Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere Nouveau système d'abonnement

Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones

Première cohorte du programme de sciences infirmières bilingue

Première cohorte du programme de sciences infirmières bilingue

Les sept étudiantes de la première cohorte du programme, offert conjointement par la Faculté de sciences infirmières de l’Université de Regina et Saskatchewan Polytechnic, en partenariat avec La Cité universitaire francophone.
Photo : Avec l’autorisation de l’Université de Regina
La période d’inscription à l'option bilingue du programme collaboratif en sciences infirmières de l'université de Regina est ouverte. Alors qu’une 2e cohorte de sept élèves a fait sa rentrée cet automne, plusieurs s’inquiètent de l’examen national que les étudiants devront passer à la fin de leurs études. Dans le contexte actuel, l’existence même de programmes bilingues devient paradoxale.

Les inscriptions pour la 3e cohorte du Baccalauréat collaboratif en sciences infirmières de la Saskatchewan (SCBScN) sont ouvertes depuis le 1er octobre. À l’automne 2020, sept nouveaux élèves rejoindront les rangs du programme. Au bout de leurs quatre ans d’études, ils devront passer le très redouté NCLEX (National Council Licensing Examination).

Le NCLEX fait trembler bien des candidats. Déjà dans sa version anglaise, le test informatisé en fait baver plus d’un. Si plus de 80 % d’entre eux réussissent malgré tout au niveau national, le taux de réussite tombe de façon vertigineuse à 30 % pour les candidats en français, selon le rapport du Conseil canadien des organismes de réglementation de la profession infirmière.

« La traduction de l’anglais est un cauchemar, dénonce Lily Crist, élève infirmière et présidente de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne. C’est une source d’échec et de stress pour les élèves infirmières », estime-t-elle. Traduction approximative, ambiguïté des questions, manque de matériel pédagogique en français… « C’est à s’en arracher les cheveux », témoigne l’étudiante. Le NCLEX accumule les défauts au point de devenir un fardeau pour les candidats.

Un vrai paradoxe

Sans surprise, les élèves francophones s’éloignent de la version française. En Ontario, par exemple, tous les finissants de 2016 du programme en français de l’École des sciences infirmières de l’Université Laurentienne ont privilégié la version anglaise. Une vraie ironie quand on sait à quel point il est difficile d’obtenir des programmes en français.

En Saskatchewan, une étude de faisabilité publiée en 2013 indiquait que la province aurait dû disposer de 150 infirmières francophones ou bilingues, contre 70 dans les faits. D’ici 2025, il en faudra plus de 200 selon cette même étude. « Il y a un besoin criant », rejoint Francine Proulx-Kenzle, agente de liaison du programme bilingue de La Cité universitaire de Regina.

Le programme a vu le jour à l’automne 2018 en accueillant la première cohorte de sept étudiants. Les places sont limitées, mais l’espoir est grand : « On vient combler un besoin dans la communauté francophone. Quand on voit nos étudiants du secondaire en écoles francophones et d’immersion, quand on voit tout ce potentiel, avoir un programme comme celui-là est très viable », croit l’agente.

Toutes les provinces ne disposent pas de tels programmes. Lily Crist, qui vit en Colombie-Britannique, n’a le choix que d’étudier en anglais. Au moins, de son côté, les ressources abondent. Car en français, « à part des profs bienveillants, il n’y a pas grand-chose », déplore-t-elle. Aussi, ceux qui étudient les sciences infirmières en français doivent bien souvent se résoudre à opter pour la langue de la majorité. D’autant plus que le test coûte 500 dollars aux étudiants et qu’il ne peut être tenté que trois fois.

La situation semble bien paradoxale. Les étudiants en programmes bilingues ou francophones peuvent s’estimer chanceux, mais du même temps se retrouvent désavantagés. « Pourquoi poursuivre une formation en français si, en fin de compte, tu dois passer un test très rigide en anglais ? », s’interroge Francis LaBossière, président du réseau Santé en français au Manitoba. D’après lui, ce paradoxe pourrait même dissuader de potentiels étudiants de se former en français.

Un problème qui dure

Les critiques ne datent pas d’hier. Le nouvel examen vient en fait tout droit des États-Unis et remplace depuis 2015 le test national conçu initialement au Canada. L’objectif est d’avoir ici un test standardisé, commun à l’Amérique du Nord. Mais depuis son entrée en vigueur, les protestations pleuvent.

La situation a été portée devant les tribunaux à plusieurs reprises au pays. Au Nouveau-Brunswick, une plainte de plusieurs étudiants a mené la commissaire aux langues officielles Katherine d’Entremont à condamner l’Association des infirmières et infirmiers de la province pour avoir manqué d’outils de préparation en français, estimant que la Loi sur les langues officielles avait ainsi été bafouée. En août 2019, une nouvelle plainte a été déposée.

Peu de mesures pour le moment

Le Consortium national de formation en santé (CNFS) dit être conscient des problèmes. Pour répondre à la crise, l’organisme a mis en place un outil en ligne hébergé sur la plateforme de l’Université Laurentienne. « Une solution partielle qui ne représente qu’une infime partie de ce qui est disponible en anglais », concède Lynn Brouillette, présidente-directrice générale de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), à laquelle appartient le CNFS. De nouveaux fonds de Santé Canada sont en attente pour mettre à jour l’outil.

« L’arrivée de l’examen NCLEX a freiné et même renversé les avancées qui ont été réalisées depuis 20 ans en ce qui a trait à la promotion des études postsecondaires en français », soulève Lynn Brouillette. Cette dernière considère même le dossier comme un exemple des barrières et embûches dans l’accès des communautés francophones en situation minoritaire à la santé en français.

Les inscriptions pour l’option bilingue du programme en sciences infirmières de l'université de Regina sont ouvertes jusqu’au 15 février pour la rentrée de septembre 2020. Avant que des mesures concrètes ne soient prises, les étudiants les plus téméraires devront se confronter au redoutable NCLEX version française au bout de leurs quatre ans d’études.

Article précédent Une communauté dévouée pour son école
Prochain article École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?
Imprimer
29365

Lucas PilleriLucas Pilleri

Autres messages par Lucas Pilleri
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Foire du Patrimoine à Mgr de Laval

Foire du Patrimoine à Mgr de Laval

Les élèves de la 4ème à la 7ème année de l'École Monseigneur de Laval ont tenu leur Foire du patrimoine.
24 mars 2016/Auteur: Alexandre Chartier (SHS)/Nombre de vues (32256)/Commentaires (0)/

L'École Beau Soleil et l'École Mathieu de Gravelbourg soulignent le Mois de l’histoire des Noirs

On retrouve plus d’une soixantaine de nationalités différentes en Saskatchewan.

24 mars 2016/Auteur: Michel Vézina (Collaboration avec ÉBS et ÉMG)/Nombre de vues (28061)/Commentaires (0)/
Mission de recrutement du Collège Mathieu à l'étranger

Mission de recrutement du Collège Mathieu à l'étranger

Le directeur du Collège, Francis Kasongo, dresse un bilan positif

La mission de recrutement international ciblait l’Afrique francophone de l’Ouest avec pour objectif essentiel, faire de la promotion et du recrutement d’étudiants francophones au Sénégal et au Cameroun, précisément à Dakar, Douala et Yaoundé.
16 mars 2016/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (29520)/Commentaires (0)/
Une étudiante de Regina lauréate du concours "Ma francophonie en 3 D"

Une étudiante de Regina lauréate du concours "Ma francophonie en 3 D"

Jessie Guraliuck de la Cité universitaire parmi les cinq gagnants au Canada

Jessie Guraliuck, étudiante au Bac en éducation à la Cité universitaire francophone de l'Université de Regina, a gagné une bourse de 1000 $ à l'issue du concours vidéo Ma francophonie en 3D

14 mars 2016/Auteur: Anonym/Nombre de vues (30518)/Commentaires (0)/
Le centre éducatif Trésors du Monde : entre défis et réussites

Le centre éducatif Trésors du Monde : entre défis et réussites

PRINCE ALBERT - Ouvert il y a 2 ans, le Centre de la petite enfance (CPE) Trésors du Monde connaît une activité croissante dans l’accueil des enfants âgés de 6 semaines à 5 ans.

10 mars 2016/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (32208)/Commentaires (0)/
L’université franco-ontarienne ira de l’avant

L’université franco-ontarienne ira de l’avant

La députée provinciale NPD, France Gélinas, avait déposé le projet de loi 104 en novembre 2015, adopté à l’unanimité par les trois partis. Pourtant, aucune action n’a été mise en place depuis par la première ministre Kathleen Wynne.
22 février 2016/Auteur: Laurence Stenvot (Le Métropolitain) /Nombre de vues (25751)/Commentaires (0)/
La grande aventure de la petite enfance

La grande aventure de la petite enfance

Le Collège Mathieu, un point de départ pour une carrière dans la petite enfance

Hind Rami, originaire du Maroc, s’est établie en Colombie-Britannique avant de s'installer en Saskatchewan il y douze ans.  Le projet d’Hind était de fonder deux centres de la petite enfance.

5 février 2016/Auteur: Anonym/Nombre de vues (22805)/Commentaires (0)/
Donald Michaud quitte la Direction de l’éducation du CÉF

Donald Michaud quitte la Direction de l’éducation du CÉF

Le Président du Conseil scolaire fransaskois (CSF), André Denis, a annoncé le 26 janvier que Donald Michaud quitte ses fonctions de Directeur de l’éducation au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) pour des raisons familiales et personnelles.

27 janvier 2016/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (30519)/Commentaires (0)/
Une fin de semaine de formation pour les artistes fransaskois

Une fin de semaine de formation pour les artistes fransaskois

Dix artistes on participé à Tremplin pro du Conseil culturel fransaskois

Ce sont dix artistes de la musique qui se sont réunis à Regina les 23 et 24 janvier 2016 afin de bénéficier de la formation Tremplin pro avec les intervenantes Nathalie Kleinschmit et Cécile Doo-Kingué.

25 janvier 2016/Auteur: Conseil culturel fransaskois/Nombre de vues (36997)/Commentaires (0)/
L'article 23 de la Charte canadienne toujours devant les tribunaux

L'article 23 de la Charte canadienne toujours devant les tribunaux

Au cours des dernières années, il y a eu beaucoup de discussions dans la communauté fransaskoise concernant les meilleurs moyens d’assurer une éducation de qualité pour les élèves des écoles du système fransaskois. Certains disent qu’il faut une approche positive et des négociations de bonne foi avec le gouvernement tandis que d’autres affirment que les défis requièrent des solutions fortes comme les recours judiciaires.

12 janvier 2016/Auteur: Wilfrid Denis/Nombre de vues (35016)/Commentaires (0)/
Les élèves francophones sensibilisés à l’intimidation à l’école

Les élèves francophones sensibilisés à l’intimidation à l’école

 

REGINA - Dans le cadre de la semaine sur la sensibilisation à l’intimidation à l’école, les élèves de l’école Monseigneur de Laval, à Regina, ont participé mercredi à un atelier interactif pour les informer des dangers du harcèlement en milieu scolaire et sur Internet.

 

 

 

27 novembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (42349)/Commentaires (0)/
Le CREPE de Prince Albert dévoile son nouveau visage

Le CREPE de Prince Albert dévoile son nouveau visage

PRINCE ALBERT - Le Centre de ressources éducatives à la petite enfance (CREPE) de Prince Albert vient de rouvrir ses portes après des travaux de réaménagement. Ce service, qui existe depuis plus de 30 ans, représente un outil majeur pour tous les établissements intervenant en français auprès de la petite enfance.

 

26 novembre 2015/Auteur: Sandra Hassan Farah (EV) /Nombre de vues (42473)/Commentaires (0)/
Prix Alpha Sask 2015

Prix Alpha Sask 2015

Anna Smith est la récipiendaire du prix Alpha Sask 2015. Ce prix, décerné par le Collège Mathieu, récompense un texte relatant l’expérience d’un individu qui apprend ou réapprend le français.

 

11 novembre 2015/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (31190)/Commentaires (0)/
Symposium des parents ou comment communiquer avec un enfant

Symposium des parents ou comment communiquer avec un enfant

Plus de 170 personnes ont participé à la 24e édition du Symposium des parents qui s’est déroulée à Saskatoon ce 24 octobre, au Pavillon Gustave Dubois. Fil conducteur de cette journée organisée par l’Association des parents fransaskois (AFP) : «meilleure communication, meilleures relations »


 

29 octobre 2015/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (27753)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu s'internationalise

Le Collège Mathieu s'internationalise

GRAVELBOURG -  Le Collège Mathieu, basé à Gravelbourg, a reçu la désignation du ministère provincial de l’Enseignement supérieur pour accueillir des étudiants étrangers. 

22 octobre 2015/Auteur: Émilie Dessureault-Paquette (EV)/Nombre de vues (28021)/Commentaires (0)/
RSS
Première1415161719212223Dernière

 - lundi 23 décembre 2024