964), Gérard Nogue (1964-1971) et Adéodat Ruest (jusqu'en mars 1972). 

L'école résidentielle de Marieval est passée aux mains des laïcs en 1972.

Imprimer
11599

Marie-Lou BernatchezMarie-Lou Bernatchez

Autres messages par Marie-Lou Bernatchez
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x

Le CSF prolonge le mandat de Donald Michaud à la Direction de l’éducation du CÉF

“Les conditions gagnantes ne sont pas encore en place afin d'assurer le succès de l'entrée en fonction d'une nouvelle Direction de l'éducation” – André Denis

Le président du Conseil scolaire fransaskois (CSF), André Denis, a annoncé le prolongement du mandat de l'actuel Directeur de l'éducation du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), Donald Michaud, pour une durée d'un an. 

8 mai 2015/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (28304)/Commentaires (0)/
Laurier Gareau récompensé par le Saskatchewan Book Awards

Laurier Gareau récompensé par le Saskatchewan Book Awards

« Nos écoles devraient faire plus de place à la littérature fransaskoise » - Laurier Gareau

Monsieur Gareau aimerait voir la littérature fransaskoise intégrée dans les programmes d’enseignement du français dans les écoles fransaksoises.

7 mai 2015/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (30294)/Commentaires (0)/
Mai, le mois de l’éducation à la petite enfance en Saskatchewan

Mai, le mois de l’éducation à la petite enfance en Saskatchewan

Le gouvernement de la Saskatchewan a proclamé mai le mois de l’éducation à la petite enfance dans la province et le 15 mai la Journée d’appréciation des éducatrices et éducateurs.
7 mai 2015/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (26524)/Commentaires (0)/
La Fondation fransaskoise, ça sert à ça!

La Fondation fransaskoise, ça sert à ça!

Témoignage de deux boursiers

Deux bénéficiaires des bourses d’études 2014 de la Fondation fransaskoise nous expliquent comment celles-ci les ont aidés à amorcer leur année scolaire un peu plus sereinement.
6 mai 2015/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (28633)/Commentaires (0)/
Activités de la Journée de la terre à l'École Ducharme

Activités de la Journée de la terre à l'École Ducharme

Le 22 avril dernier, les élèves de l’École Ducharme à Gravelbourg ont participé à deux activités pour souligner la Journée de la terre.

30 avril 2015/Auteur: École Ducharme/Nombre de vues (30852)/Commentaires (0)/

Des parents inquiets se rencontrent à huis clos

Un manque de services et de ressources dans les écoles fransaskoises est pointé du doigt

Des parents d'élèves inscrits dans le système scolaire fransaskois se sont réunis le samedi 25 avril dernier pour témoigner de leurs inquiétudes face aux nombreuses coupures de services aux élèves des écoles fransaskoises.

30 avril 2015/Auteur: Francis Gourde (EV)/Nombre de vues (24558)/Commentaires (0)/
La Cour suprême donne raison aux parents francophones de Colombie-Britannique

La Cour suprême donne raison aux parents francophones de Colombie-Britannique

 La Cour suprême a confirmé le 24 avril le droit des francophones à des établissements équivalents à ceux de la majorité, ce que cinq provinces et territoires refusent d’accorder.

26 avril 2015/Auteur: Anonym/Nombre de vues (32930)/Commentaires (0)/

Tisser des liens entre immersion et écoles fransaskoises

Il serait dans l’intérêt de la communauté fransaskoise d’établir des ponts entre les écoles fransaskoises et d’immersion et de resserrer les liens de collaboration dans l’organisation d’activités. 

16 avril 2015/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (32397)/Commentaires (0)/
Un évêque vient parler d’agriculture à des élèves d’Edmonton

Un évêque vient parler d’agriculture à des élèves d’Edmonton

« On peut être heureux sans accumuler toujours plus »

EDMONTON - Le vendredi 13 mars, l’évêque belge Eugenio Rixen a rencontré des élèves de l’école J.H. Picard à Edmonton pour leur parler de ses 35 ans passés au Brésil auprès des petits agriculteurs. 

16 avril 2015/Auteur: Arthur Bayon (Le Franco)/Nombre de vues (24007)/Commentaires (0)/
Préposé(e) aux soins de santé : une carrière prometteuse

Préposé(e) aux soins de santé : une carrière prometteuse

On rapporte de plus de en plus de cas dans la province de personnes âgées et malades, vivant dans des résidences, qui ne reçoivent pas les soins nécessaires de manière adéquate,  suite à une carence de personnel qualifié. 

9 avril 2015/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (30182)/Commentaires (0)/
Collèges et universités francophones s’unissent

Collèges et universités francophones s’unissent

Désirant se doter d’une voix plus forte, les institutions d’enseignement postsecondaire de la francophonie canadienne ont décidé d’unir leurs forces, créant du même coup l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

9 avril 2015/Auteur: Danny Joncas (Francopresse)/Nombre de vues (31244)/Commentaires (0)/

L’immersion a la cote malgré ses lacunes

Dépassé, élitiste et source de division, le système d’immersion française en place dans les écoles canadiennes? C’est du moins ce qui ressort d’un récent article de la revue MacLean’s, l’une des principales publications du pays.

9 avril 2015/Auteur: Danny Joncas (Francopresse)/Nombre de vues (27238)/Commentaires (0)/
Foire Locale du Patrimoine 2015

Foire Locale du Patrimoine 2015

Le lundi 30 mars dernier avait lieu, dans le gymnase du Pavillon secondaire des Quatre-Vents è Regina, la traditionnelle foire locale du Patrimoine. Il y avait environ 43 beaux projets illustrant notre patrimoine canadien, saskatchewannais et surtout,  fransaskois.

 

8 avril 2015/Auteur: Claude Martel (EV)/Nombre de vues (32805)/Commentaires (0)/
Le Conseil scolaire Centre-Nord récupère l’école de Lloydminster

Le Conseil scolaire Centre-Nord récupère l’école de Lloydminster

Le CÉF transfèrera l'école le 2 juillet 2015

Le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) a décidé de transférer l’école Sans-Frontières de Lloydminster au Conseil scolaire Centre-Nord le 2 juillet prochain. Lors de la rencontre organisée en novembre dernier, le CEF avait évoqué des problèmes financiers liés à la contribution moindre de l’Alberta pour chacun de ‘‘ses’’ élèves (par rapport à la Saskatchewan). Or plus de trois quarts des enfants de cette école viennent de l’Alberta

2 avril 2015/Auteur: Arthur Bayon (Le Franco)/Nombre de vues (23112)/Commentaires (0)/
Un CÉFOU amusant, instructif et dynamique

Un CÉFOU amusant, instructif et dynamique

Plus de 200 jeunes des écoles fransaskoises se sont rencontrés à Regina

Le CÉFOU, organisé par le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), a  permis de rassembler plus de 200 élèves de la 9e à la 12e année des écoles fransaskoises des quatre coins de la province. 

Visitez la galerie photo et vidéo du CÉFOU

2 avril 2015/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (28958)/Commentaires (0)/
RSS
Première1819202123252627Dernière

 - jeudi 14 novembre 2024