Skip Navigation
RVF 2025
PAFC
Réjean Paulin

École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?

La mâchoire mécanique portée au bout d’une grue articulée enfonce ses crocs dans la brique. Tout un pan de mur s’effondre dans le bruit et la poussière. Pendant trois jours, l’école élémentaire Echo-Jeunesse s’effacera du paysage acadien sous les attaques répétées des machines à démolir.

L’édifice en briques ocre trônait en plein centre de Kedgwick depuis 1952. Il serait facile d’écrire : «Près de 70 ans d’histoire disparaissent sous les élans ravageurs des béliers mécaniques.» Mais ce serait là une façon très déplacée de jouer de la plume. Il a déjà son remplaçant, toutes portes ouvertes pour laisser entrer les cris des enfants au retour de la récréation.

En fait, l’histoire génère le présent. Or, ce présent était là, devant ces murs décrépis, à regarder jouer le pic du démolisseur. Élèves tout heureux d’entrer dans leur nouvelle école, puis parents, grands-parents et même arrière-grands-parents, le cœur lourd en regardant ce berceau de leurs souvenirs tomber en miettes.

Ce sont là des générations dont la chaine ancestrale a transmis la langue française grâce à l’éducation que l’on y a dispensée. C’est le cours normal des choses quand une culture est maitre de son enseignement et qu’on lui accorde les ressources nécessaires à son épanouissement.

Il y a des régions au Nouveau-Brunswick où l’on peut parfois oublier la réticence du Canada anglais face à l’éducation en français. Hélas, il n’en est pas de même ailleurs.

Ici faciles, ailleurs ardus…

La Cour Suprême a entendu le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique et les parents aussi, le 26 septembre. Il s’agissait pour eux de l’ultime tentative de faire reconnaitre leur droit à de meilleures écoles, comme la toute neuve qui vient d’ouvrir ses portes dans ce village forestier des Appalaches, francophone jusqu’à l’os.

La lutte n’est pas facile. Six juridictions ont appuyé la Colombie-Britannique : l’Alberta, la Saskatchewan, les Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Écosse, l’Ile-du-Prince Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador. Plus de la moitié des provinces et territoires canadiens sont contre les Franco-Colombiens.

La question est de savoir si on peut asservir le droit à l’éducation en français à des considérations budgétaires, en d’autres mots si l’on place le droit à l’éducation avant l’argent, ou le contraire.

Les provinces chialent parce qu’une victoire des Franco-Colombiens leur couterait trop cher. Or, cette façon de voir les choses condamnerait les petites communautés à se satisfaire du minimum. Il est évident que dispenser un enseignement complet dans une petite école de langue française coutera plus cher par élève que dans une grande école de langue anglaise. Le transport aussi sera plus onéreux si les élèves sont dispersés dans un rayon de 10 à 20 km et même davantage, que dans une zone urbaine où la majorité des écoliers sont à distance de marche de leur pupitre.

Cette cause touche le Canada en entier puisque toutes les provinces devront respecter le jugement de la Cour. Ce fut le cas dans l’affaire Mahé où le plus haut tribunal du pays a reconnu le droit à des conseils scolaires francophones partout entre nos trois océans.

D’une génération à l’autre

Il y a des régions en Acadie où l’on identifie quelqu’un par son affiliation. On dira par exemple Hilaire à Amédé ou bien Norma à Francine. Or, une arrière-arrière grand-mère était dans la foule, ce jeudi où l’on démolissait le souvenir que sa descendance a fréquenté. Liette Tremblay dépasse l’âge vénérable de 90 ans.

L’an prochain, le petit William mettra le pied dans la nouvelle école. William à Patrick à Joé à Jacinthe à Liette… La chaine est française d’un bout à l’autre. Voilà ce que peut apporter une école en pleine possession de ses moyens. En définitive, c’est l’aboutissement souhaité dans tout le milieu scolaire francophone au pays… Pouvoir réciter une généalogie française sans césure au fils tu temps qui passe et qui passera toujours inexorablement.

Article précédent Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones
Prochain article Au CÉF, l’école se veut communautaire et citoyenne !
Imprimer
27794

Réjean PaulinRéjean Paulin

Autres textes par Réjean Paulin
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Vivre l’art dans la salle de classe

Vivre l’art dans la salle de classe

En cette rentrée scolaire, les enseignants des écoles fransaskoises et d’immersion peuvent se réjouir d’apprendre que le programme LIVE Arts est de retour.

19 septembre 2024/Auteur: Leanne Tremblay – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (6247)/Commentaires (0)/
Le dossier de l’éducation toujours dans l’actualité

Le dossier de l’éducation toujours dans l’actualité

Un article publié dans l’Eau vive en 1983 nous rappelle que la lutte pour l’éducation francophone reste un dossier prioritaire pour les Fransaskois.

18 septembre 2024/Auteur: Alyssa Parker /Nombre de vues (7408)/Commentaires (0)/
Rentrée 2024 : les enseignants francophones manquent à l’appel

Rentrée 2024 : les enseignants francophones manquent à l’appel

En cette rentrée 2024, les enseignants francophones se font de plus en plus rares et la pénurie touche désormais les villes.

17 septembre 2024/Auteur: Marine Ernoult – Francopresse/Nombre de vues (6155)/Commentaires (0)/
L’infrastructure de collèges et universités francophones en «rattrapage»

L’infrastructure de collèges et universités francophones en «rattrapage»

En milieu francophone, certains établissements postsecondaires peinent à trouver les fonds pour financer l’entretien de leurs installations et de leurs équipements.

16 septembre 2024/Auteur: Marianne Dépelteau – Francopresse/Nombre de vues (9003)/Commentaires (0)/
Lutter contre la violence et le harcèlement à l’école

Lutter contre la violence et le harcèlement à l’école

Le retour en classe n’est pas bien vécu par tous les jeunes, victimes de violence et harcèlement dans les cours d’école et sur les réseaux sociaux. Quelles solutions ?

10 septembre 2024/Auteur: Eya Ben Nejm – Francopresse/Nombre de vues (5133)/Commentaires (0)/
L’Université de Regina fête son 50e anniversaire

L’Université de Regina fête son 50e anniversaire

Le 1er juillet 2024 est la date officielle du 50e anniversaire de l’Université de Regina et marque le commencement d’une année remplie d’événements spéciaux.

8 septembre 2024/Auteur: Leanne Tremblay – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (8261)/Commentaires (0)/
Maternelle et prématernelle : la hausse des frais agite parents et centres éducatifs

Maternelle et prématernelle : la hausse des frais agite parents et centres éducatifs

Les nouvelles charges financières annoncées par le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) pour la petite enfance créent polémique au sein de la communauté fransaskoise.

5 septembre 2024/Auteur: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (8283)/Commentaires (0)/
La nouvelle école de Regina ouvrira en janvier

La nouvelle école de Regina ouvrira en janvier

La construction de la nouvelle école élémentaire francophone de Regina avance à grands pas. Les travaux ont commencé en juin 2023 mais l’établissement n’ouvrira ses portes qu’en janvier 2025.

28 août 2024/Auteur: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (7941)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu abaisse ses frais de scolarité pour les élèves internationaux

Le Collège Mathieu abaisse ses frais de scolarité pour les élèves internationaux

Le 27 mai, le Collège Mathieu de Gravelbourg a annoncé une forte baisse des frais de scolarité à l’intention des étudiants internationaux.

29 juin 2024/Auteur: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (8686)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu adoube une centaine de finissants

Le Collège Mathieu adoube une centaine de finissants

Le 18 mai à Regina, le Collège Mathieu de Gravelbourg a organisé la plus grande cérémonie de remise des diplômes de son histoire.

28 mai 2024/Auteur: Verno Katshite Nyembo- IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (8958)/Commentaires (0)/
Un prix d’excellence décerné à une éducatrice fransaskoise

Un prix d’excellence décerné à une éducatrice fransaskoise

Le 4 mai 2024 Charlène Isabelle, éducatrice à la garderie Pomme d'API de Mosse Jaw, a reçu un prix d’excellence lors du gala annuel de l’Association de la petite enfance de la Saskatchewan.

26 mai 2024/Auteur: Leanne Tremblay/Nombre de vues (8508)/Commentaires (0)/
Les enseignants soudés dans l’adversité

Les enseignants soudés dans l’adversité

Les enseignants du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) se sont réunis à Regina les 25 et 26 avril pour le congrès annuel.

17 mai 2024/Auteur: Leanne Tremblay/Nombre de vues (8036)/Commentaires (0)/
Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Le 8 avril, la Cité universitaire francophone a célébré la quatrième édition du Gala annuel Méritas.

19 avril 2024/Auteur: Ghita Hanane/Nombre de vues (4424)/Commentaires (0)/
Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

L’annonce du budget provincial 2024-2025 en Saskatchewan déplaît à plus d’un Fransaskois

12 avril 2024/Auteur: Ghita Hanane – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (8949)/Commentaires (0)/
Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a publié son rapport annuel 2022-2023. L’occasion pour L’Eau vive de revenir sur les points saillants de cette période.

5 mars 2024/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (9452)/Commentaires (0)/
RSS
245678910Dernière

 - vendredi 28 mars 2025